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Silvia Zaharia, la volontaire qui rêve d’une Moldavie où les gens souhaiteraient vivre

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Silvia Zaharia, originaire de la ville moldave de Nisporeni, a été désignée par l’UNICEF la meilleure volontaire de l’année 2014.

Maintenant, elle habite en Italie et elle est très connue par la diaspora grâce à son implication active dans divers projets destinés aux enfants souffrants qui ont besoin de divers types de prothèses, ainsi qu’aux malades de cancer et d’autres maladies graves. Silvia Zaharia a une impressionnante histoire de vie, avec des hauts et des bas, qui l’a rendue plus forte et l’a déterminée à se consacrer à une cause noble.

Silvia Zaharia

La voici, son histoire :

« Au printemps de l’an 1999, « la coupe était pleine » - on ne payait pas les salaires pendant des mois, les magasins étaient vides, il fallait faire la queue pour acheter un morceau de viande. Mais c’était surtout l’argent qui me manquait, car mon fils faisait ses études à Constanta et, quand il rentrait, il fallait que je lui donne à manger et de l’argent de poche. Dans cette situation pénible, j’ai pris un jour la décision de PARTIR ! Mon mari était contre et il espérait que je n’arriverais pas à obtenir mon visa, puis il espérait que je me raviserais avant de prendre le bus, et après cela il a espéré que je l’appellerais quand je serais à la frontière pour lui dire que je rentrais … Mais, cela n’est pas arrivé – j’étais trop déterminée à me débarrasser de la pauvreté et à assurer un avenir à mes enfants.

Je suis partie pour Kiev pour demander un visa touristique à l’Ambassade des Pays Bas. J’avais invoqué comme motif de la visite mon intention d’acheter des bulbes de tulipes pour lancer ensuite une affaire en Moldavie, mais, en fait, je suis arrivée un matin, ensemble avec ma voisine, en Italie, à Milan.

J’ai à peine trouvé la gare d’où j’ai pris le train pour Padoue où une Moldave nous attendait et nous a conduites à un centre de placement pour les clandestins où il était insupportable de rester. J’ai alors décidé d’aller à Lido di Venezia où travaillaient deux anciennes collègues. Elles m’ont accueillie et c’est ainsi qu’a commencé ma vie à Venise, où j’ai connu des gens d’une bonhomie rare qui m’ont aidée sans condition.

Je me suis rapidement intégrée dans la société de Venise. J’ai assez vite appris la langue italienne, car c’était une nécessité vitale et mon succès dépendait directement de la maîtrise de la langue. Cinq mois plus tard, mon mari m’a rejointe. Je travaillais dans une famille qui ne me permettait pas de l’accueillir. Il ne me restait alors qu’à le loger en cachette - je le faisais entrer dans la maison quand la nuit tombait et il partait tôt le matin, avant que les maîtres de maison se soient réveillés.

Puis, j’ai reçu une invitation à travailler en tant qu’infirmière dans une maison de retraite. Pour obtenir cet emploi, j’ai dû rentrer dans mon pays, puis aller à Budapest demander un visa de travail en Italie. Et voilà qu’après 10 mois j’ai revu mes enfants – ils avaient changé, grandi et mûri…

Je suis revenue en Italie avec un visa qui m’a donné le droit d’obtenir le très convoité « permesso di soggiorno » (permis de séjour). L’automne de l’année suivante, nos enfants nous ont rejoints – l’un avait fini le lycée et l’autre était diplômé de l’Université Ovidius de Constanta, en Roumanie. La réunification familiale fut la plus grande joie ! Nous avons loué un appartement et, malgré les nombreux problèmes, tout était redevenu normal, car nous étions à nouveau tous ensemble. Ce furent les plus belles années en Italie. Puis l’aîné s’est marié et, 5 ans plus tard, il est revenu en Moldavie avec sa femme. Le plus jeune a vécu avec nous un certain temps, mais après avoir fini l’Université et travaillé pendant quelques années, lui-aussi, il est rentré en Moldavie. C’est déjà notre tour, à moi et à mon mari, de revenir dans la patrie, rejoindre nos enfants … »

Selon Silvia Zaharia, la migration a des avantages et bien sûr des inconvénients.

