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La Gagaouzie et les Gagaouzes : portrait d’une minorité turcophone

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La Gagaouzie (ou Gagaouz-Yeri) est une région autonome de Moldavie, située près de la frontière sud de l’Ukraine et de la Roumanie. Son nom exotique ne manque pas d’attirer l’attention du public francophone.

Histoire de la Gagaouzie

Carte de la Gagaouzie

Les Gagaouzes viennent probablement d’un territoire situé entre la mer d’Aral et la mer Caspienne. On ne sait pas avec précision à quelle date ils se sont convertis de l’Islam à la religion Orthodoxe, mais on sait que le terme de Gagaouze, lui, apparaît au début du XIXe siècle.

Les Gagaouzes s’installent en Bessarabie en 1812, après l’annexion russe. Il y a un changement territorial en 1856, après la guerre de Crimée qui voit la défaite russe, au profit de la Roumanie. La Gagaouzie fait donc partie de la Roumanie lorsque celle-ci est créée officiellement en 1859. Elle revient à la Russie au Congrès de Berlin en 1878, avant de connaître le retour de la Bessarabie en Roumanie en 1918.

Staline reprend les lieux en 1940, et envoie des milliers de Gagaouzes dans des camps de travail après-guerre, tandis que le territoire des Gagaouzes est divisé entre les Républiques d’Ukraine et de Moldavie suite au redécoupage électoral. La grande famine de 1946-1947 voit la moitié de la population gagaouze disparaître.

Les Gagaouzes perçoivent la loi sur la langue de 1989 comme discriminatoire à leur égard. C’est ainsi que l’année suivante voit la proclamation d’une République indépendante de Gagaouzie : l’indépendance de la Moldavie, et surtout la réunification avec la Roumanie, sont globalement perçues de manière négative par cette population, en particulier à cause de la propagande soviétique et des souvenirs de la Seconde Guerre mondiale.

En 1994, les autorités centrales et les élites locales font de la Gagaouzie une région autonome de Moldavie. Le conflit ethnopolitique est donc réglé, d’autant que l’année suivante l’Assemblée de Gagaouzie est mise en place. En cas de réunification entre la Moldavie et la Roumanie, la Gagaouzie pourrait se prononcer sur son indépendance. La Turquie, très présente dans la région, a joué ici un rôle apaisant.

Siège du gouvernement de la Gagaouzie à Comrat

Une région autonome

Emblême de la Gagaouzie

Le Gagauz-Yeri (littéralement le « lieu gagaouze ») est une unité administrative qui occupe aujourd’hui une superficie de 1831 km², c’est-à-dire 5,4 % de celle de la république de Moldavie (33 400 km²). C’est un territoire morcelé, réparti en au moins cinq districts et 31 villages situés entre l’Ukraine et la Roumanie, au sud du pays.

Le drapeau gagaouze

Le gouvernement autonome n’est pas dépourvu de pouvoir. En effet, il a sous sa juridiction des domaines comme les sciences, la culture, l’éducation, les services communs de proximité, les services de santé, les services sociaux, les activités économique locales (budgétaires, financières et fiscales) et l’environnement.

La police de Gagaouzie, une compétence locale

Les Gagaouzes : un peuple turcophone

Ce peuple parle en principe le gagaouze, une langue turque de la famille altaïque transcrite auparavant avec l’alphabet cyrillique, mais aujourd’hui avec l’alphabet latin (comme pour le moldave). Cette langue est partout en voie d’extinction, sauf en Moldavie où 89 % des Gagaouzes parlent le gagaouze comme langue maternelle. A noter que le gagaouze comprend de nombreux emprunts aux langues slaves.

Cette population turcophone, largement russifiée, est ethniquement et culturellement distincte des Moldaves. Les Gagaouzes forment un peuple d’environ 198.000 personnes. Ce peuple est réparti entre plusieurs pays (Moldavie, Bulgarie, Roumanie, Ukraine, Kazakhstan, Turquie et Russie), mais la grande majorité des Gagaouzes réside en Moldavie, avec 172.500 personnes, soit 87% de la population gagaouze totale, et se trouve à un degré moindre en Bulgarie (12.000 personnes).

La Gagaouzie compte 172.500 habitants, dont 78,7 % de Gagaouzes, 5,5% de Bulgares, 5,4% de Moldaves roumanophones, 5% de Russes, 4% d’Ukrainiens, 1,3% de Tsiganes et diverses autres petites nationalités. On trouve des Gagaouzes dans la plupart des grandes villes de Moldavie : Chisinau, Basarabeasca, Tiraspol, Tighina, Cahul, Burlaceni, Taraclia, etc.

Les années de la Perestroïka, et plus encore de l’indépendance, voient un renouveau de la culture et de la langue gagaouzes. Ainsi, Comrat a sa propre université, en partie grâce à une aide de la Turquie, et il existe une presse gagaouze (Ana Sozu, Gagvuz Sesi). Quant à l’économie, elle reste trop étroitement agricole pour donner à la région un rôle moteur en Moldavie.

Tenues traditionnelles gagaouzes

Florent Parmentier, analyste-politique pour Moldavie.fr

Pour en savoir plus : http://www.ozturkler.com/data_english/0007/0007_17.htm

http://cemoti.revues.org/document121.html

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