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L’histoire peu connue d’une équipe d’ingénieurs moldaves grâce à qui 120 villes du monde bénéficient de trolleybus plus économes en énergie

Tout dans cette équipe d’ingénieurs est plutôt inattendu et excentrique d’une certaine manière. Le nom de l’équipe - InformBusiness – ne donne aucune idée de ce qu’ils font.

Ils travaillent dans le sous-sol d’un immeuble ordinaire situé rue Calea Ieşilor, à Chisinau, et une ligne de trolleybus descend du réseau urbain vers le sous-sol presqu’invisible où travaillent ces braves ingénieurs. C’est en fait une usine dont vous n’avez plutôt pas entendu parler, si vous ne faites pas partie de l’industrie qu’ils ciblent, mais cette équipe de Chisinau a laissé son empreinte sur le transport public de plus de 120 villes du monde.

Vitalie Eşanu, co-fondateur et chef de l’équipe d’ingénieurs

Vitalie Eşanu, co-fondateur et directeur général de cette société, a réussi, ces 30 derniers ans, à développer une équipe d’excellents professionnels en salopettes, aux tournevis à la main, qui sont aussi de très bons connaisseurs des logiciels et des équipements. Ils conçoivent et produisent des technologies modernes pour les transports publics urbains qui utilisent des réseaux de câbles – pour les trolleybus et les tramways, ainsi que pour les trains et même les bus électriques.

Ce sont eux qui ont inventé le concept du trolleybus hybride - le trolleybus qui peut rouler sur la base des batteries de bord, puis les recharger depuis le câble, ce qui leur permet d’atteindre des zones éloignées, comme les banlieues des villes, ou les centres historiques des villes, où la construction des lignes de câble n’est pas faisable. Les habitants de Chişinău et de ses banlieues bénéficient depuis quelques années de ce concept, sans probablement savoir qu’il a d’abord été largement utilisé en Moldavie, avant d’être appliqué dans de nombreuses autres villes du monde, y compris à San Francisco, par exemple, grâce à la même équipe d’ingénieurs moldaves !

A San Francisco, comme à Chişinău, roulent des trolleybus à autonomie temporaire

La société a été fondée en 1990, juste avant la dissolution de l’URSS, ses documents officiels ont donc été émis plus tard, quand la République de Moldavie a créé les entités respectives. Donc, cette équipe d’ingénieurs est apparue à une époque où le système d’exploitation Windows n’avait pas encore été inventé…

Au début, les domaines d’action étaient très variés. Le moment clé où l’équipe s’est axée sur les trolleybus s’est produit en 2000, une période de crise aiguë pour le système de transport public de Chişinău, qui était endetté et ne pouvait pas payer l’électricité consommée. Vitalie Eşanu avait occasionnellement rencontré le chef de la société de transport électrique urbain qui lui a posé la question : « Pourquoi vous, les ingénieurs, ne faites rien pour réduire la consommation d’énergie par les trolleybus ? »

Cette question a déclenché toute une chaîne d’événements - les ingénieurs ont commencé à étudier le problème et ont constaté que les trolleybus de l’époque gaspillaient trop d’énergie à cause des résistors et de l’émission de chaleur, une conséquence de la gestion simpliste des moteurs électriques et des mécanismes périmés de direction de la puissance développée par le trolleybus. Ils ont donc développé un nouveau modèle qui a remplacé tous ces composants de gestion. En effet, les trolleybus restaient les mêmes, avec le même moteur électrique, mais 1,5 tonne d’anciennes résistors et relais ont été remplacés par une boîte de 42 kg dirigée par un logiciel intelligent, qui a substitué toutes les fonctions de l’ancien équipement. Les 3 premiers trolleybus de Chişinău rééquipés en 2001 ont fait preuve d’une grande efficacité : consommation totale d’énergie réduite de 35-40% !

Grâce à cette performance, les ingénieurs ont été contactés par la société internationale Fujitsu, leur proposant des composants microélectroniques nécessaires à leur concept pour accroître la fiabilité et garantir la capacité d’opération aux températures allant de -40 à +60 degrés. Depuis lors, les ingénieurs moldaves n’utilisent que des composants produits par Fujitsu, Hitachi, Mitsubishi, Baumer.

