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Un an déjà…

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Article par Gilles Ribardière

Le 7 avril 2009, Chisinau était le théâtre des manifestations qui allaient ouvrir une période de changements fondamentaux dans le pays.

On peut être tenté de faire le rapprochement avec les événements qui se déroulent un an plus tard, jour pour jour, au Kirghisztan.

Mais n’allons pas plus loin que le constat de la coïncidence des dates à un an de distance : les deux Etats, pour avoir été d’anciennes possessions soviétiques, appartiennent à des ensembles géopolitiques bien différents, avec des traditions culturelles incomparables.

Mais surtout la révolte au Kirghisztan a ses nombreuses victimes, tandis qu’en République de Moldavie, pour inadmissible que furent les actions de répression, avec notamment la mort de Valeriu Boboc, la violence eut moins de conséquences dramatiques.

Ce qu’il faut aussi constater, c’est que les institutions ont toujours fonctionné, les partis politiques utilisant tous les moyens légaux existants, malgré leurs imperfections. Certes, la mainmise du pouvoir tenu par le Parti des Communistes, alors en place, sur les médias était évidente, mais c’est un défaut qu’hélas on rencontre aussi parfois dans des pays de vieille tradition démocratique…

Et, fait remarquable, c’est sous l’autorité du pouvoir contesté le 7 avril 2009 qu’un nouveau scrutin a pu être organisé, qui a vu l’opposition l’emporter en juillet 2009…Transition en « douceur » donc, même si le ton entre adversaires n’est pas des plus apaisés, comme en témoigne le communiqué du Parti des Communistes à l’occasion de cet anniversaire du 7 avril (on parle de pogroms [sic])

Cet anniversaire a été l’objet d’une cérémonie sur la place où le jeune Valeriu Boboc a été tué. A été annoncé que serait érigé dans un an, face au Parlement, un monument dédié à la Liberté.

Et pendant ce temps, les discussions vont bon train pour trouver la solution à l’impasse institutionnelle dans laquelle le pays se trouve. On sait en effet que l’actuel Président de la République est en situation d’intérim. En fait, deux propositions sont sur la table : celle de l’Alliance pour l’Intégration Européenne, qui souhaite une désignation par la Nation, et celle du Parti des Communistes qui maintient le principe d’une élection par le Parlement, mais en faisant sauter au bout de deux scrutins le verrou de la majorité qualifiée de 3/5. Toutes les parties invoquent leur respect des règles démocratiques, et l’Alliance affirme haut et fort que seront suivis les « standards européens ».

Ce qu’il convient de souligner, c’est que cette incertitude institutionnelle ne semble pas constituer un frein dans la recherche de solutions en vue d’essayer d’améliorer le bien être de la population, malgré la crise économique, et qu’elle ne bloque pas les démarches diplomatiques aussi bien vers les voisins ukrainiens et surtout russes, mais aussi européens, avec un travail constant de rapprochement avec la Roumanie, et un fort activisme vers l’Union Européenne.

Il y a des zones d’ombres encore, ainsi qu’en témoigne le dernier rapport d’Amnesty International qui pointe du doigt le non respect des règles des droits de l’homme dans les prisons.

Mais peut-on du jour au lendemain exiger d’un état, qui doit affronter mille difficultés, d’être la plus vertueuse démocratie du continent européen…

Soulignons plutôt l’intelligence d’une classe politique qui depuis un an démontre ce que peut être un changement de cap radical dans un climat aussi pacifique que possible, et le sang froid d’un peuple qui aime son pays et en est fier.

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