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Philippe Condé, docteur en économie, spécialiste de la CEI, juin 2007.

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Quels sont les traits économiques spécifiques de la Moldavie ?

Dans le cadre de la spécialisation inter-républiques au sein de l’URSS, la Moldavie était considérée comme la « ferme de l’Union ».

Elle fournissait cette dernière en fruits, légumes et vin. Depuis l’effondrement de l’Union Soviétique, la Moldavie s’est trouvé isolée géographiquement et économiquement.

A l’Est, la Transnistrie, russophone et industrielle, a déclaré « l’indépendance » grâce au soutien de la Russie. A l’Ouest, les velléités d’union avec la Roumanie n’ont pas résisté aux réalités économiques héritées du système soviétique.

En 2007, la Moldavie, malgré la forte hausse du PIB depuis 2000, demeure le pays le plus pauvre d’Europe. L’économie est toujours dominée par le secteur agricole mais aussi, conséquence de l’exode de 25% de la population, par les envois de fonds des moldaves de l’étranger.

La transition économique n’a pas donné lieu à un développement industriel, les quelques usines soviétiques sont toutes situées en Transnistrie, région qui échappe au contrôle de Chisinau.

Enfin, le pays reste très vulnérable aux augmentations des prix de l’énergie décidées par Gazprom, son unique fournisseur.

Quel est le niveau de formation dans la zone post-soviétique aujourd’hui, ainsi qu’en Moldavie ?

Lors de la désintégration en 1992, les habitants de cette zone bénéficiaient d’un haut niveau d’éducation et de formation.

Mais la crise des années 1990 a conduit à une forte chute des budgets de l’éducation dans tous les Etats. Et, beaucoup de diplomés sont partis à l’étranger notamment en Europe occidentale et aux Etats-Unis. Une grande partie de la communauté scientifique a rejoint les laboratoires et les universités américains et canadiens.

Des ingénieurs russes et ukrainiens ont grandement contribué au développement de nouveaux produits chez Microsoft ou apporté leur expertise chez Boeing ou à la NASA.

Une autre partie de ces scientifiques (ou ingénieurs), tout en restant dans le pays, ont quitté leur secteur pour exercer des activités commerciales, plus rémunératrices.

La forte baisse du niveau de vie durant les années 1990 s’est aussi traduite par la chute de la scolarisation des enfants dans l’enseignement primaire et la hausse de l’échec scolaire, dans toute la CEI.

La selection à l’entrée des universités s’est transformée en une sélection économique. Il suffisait de payer pour obtenir l’examen d’entrée dans n’importe quelle institution universitaire (MGU, à Moscou, par exemple).

Tous ces facteurs ont eu pour conséquence une baisse sensible du niveau de formation dans tous les Etats de la CEI et particulièrement en Moldavie.

Quels vont être les secteurs les plus dynamiques dans la région ?

Le principal atout de la région réside dans sa forte dotation en énergie et matières premières. L’énergie (pétrole et gaz) et les métaux (acier, aluminium, nickel, fer…) ont permis à la Russie et à l’ensemble de la zone de sortir de la crise depuis 2000.

Les revenus engendrés par la hausse des matières premières et de l’énergie ont permis la constitution de géants mondiaux : Gazprom, Rosneft, Lukoil (gaz et petrole) ; Norilsk (nickel, cobalt, palladium…) ; Rusal (aluminium).

En dehors des matières premières, on constate une forte croissance du secteur des télécoms et des technologies de l’information.

La Russie a exporté pour 1.8 milliards de dollars de services informatiques en 2006 contre 970 millions en 2005. Et, le pays prévoit d’exporter pour 15 milliards en 2011.

L’implantation de la plupart des constructeurs automobiles mondiaux en Russie va aussi permettre de développer ce secteur et restructurer les producteurs originaires de la CEI.

Il faudra aussi compter sur le secteur aéronautique et spatial qui est en pleine transformation dans l’ensemble de la zone .

Au niveau aéronautique, le lancement de l’avion régional superjet-100, de Sukhoi, en coopération avec des partenaires occidentaux va permettre de redémarrer une production en série d’avions civils, sur le sol russe en 2009.

Au niveau spatial (production de lanceurs, mise en orbite de satellites), la coopération s’approfondit entre la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan mais aussi entre ces pays et les Etats-Unis et l’Europe.

Enfin, le secteur militaire continuera d’attirer une part significative d’investissements en recherche et développement. Selon le Pentagone, MIG et Sukhoi feront toujours partie des cing grands constructeurs mondiaux d’avions de combat, à l’horizon 2020.

Philippe Condé

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