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Le statut des femmes dans les villages moldaves

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Les femmes vivant dans les milieux ruraux constituent un des groupes les plus vulnérables de la société. Elles sont désavantagées en vertue des normes culturelles, de l’accès limité à l’information et aux services, du travail non-rémunéré, et de certains stéréotypes. Les femmes dans les villages n’ont pas de droits non plus, dans le processus de décision au niveau local et régional.

Début mars 2012, à New York, la Commission pour le statut de la femme a eu une réunion. Des délégués de différents pays ont discuté les plus récentes informations sur la situation des femmes dans tout le monde, avec un accent spécial sur le pouvoir économique des femmes rurales, dont la situation est différente de celle des femmes dans les zones urbaines. Le manque d’emplois dans les zones rurales

Maria Capaţina, la maire de Toceni, dit ouvertement que la situation des femmes dans son village est vraiment très compliquée, parce qu’on a très peu d’emplois : « On embauche rarement, et si on le fait, c’est plutôt temporaire, par exemple à la maternelle, pendant les vacances des puéricultrices, mais je peux dire que nous n’avons pratiquement pas des possibilités d’emploi … ». Les femmes de Toceni considèrent que, vu les chances limitées de trouver un emploi, on doit se mobiliser pour accomplir des travaux difficiles afin d’assurer la continuité et le développement du village. Une grande partie des femmes rurales travaillent la terre, et certaines d’entre elles doivent se déplacer quotidiennement dans les loclaités voisines pour gagner leur vie.

Celles qui recherchent un emploi dans la ville ne peuvent pas toujours trouver un lieu de travail convenable. En outre, le transport est également un problème. La maire de Toceni dit que s’il y a peu de gens qui font la navette, on ne leur assure pas du transport : « L’employé doit se débrouiller pour être au travail à 8h00. La distance entre notre village et la ville de Cantemir n’est pas tellement importante - environ 15 km - mais c’est problématique de se déplacer, surtout pour les femmes qui ont des enfants. On doit quitter la maison à 7h00 au plus tard, et de nombreuses fois à 6h30 pour être au travail à 8h00, ça dépend comment on trouve du transport pour y aller. On rentre à 18h00 ou à 18h30. C’est difficile pour une femme de foyer, une épouse, une mère. »

A la recherche d’une vie meilleure

Ana Ursu est parmi les femmes qui font la navette. Elle travaille dans une usine de Cantemir. Elle n’a pas d’emploi permanent, on l’appelle uniquement lorsqu’on a besoin d’elle. Le problème du transport est cependant primordial, car elle reconnaît : « Je sors à 7h00 du matin, parce que le transport n’est pas toujours régulier et je rentre le soir à 21h00 – 22h00, ou même à 23h00 heures. Je dois aussi faire le ménage, et c’est très fatigant. »

Actuellement, Ana remplace une femme de ménage au lycée de son village, mais elle reprendra plus tard son travail à Cantemir. « Ici, je n’ai pas de travail. Où trouver un emploi ?.. J’ai trois enfants. Deux d’entre eux font des études et un autre travaille déjà. J’ai besoin d’un emploi pour les entretenir. » Ana aide encore ses deux nièces dont la mère est décédée. L’une fait ses études à Leova et l’autre à Cahul. Leur père les a abandonnées. Ainsi, Anna est le seul espoir pour ces filles. Les week-ends, elle les ramène chez elle pour que les filles sentent aussi la chaleur d’une famille.

Svetlana Topală est depuis six ans femme de ménage au lycée. Elle a sept enfants et un mari malade. Elle doit travailler durement pour entretenir sa famille nombreuse. En outre, dans sa maison il n’y a pas de place pour tous les membres de sa famille. Ainsi, Svetlana prend soin d’un vieux couple et vit chez eux. Toutefois, elle pense aller à Cantemir à la recherche d’une vie meilleure.

Au sujet de la différence entre les zones rurales et urbaines en termes de possibilités d’emploi, Victor Lutenco, conseiller du Premier ministre, dit que « dans les zones rurales, les salaires sont plus bas et les domaines de concentration plus limités, et l’incidence de la discrimination entraîne un problème plus sérieux que dans les zones urbaines. En plus, dans les zones rurales, les possibilités de choisir un emploi sont beaucoup plus restreintes que dans les zones urbaines. »

Victime de la discrimination parce qu’elle a des enfants

La discrimination contre les femmes par les employeurs à cause de la maternité est un grave problème qui cause des préjudices aux femmes et à leurs familles et porte atteinte à l’équilibre social. Sofia Şuleanschi, directrice de Winrock Moldavie, a déclaré qu’une étude effectuée il y a quelques ans – « Les problèmes gender sur le marché du travail » - a révélé que (la situation est la même aujourd’hui encore) « les jeunes femmes sont confrontées à des problèmes au moment où elles veuilent se faire embaucher, parce que les employeurs craignent qu’elles vont bientôt se rendre en congé de maternité. "

Alina Ciobanu est l’une des femmes qui a connu une telle situation. Elle a plusieurs fois essayé de se faire embaucher, mais elle était toujours refusée à cause du fait qu’elle avait de petits enfants. « Le premier enfant est né, puis le deuxième. C’était problématique. Personne ne voulait m’embaucher. On me disait que mes enfants peuvent souvent tomber malades et je prendrais des congés de maladie », se souvient Alina de cette période-là. Enfin, les circonstances l’ont obligée à se débrouiller toute seule. Elle a ouvert un café dans un collège de Cahul.

Ana Cucu est mère de cinq enfants. Elle est expert-comptable. Elle a réussi à trouver du travail chez elle, dans le village de Colibasi. Par ailleurs, elle prépare aussi des gâteaux sur commande. Ses filles font ses études à l’étranger et, bien qu’elle souhaite que ses filles reviennent dans le village, Ana ne croit pas que c’est un rêve réalisable : « On espère que quelque chose va changer vers le mieux, mais je ne le crois pas. Quelles chances avons-nous ici ? Il est difficile de trouver un boulot stable et bien rémunéré. "

Corneliu Eftodi, analyste du programme de l’ONU pour les femmes, dit que « les femmes des zones rurales constituent un quart de la population du monde. En Moldavie, comme ailleurs, elles sont confrontées à un certain nombre de problèmes, surtout en termes d’accès aux services prêtés par le secteur public, comme celui privé. »

Appréciant le rôle et la contribution des femmes rurales en matière de réduction de la pauvreté et assurance du développement durable, le programme de l’ONU pour les femmes envisage de conjuguer les efforts de tous les acteurs - institutions de l’Etat, secteur non-gouvernemental et privé - pour améliorer les perspectives pour les femmes dans les zones rurales de Moldavie.

Article de Olga Bulat repris sur le site http://www.zdg.md/social/femeile-in-viata-statului

Traduction – Liliana Anghel.

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