Article par Gilles Ribardière
Un pays tel que la République de Moldavie qui a connu de tragiques vicissitudes de l’Histoire a du mal à en écrire un compte rendu apaisé. En conséquence les événements du passé sont sollicités sans vergogne pour justifier ou fustiger telle ou telle action politique actuelle.
Ainsi en est-il du projet – accepté - d’implantation d’un bouclier anti-missiles en Roumanie, proposé par les Etats-Unis. L’objectif avoué est d’assurer une protection de l’Europe contre une potentielle agression provenant de l’Iran. La Russie émet des doutes quant à cet objectif, échaudée par le projet initial de l’administration Bush, mais abandonné par l’administration Obama, qu’elle estimait –semble-t-il à juste titre - dirigé contre elle.
Le leader du Parti des Communistes de Moldavie ne s’embarrasse pas d’un langage diplomatique…Il compare cet accord Roumanie/ Etats-Unis avec les accords Antonescu-Hitler, rien de moins !
Il est intéressant de confronter cette évocation d’un aspect dramatique de l’histoire de cette région avec la prise de position, en août 2009, de l’Association Moldave des Historiens. Celle-ci a demandé une révision des manuels scolaires d’histoire, jugés imprégnés « d’idéologie communiste », et a souhaité que le pacte de non agression Molotov-Ribbentrop soit considéré comme une tragédie dans l’Histoire de la Moldavie.
Alors, les événements du présent seront-ils durablement « éclairés » par des visions discordantes du passé ? On peut le craindre, quand on voit dans nos sociétés pourtant stabilisées comment l’Histoire peut être sollicitée selon des visions contradictoires…
Le 18 février 2010