Publicité Votre publicité ici !

Une jeune artiste a transformé la maison de ses grands-parents en musée

0 vote

Alors que beaucoup de jeunes moldaves rêvent d’un emploi bien payé à l’étranger ou d’une bourse d’études qui leur ouvrirait plus de perspectives d’avenir, Natalia Bzovâi, une jeune plasticienne de la ville moldave d’Ungheni, a décidé de transformer en musée la maison de ses arrière-grands-parents, Anastasia et Pantelimon, héritée par ses grands-parents, Maria et Vasile.

Natalia a 20 ans et elle garde ce projet dans sa tête depuis l’âge de 16 ans. L’idée lui est venue après avoir entendu sa grand-mère, Maria, se plaindre que la maison où elle avait grandi était triste et déserte. Peu avant, Natalia avait visité le Musée du Village de Sibiu, le plus beau musée en plein air de Roumanie. Elle a été très impressionnée par la propreté et la tranquillité de ces endroits-là et elle a décidé de transformer la maison de ses grands-parents en un endroit similaire, où elle pourrait préserver des objets traditionnels anciens et des souvenirs de la famille.

Une maison où six enfants ont survécu pendant la famine de 1946-1947

Dans la cour de la maison de père Pantelimon, son arrière-grand-père, il y a un endroit où les maîtres de la maison avaient enterré, avant la famine de 1946-47, quelques sacs aux grains pour les cacher aux soldats soviétiques qui fouillaient et emportaient tous ce qu’ils trouvaient dans les greniers des paysans.

« Mon arrière-grand-mère a eu six enfants, dont ma grand-mère Maria, aujourd’hui âgée de 74 ans. C’est justement les sacs aux grains cachés qui les ont aidés à survivre pendant la famine. Ma grand-mère me racontait que ce furent les années les plus difficiles de sa vie : à cause de la faim, on marchait à peine… On voyait partout des gens au ventre gonflés de faim. Certains succombaient lorsqu’ils marchaient. Son pire souvenir est celui d’une voisine qui a sacrifié un de ses enfants pour sauver les autres… Ce fut une période vraiment tragique. Cette page de l’histoire de notre famille me fait trouver cet endroit encore plus cher », raconte Natalia.

Un projet réalisé ensemble avec la grand-mère

Dès l’âge de 16 ans, Natalia a commencé à restaurer la maison afin de lui redonner son aspect de jadis. Elle a enduit les murs et le plafond d’argile avec de pailles. Sa grand-mère, Maria, très enthousiaste de l’idée de Natalia, l’a aidée dans tout ce qu’elle a fait. Ensemble, elles ont blanchi la maison à la chaux et y ont rangé les objets, dont une boîte de dot héritée de l’arrière-grand-mère, Anastasia.

Pendant trois ans, Natalia a collecté des objets anciens auprès de ses proches, mais aussi des personnes moins connues des villages voisins : des serviettes et des tapis traditionnels, de la céramique, des lampes, de vieux outils agricoles, des costumes traditionnels de mariés, des robes de mariées, des blouses traditionnelles, de vieux livres et des icônes peintes en bois (l’une des icônes date de 1860). Une pièce très intéressante est une paire de sabots en bois pour enfants qu’elle a achetés à un vieil homme.

Pas de ciment, ni d’autres matériaux de construction modernes ont été utilisés dans les travaux de rénovation. Natalia a l’intention de remplacer le toit en ardoise par un toit en roseau, mais cela demande beaucoup de moyens financiers et elle est à la recherche de potentielles sources. Certains objets extérieurs ont été peints de manière stylisée pour donner à la cour un aspect plus attrayant. D’ailleurs, Natalia est diplômée du Lycée Académique de Beaux-Arts « Igor Vieru ». Elle reconnaît que cette maison constitue une projection de ses rêves d’enfance – avoir une maison comme dans les contes de fées.

La maison des grands-parents – ouverte pour les visiteurs

Après trois ans de travail, Natalia Bzovâi a ouvert la maison-musée pour les visiteurs.

« Des professeurs d’histoire viennent avec des groupes d’élèves, des bibliothécaires aussi. Des enfants vivant à proximité y viennent simplement pour jouer dans la cour. Nous avons aussi eu l’honneur de recevoir des visiteurs d’autres pays - des Émirats Arabes, de France. Grand-mère Maria est très heureuse de voir la vie bouillonner dans la cour de sa maison », raconte Natalia.

Intéressée par la restauration des maisons anciennes

Natalia Bzovâi a été enrôlée à l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu, Faculté de Sciences socio-humaines. Elle souhaite se spécialiser dans le domaine de la préservation du patrimoine culturel.

Pendant l’absence de Natalia, sa grand-mère et ses parents vont s’occuper de la maison. En fait, tout au début, ses parents étaient assez réticents à accepter les idées de Natalia, car ils croyaient que c’était inutile d’investir dans cette maison ancienne, mais ils ont changé d’avis.

Natalia souhaite pouvoir acheter quelques maisons anciennes afin de les restaurer et les transformer en musées : « Il y a beaucoup de belles maisons anciennes, qui, malheureusement, risquent de ses perdre, n’étant pas entretenues. Il y a beaucoup d’objets intéressants qui disparaissent, bien qu’ils portent l’empreinte de notre histoire. J’aimerais aussi que la maison de mon arrière-grand-père Pantelimon soit incluse dans un circuit touristique. Pour cela, la maison doit obtenir le statut de musée ».

Natalia a décoré la cave dans un style rustique et elle va transformer une maisonnette construite dans la cour en atelier de peinture. « Je pense que la vie à la campagne me définit. J’aime vraiment ce que je fais. J’espère gagner de l’expérience qui m’aidera à développer et à rendre encore plus intéressant ce projet qui nous relie aux traditions et à la nature », a mentionnée la jeune artiste.

D’après un article de Svetlana Corobceanu publié sur https://gazetadechisinau.md/2021/08/20/o-tanara-din-ungheni-a-transformat-casa-bunicilor-in-muzeu/

Le 21 août 2021

Revenir en haut
Soutenir par un don