Le processus de modification des trolleybus à Chişinău s’est poursuivi et l’efficacité qu’ils ont gagnée a éveillé l’intérêt des directeurs d’entreprises de transport des pays voisins. La ville ukrainienne de Vinnitsa a été la première où l’équipe d’ingénieurs a exporté son concept en 2003. En 2004, ils ont installé leur système sur 18 trolleys de Saint-Pétersbourg. D’ailleurs, tous les 18 trolleys sont aujourd’hui encore en bon état de fonctionnement.

Trolleybus à Vinnitsa

L’équipe d’ingénieurs moldaves crée aussi des modules pour les trolleys neufs. La géographie des livraisons comprend plus de 120 villes de monde, y compris Mourmansk, dans le nord, Bichkek dans le sud, Vladivostok à l’est et San Francisco dans l’ouest. Ils ont aussi créé un concept censé accroître l’efficacité des locomotives et des tramways. A part cela, ils sont des pionniers dans le domaine des trolleybus hybrides. L’idée est née de la nécessité de relier les banlieues avec les grandes villes, sans subir des coûts élevés pour construire des lignes de câble de dizaines de kilomètres. C’est ainsi qu’a été créé une solution plus écologique et moins chère que les bus ou les autres moyens de transports. La solution consiste à installer une boîte de batteries à l’arrière des trolleybus pour stocker l’énergie nécessaire pour rouler de manière autonome dans les zones sans lignes. Ces batteries n’ont pas besoin de temps de repos pour être chargées, car elles se chargent pendant le déplacement, en récupérant l’énergie du réseau quand les bifilaires sont reconnectés.

Trolleybus qui roule en utilisant l’énergie fournie par sa batterie, Chişinău

La masse totale de la batterie est de 528 kg, tandis que les batteries ultra-compactes des plus modernes bus électriques pèsent 3 150 kg - six fois plus. Donc, même les bus électriques modernes les plus avancés sont moins respectueux de l’environnement et ont une consommation moins rationnelle dans les zones urbaines et suburbaines par rapport aux trolleybus hybrides. Soit dit en passant, la consommation moyenne d’un trolleybus hybride à Chisinau est de 75-95 kWh/100 km, ce qui est nettement inférieur à la consommation d’un bus Citraro, par exemple, aux batteries solid-state qui consomment 130-250 kWh/100 km, en fonction des conditions météo. Ce n’est donc pas étonnant que des trolleys équipés selon le concept des ingénieurs moldaves circulent dans plus de 30 villes du monde !

L’équipe moldave travaille maintenant, dans le cadre d’un contrat avec l’usine MAZ de Biélorussie, pour développer le concept d’un bus de 9 mètres totalement électrique, destiné aux villes avec moins de 200 000 habitants, où leur utilisation serait plus justifiée. Ces bus auront une autonomie de 300 km, assez pour une journée complète de fonctionnement dans une telle ville. A part cela, l’équipe moldave fournit déjà des composants aux bus électriques de 12 mètres produits par MAZ.

Rappelons que la production de ces composants se fait par une équipe relativement petite, rue Calea Ieşilor, à Chişinău. Ils disposent également d’un laboratoire d’essais et de développement où l’on voit de véritables moteurs de trolley, couplés pour résister et imiter des scénarios réels.

Atelier avec de vrais moteurs de trolleybus dans le laboratoire des ingénieurs de Chişinău

D’après un article de Ilie Toma publié sur https://piataauto.md/Stiri/2021/12/VIDEO-Istoria-nestiuta-a-unei-echipe-ingineri-Moldova-datorita-carora-120-orase-lume-au-troleibuze-mai-eficiente-consumul-energie/?fbclid=IwAR3vyA7XHBYsHoP6eDm5oXADZHhuJI1qiQUR-6SOTmV68ZPChUBYSO_G24I

Le 15 janvier 2022

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