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Le conflit transnistrien : origines et évolutions

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Le problème de la Transnistrie découle directement de la création par l’URSS, en 1940, d’une entité hybride, la République soviétique socialiste moldave (RSSM). Celle-ci fut constituée à partir de l’union artificielle entre la Bessarabie - qui venait d’être prise par l’Union soviétique à la Roumanie et amputée d’un quart de son territoire - et la Transnistrie - qui représentait 60 % de la « République autonome socialiste soviétique de Moldavie » (RASSM).

La Transnistrie, favorisée par le pouvoir soviétique

Transnistrie

Le pouvoir central a constamment favorisé la Transnistrie, considérée comme étant plus sûre que la Bessarabie compte tenu de son passé de « noyau » de la construction du socialisme en Moldavie. Cette région a constitué une pépinière des cadres du Parti communiste de Moldavie, non seulement aux débuts de la RSSM. 

C’est de Transnistrie que provenaient les principaux responsables du parti et de l’Etat en Moldavie. Entre 1940 et 1989, aucun premier secrétaire du PC de Moldavie n’a été originaire de Bessarabie : cinq provenaient d’Ukraine, deux de Transnistrie et un de Russie (il s’agissait de Leonid Brejnev, qui administra la RSSM de 1950 à 1952). De tous les partis communistes des quinze républiques soviétiques, le PC de Moldavie était celui au sein duquel l’ethnie majoritaire était la moins représentée.

La Transnistrie a également été la région de la Moldavie où le pouvoir soviétique avait concentré ses efforts de modernisation et d’industrialisation. C’est là que furent installés l’ensemble de l’industrie lourde et l’essentiel du secteur énergétique de la RSSM, tandis que la Bessarabie est restée une province agricole avec une industrie centrée sur l’agro-alimentaire.

Un complexe militaro-industriel développé

Le développement en Transnistrie des centres urbains et d’une série d’entreprises constamment modernisées (car elles faisaient partie du complexe militaire-industriel de l’URSS) avait entraîné une importante immigration d’ouvriers qualifiés ukrainiens et, surtout, russes.

Enfin, la Transnistrie avait été choisie pour servir de base à la XIVe armée. Elle fut, donc, dotée d’importants stocks d’armes et de munitions. La région abritait un contingent militaire abondant. En outre, son climat clément avait fait de la Transnistrie l’un des endroits privilégiés pour les retraités de l’armée.

Une région très soviétisée

L’emblême de la Transnistrie

Par la conjonction de ces faits, la Transnistrie était devenue l’une des régions les plus soviétisées de l’URSS, beaucoup plus liée au pouvoir central qu’à la RSSM dont elle dépendait administrativement.

Les élites politiques, économiques et militaires, qui devaient tout au système, pouvaient s’y appuyer sur des couches assez larges de la population qui, grâce au statut spécial de la région, bénéficiaient de conditions de vie meilleures qu’ailleurs. Face aux progrès de la perestroïka, se sachant menacées de perdre le contrôle politique et économique de la RSSM, elles se sont repliées sur leur fief de Transnistrie où elles étaient épaulées par les structures locales du parti et de l’administration et aussi par les entreprises.



Une crise complexe…

Voilà les facteurs qui ont une large part de responsabilité dans le déclenchement du conflit transnistrien : d’une part, la concentartion forte de la population slave dans cette région du pays - 60 % de russophones (Ukrainiens et Russes) et 40 % de roumainophones ; d’autre part, le rejet d’un pouvoir central dominé par les roumanophones et, plus encore, la prétendue perspective d’une réunification de la Moldavie avec la Roumanie, évoquée au début des années 1990, et enfin, l’appui donné par la Russie aux prétentions irrédentistes.

Au prétexte de défendre les droits des minorités russophones, les autorités de Tiraspol ont préparé la sécession de la région. De fait, celle-ci est mise en œuvre dès août 1989 : l’autonomie de la Transnistrie est déclarée en septembre 1990 et son indépendance en décembre 1991. Cette indépendance autoproclamée de la république moldave transnistrienne ne reposait sur aucun fondement légal.

Selon la Constitution de l’URSS, seules les quinze républiques soviétiques avaient le droit à la souveraineté, à l’autodétermination, voire à l’indépendance (droits qu’elles ont toutes fait valoir en 1991).

Un conflit sanglant…

Ajoutons qu’un conflit sanglant a opposé les sécessionnistes aux troupes moldaves, qui a connu son paroxysme pendant le printemps et l’été 1992 et dont l’issue a été décidée par l’intervention armée d’une puissance étrangère, la Fédération de Russie. Le conflit s’est soldé par un bilan particulièrement lourd - 500 morts et 2 000 blessés.

Drapeau de la Transnistrie

La XIVe armée russe (ex-soviétique) a armé les « gardes du Dniestr » et les a directement aidés à plusieurs moments difficiles. Grâce à son soutien, la république fantôme a pu s’emparer de la ville de Bender (Tighina) sur la rive droite du Nistru. Mais, face à la communauté internationale, la Russie pouvait difficilement aller plus loin. Le nouveau commandant de la XIVe armée, le général Alexandre Lebed, nommé en juin 1992, finit par imposer un cessez-le-feu aux belligérants : l’accord fut signé le 21 juillet à Moscou par les présidents Boris Eltsine et Mircea Snegur. Il était question d’attribuer un " statut spécial " à la Transnistrie lors des négociations à venir. Depuis cette date, la situation n’a pas réellement évolué, ni dans le sens désiré par la République de Moldavie, ni selon les critères du droit international.

Le rôle trouble de certaines élites à Moscou

Quant à la Fédération de Russie, elle a obtenu une position qui lui permet de jouer un double-jeu dans la crise de Transnistrie : celui d’acteur et celui d’arbitre. La XIVe armée - transformée en 1994 en Groupe opérationnel des forces russes (GOFR) - est toujours sur place.

Un nombre important d’officiers, de sous-officiers et de soldats sont passés dans les forces militaires et paramilitaires de la Transnistrie. D’autres, démobilisés, ont choisi de s’installer en Transnistrie en grossissant le nombre de citoyens russes.

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