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« Le foyer familial » refait après l’enfance vécue en Sibérie

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En plein centre de la Moldavie, dans le village de Palanca, il y a une attraction touristique qui constitue tout un univers de la vie traditionnelle moldave – le musée « Le foyer familial ».

Tatiana Popa

Ce musée existe grâce à Tatiana Popa, une dame de 82 ans dont la famille a connu le calvaire des déportations soviétiques et qui a reconstruit la maison de ses parents pour tenir la promesse qu’elle leur avait faite et garder leur mémoire vivante.

En 1945, quand Tatiana n’avait que trois ans, sa famille a été déportée en Sibérie. Ils ont vécu dans le goulag pendant dix ans, une période de sa vie dont Tatiana garde des souvenirs terrifiants. En 1955, lorsque les Popa sont revenus en Moldavie, ils n’avaient toujours pas le droit de vivre dans leur propre maison.

« Après la Sibérie, nous avons été déportés à travers la Moldavie le long de plusieurs années, se souvient Tatiana Popa. Nous n’avions pas le droit d’habiter plus de deux ans dans le même endroit. Probablement, ils avaient peur que mon père n’organise une révolte. Nous changions de maison tous les deux ans – nous avons habité Orhei, Rezina, Nisporeni… ».

Après 13 ans de « déportations à travers le pays », les parents de Tatiana ont finalement pu rentrer à Palanca, sans toutefois pouvoir revenir dans leur maison qui avait été utilisée comme le siège de l’organe local du NKVD, puis de la mairie et de l’administration du kolkhoze.

La famille a acheté une petite maison au centre du village, mais Tatiana a promis à ses parents de récupérer leur maison et, après la réhabilitation en 1999 des victimes des déportations, Tatiana Popa l’a récupérée et s’est tout de suite mise à créer le musée « Casa părintească » (« Le foyer familial »). Elle a fait de son mieux pour recréer tout ce dont elle se souvenait avoir vu dans leur maison avant la déportation et a éliminé tout ce qui lui rappelait le régime soviétique. Le musée a ouvert ses portes en 2000.

Le grand portail en bois, les murs enduits à la chaux, les colonnes en bois et à l’intérieur – des objets paysans traditionnels donnent l’impression que le temps s’est arrêté ici.

Casa Mare

Dans Casa Mare, on retrouve des costumes traditionnels, des serviettes et des tapis tissés par la mère de Tatiana, des photos représentant ses parents, un tas d’oreillers décoratifs, un coffre - tout très bien conservé et vénéré.

« Casa Mare c’est l’« autel » d’une maison paysanne où sont conservés les objets les plus importants et les plus précieux et où se passent les événements les plus importants dans la vie d’une famille. C’est la pièce sacrée de la maison paysanne », raconte Tatiana.

Le tapis aux fleurs de lilas

Elle est très fière de posséder des objets très anciens qui ont appartenu à ses ascendants - des rideaux cousus par sa mère, qui est d’ailleurs née dans cette maison en 1912, l’horloge de ses grands-parents portant l’inscription - Paris, 1870, une table confectionnée par son père, beaucoup de photos de famille et toute une collection de tapis. Le plus ancien date de 1907, d’autres - de 1910, 1913, 1914, 1929, 1940, chacun ayant une histoire intéressante que Tatiana Popa peut sans doute raconter.

La chambre des parents

Dans une petite pièce, Tatiana Popa a essayé de recréer la chambre de ses parents. «  C’est la pièce qui m’est la plus chère, avoue-t-elle. Cette armoire en bois de noyer est faite par papa, comme ce lit qui a environ cent ans. J’ai trouvé des parties du lit chez un villageois qui n’en avait plus besoin, mais il ne voulait pas me les donner et j’ai dû les racheter. La machine à coudre Singer de ma grand-mère est de 1870 et elle est toujours fonctionnelle. Ce tapis tissé par ma mère en 1929 s’appelle « brin de lilas ». Il est d’une beauté inhabituelle et a des couleurs et un contenu inhabituels  ».

Pour perpétuer les occupations traditionnelles des Moldaves, Tatiana a créé un atelier d’artisanat. Dans l’arrière-cour, elle a fait construire une maisonnette dans un arbre ; ceci – un tribut rendu à son enfance dont elle a été privée à cause de la déportation en Sibérie.

Les déportations étaient une forme de répression politique appliquée par les autorités soviétiques. La première vague de déportations des Moldaves a commencé dans la nuit du 12 au 13 juin 1941 (à 2h30). Plus de 6 250 personnes ont été arrêtées et environ 26 173 personnes - déportées. Privés de leurs propriétés et de plusieurs années de vie, les déportés ont pu revenir dans leur patrie après la mort de Staline. Certains se sont battus pendant des années pour retrouver leurs propriétés, tandis que d’autres le font toujours, dans l’espoir de récupérer leurs droits de propriété.

D’après un article de Marina GORBATOVSCHI publié sur https://www.zdg.md/reporter-special/reportaje/video-a-reconstituit-casa-parinteasca-dupa-10-ani-furati-de-siberia-si-13-ani-de-deportari-prin-tara-acest-cuib-parintesc-trebuie-sa-existe-in-sufletul-fiecarui-om/

Le 19 juin 2023

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