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Un nouveau gouvernement désigné le 20 janvier 2015… Pour combien de temps !

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Article de Gilles Ribardière

Depuis des mois, la population moldave est témoin de la déliquescence de la classe politique, alors que la situation économique est on ne peut plus délicate.

Cette situation m’a, je l’avoue, découragé dans mes projets d’en rendre compte ici. Toutefois les événements du 20 janvier m’incitent à essayer de donner mon point de vue.

Un nouveau gouvernement vient en effet enfin d’être désigné, avec à sa tête un membre du PDM (Parti Démocrate de Moldavie). C’est suite à de nombreuses tentatives qu’on en est arrivé à la formation de ce gouvernement dirigé par Pavel Filip.

Une des plus étonnantes tentatives précédentes de former un gouvernement, du moins du point de vue de l’observateur étranger que je suis, fut la proposition de confier à Vladimir Plahotniuc la charge de Premier Ministre, ce qui aurait marqué, semble-t-il, une confusion totale entre intérêts privés et responsabilité publique …On sait en effet que ce membre du PDM est un oligarque particulièrement puissant, propriétaire de médias influents du pays, ayant des intérêts dans des banques, finançant, selon les rumeurs, le PDM…

Le Président de la République, Nicolae Timofti, sans doute sensible au mouvement d’opinion qui agite depuis des mois le pays contre la corruption, ainsi que le poids des oligarques dans la vie politique, ne pouvait que rejeter cette candidature.

Cela étant, le climat délétère qui prédomine dans le pays persiste, et c’est l’ensemble de la classe politique qui en subit les conséquences. Pour nourrir ce climat, les motifs ne manquent pas : Pavel Filip, selon certains, ne serait qu’une marionnette entre les mains de Vladimir Plahotniuc ; dans un passé récent, l’ancien premier ministre Vlad Filat a été soupçonné de détournements de fonds (cf. la disparition de près d’un milliard de dollars)…

Aussi une initiative citoyenne, Dignité et Justice, avec pour leader en particulier Andrei Nastase, a été prise. Elle s’est traduite par des manifestations fréquentes pour réclamer des élections anticipées et l’éradication de la corruption. Elle s’affirme pro-européenne. Jusqu’à il y a peu, elle était en concurrence avec la démarche du Parti Socialiste de Igor Dodon, dont on se souvient des affiches électorales sur lesquelles ce dernier figurait en conversation avec Vladimir Poutine. Igor Dodon se fait le chantre de la lutte anti-corruption, et ses « troupes » ont aussi depuis des semaines manifesté devant le Parlement.

Il faut croire que l’exaspération de la population est à son comble pour que les deux démarches concurrentes unissent à présent leurs forces avec celles de « Notre Parti » qui a pour leader Renato Usatii, ouvertement en faveur d’un rapprochement avec la Russie, pour réclamer haut et fort la dissolution du Parlement et de nouvelles élections.

Quelques remarques :

Ni le Parti Socialiste, ni Notre Parti ne sont à l’abri d’accusations de corruption ! Des élections, anticipées ou non, se traduiront sans doute par un taux d’abstention très élevé, tant la classe politique est rejetée par la population.

Les partis en faveur d’un rapprochement significatif avec la Russie risquent de l’emporter haut la main, les pro-européens risquant d’être réduits à la portion congrue. Peut-être que Iurie Leanca qui a créé une Coalition pro-européenne pourrait-il tirer son épingle du jeu : il n’a pas donné son vote en faveur du nouveau gouvernement de Pavel Filip.

Mais l’Union Européenne ne fait plus rêver semble-t-il… On peut être frappé en regardant les images des manifestations de ces derniers jours qu’aucun drapeau de l’UE n’y figure !

La question alors a pu se poser : le Kremlin est-il à la manœuvre ? Peut-être… mais Moscou a-t-elle intérêt à contribuer à la déstabilisation de cet ancien territoire soviétique, alors que la Russie est en proie à une crise économique grave et que les enjeux géopolitiques sont situés ailleurs ?

J’ai tendance à dire que le destin de la Moldavie est entre les mains de son peuple dans le cadre exclusif des règles démocratiques, faut-il le souhaiter. Un renouvellement de la classe politique s’avère indispensable et la place doit être ouverte aux jeunes dont l’intelligence ne fait pas de doute.

La stabilité du pays, l’éradication de la corruption, sont la priorité des priorités. C’est à ce prix que le pays évitera l’explosion qui ne profitera à personne.

Le 25 janvier 2016

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