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Le Parti des Communistes de Moldavie et les médias

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Cet article qui est adapté d’après une étude publiée en septembre 2014 dans Studia Universitatis/Studia Europaea, revue scientifique de l’Université Babes-Bolyai de Cluj-Napoca, en Roumanie, constitue la deuxième partie d’une ample analyse des évolutions récentes des mass-média moldaves.

Vincent Henry

L’auteur de l’article, Vincent Henry, est doctorant en sciences politiques à l’Université Paris-Est. Diplômé de l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques (Paris), il est aujourd’hui chargé de mission auprès de l’Institut Français de Roumanie. Il a mené l’essentiel de sa carrière professionnelle en Europe centrale et orientale, ayant successivement travaillé pour les services culturels de l’Ambassade de France en Bulgarie, en Moldavie, puis en Roumanie, avant d’intégrer le Bureau Europe centrale et orientale de l’Agence universitaire de la Francophonie où il a été conseiller pédagogique, puis directeur des programmes. Il est correspondant régulier pour la revue en ligne “Regard sur l’Est”.

Partie II : 2001-2009. Le Parti des Communistes de Moldavie et les médias

Lire la première partie

Les années 90 voient la mise en place d’un paysage médiatique contrasté et finalement assez diversifié. Les timides velléités d’indépendance vont cependant être rapidement freinées dans la décennie suivante. En 2001, lassés d’une situation économique et sociale désastreuse et de l’équipe gouvernementale en place conduite par Petru Lucinschi, les électeurs portent au pouvoir le Parti Communiste de la République de Moldavie (PCRM) avec à sa tête, Vladimir Voronine qui devient Président de la République.

L’arrivée d’un PCRM alors ouvertement favorable à la Russie constitua un vif motif d’inquiétude chez les partenaires occidentaux du pays, en Roumanie et chez les partisans d’un rapprochement avec la Roumanie et avec l’Europe. Vladimir Voronine et son gouvernement ne feront, dans leurs premières années de pouvoir, rien pour calmer leurs craintes. L’influence qu’exercera le pouvoir communiste sur les médias sera l’origine des critiques les plus virulentes qui lui seront adressées. Dès son arrivée au pouvoir, le PCRM s’attelle à un contrôle sévère de la télévision et de la radio nationale. Plus d’un tiers des journalistes de la télévision moldave sont remerciés dès les premiers mois du règne de Voronine. La radio et la télévision d’Etat (Téléradio Moldova) est un enjeu majeur dans ce pays où en 2000, les 3/4 de la population n’ont accès qu’à la seule chaîne de télévision publique, Moldova 1. Une grève des journalistes de Téléradio Moldova (TRM) provoquera une réaction du Conseil de l’Europe dont l’Assemblée parlementaire demandera la fin du contrôle politique sur la chaîne publique et la privatisation de cette dernière .

En dépit des garanties concédées aux partenaires occidentaux, TRM subit une sévère reprise en main et devient peu ou prou le porte-parole officiel du gouvernement.

Les autres médias subissent également des pressions particulièrement fortes dans les moments où le régime est contesté comme lors des manifestations de 2003 contre le projet de loi sur le statut de la langue russe ou avant les échéances électorales (législatives de 2005 et de 2009).

Le gouvernement Voronine va ainsi interdire la reprise sur le territoire moldave des émissions de la télévision roumaine (TVR) accusée de porter atteinte à l’intégrité de l’Etat. En 2004, il fera également brièvement fermer deux chaînes de télévision locale Antena C et Europa TV, proches du principal opposant du moment, Serafim Urecheanu, alors maire de Chişinaŭ.

Sur le front de la presse écrite, le PCRM a la pleine main sur le journal traditionnellement proche du pouvoir, Moldova Suverana, dont les éditorialistes défendent avec enthousiasme les faits et gestes du gouvernement et dénigrent violemment ses opposants.

Les journaux d’opposition se montrent tout aussi virulents, mais subissent de nombreuses tracasseries judiciaires. En 2002, l’hebdomadaire à scandale Accente est tout simplement interdit et son rédacteur en chef arrêté. Plus influents, Timpul et le Jurnal de Chisinau subissent deux ans plus tard de longues tracasseries judiciaires.

Vladimir Voronine reste au pouvoir presque dix ans pendant lesquels les médias ne sont perçus que comme des instruments d’influence. En 2009, le rapport annuel de l’association « Freedom house » sur la liberté de la presse attribuait à la Moldavie la 144e place sur 195 pays étudiés .

(5) Résolution 1280 du mois d’avril 2002 (6)http://www.jurnal.md/ro/news/presa-din-moldova-la-fel-de-libera-ca-i-cea-din-irak-185596/ , consulté le 20/08/2014

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