« C’est dur, parce qu’on est loin de ses proches, des collègues près desquels on a travaillé de longues années, on n’entend pas sa langue maternelle, etc. Dans un pays étranger, on reste des étrangers. En même temps, nous avons pu beaucoup apprendre aux Italiens.

En Italie, si on a des papiers en règle, on est protégé par l’État tant du point de vue social, qu’en termes de santé. L’Italie est un très beau pays qui a des montagnes et des mers, des villes à l’architecture originale, une histoire et une culture spéciale, un peuple très artistique qui a donné à l’humanité de grands peintres et sculpteurs. Mais pourtant, dans la profondeur de ton cœur, tu penses à ta patrie, à ta maison, aux traditions ancestrales…

En plus du travail quotidien, je pratique le volontariat depuis environ 10 ans. J’essaye de rendre plus facile la vie de ceux qui souffrent. Je me préoccupe surtout des enfants, y compris des orphelins, qui, pour une certaine raison, sont restés sans leurs bras ou jambes. Ils sont tellement innocents et souffrants, et cela fait tellement mal de les voir souffrir …

Tout a commencé avec l’histoire de Ștefănel Roșca, un enfant qui a voulu sauver une cigogne embrouillée dans des fils électriques, mais qui est devenu victime lui-même, restant sans ses jambes. Je l’ai retrouvé souffrant dans une unité de soins intensifs, en Moldavie, accablé par la douleur. Son cas a été un catalyseur pour ma future activité caritative. Je me suis promis de l’aider et je l’ai fait. Ștefănel a deux fois bénéficié de prothèses en Italie. Après la diffusion à la télé moldave d’un reportage sur son histoire, j’ai reçu de nombreuses demandes d’aide. Nous ne pouvions refuser à personne. Après Ștefănel, 35 autres enfants de Moldavie et de Roumanie ont bénéficié de prothèses gratuites. Puis, on m’a demandé de l’aide pour des cas de transplantation d’organes, de cancer, d’hépatite et c’est ainsi que j’ai fondé l’Association de charité « AO ABC - acorduri, binefacere, cooperare » en août 2014.

Jusqu’à présent, nous avons obtenu des prothèses pour 35 enfants, aidé 17 femmes atteintes de formes sévères du cancer du sein, effectué une greffe de rein chez un enfant de 3 ans, une greffe de foie, une greffe de bras et beaucoup d’autres interventions. Je collabore avec beaucoup d’associations de Moldaves, avec des associations humanitaires, des hôpitaux, avec l’ambassade et les consulats de Moldavie en Italie. J’espère avoir de la santé et de la force pour continuer à aider en particulier les enfants handicapés qui se sentent différents de leurs semblables. Nous souhaitons continuer à aider les familles vulnérables, à équiper les hôpitaux des équipements nécessaires. Ensemble avec Ludmila Furtuna, présidente de l’Association « Renaștere » de Parme, nous avons fourni un appareil de laparoscopie à l’hôpital de Ungheni et une ambulance - à celui de Nisporeni, nous avons aidé des orphelinats et des foyers d’accueil.

Un autre projet sur lequel je travaille actuellement vise à mettre en place un point de distribution gratuite des perruques aux femmes soumises à la chimiothérapie à l’hôpital oncologique de Chisinau. Il s’agit d’environ 2 000 femmes par an.

En 2014, l’UNICEF m’a décerné la distinction « Le meilleur volontaire de l’année » lors d’un événement organisé à Chișinău à l’occasion du 25e anniversaire depuis l’adoption par l’ONU de la Convention relative aux droits de l’enfant.

Je rêve de revenir dans ma patrie et de retrouver un pays où l’on peut mener une vie décente, un pays sans corruption, un pays où les personnes âgées n’endurent pas la faim et le froid, un pays avec des hôpitaux où les gens ne soient pas traités en fonction de l’argent qu’ils ont dans la poche. Je rêve d’une Moldavie où les gens souhaiteraient vivre ».

D’après un article publié sur https://elenarobu.md/moldoveanca-din-diaspora-desemnata-de-unicef-cel-mai-bun-voluntar-al-anului/

Le 20 février 2018

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