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Les Roms - entre le luxe et la dégradation extrême

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Bien qu’elle n’ait que 16 ans, Cristina Maristan de Lucaşeuca, dans le district d’Orhei, est impliquée dans plusieurs projets pour les Roms. Elle ne parle pas sa langue maternelle, mais elle la comprend et participe aux traditions de la communauté d’appartenance, Drăguliţă. Cristina ne manque aucune noce de Roms, et assiste toujours au "jeu de la chemise", qui détermine si la fille a été ou non épouse « honnête ». Si un Rom aime une fille, il peut la voler, comme aux temps anciens, même si ses parents sont en désaccord avec le mariage des jeunes.

Dans la vie des Roms, il y a des différences frappantes qui sont bien connues : différences qui vont de la pauvreté extrême aux châteaux de luxe. Cristina fait partie de la majorité et rêve du jour où les Roms mèneront une vie normale. “ Les enfants Roms surtout, mènent une vie très dure. Souvent, nos jeunes enfants étudient neuf classes seulement ou tout simplement abandonnent l’école parce qu’ils n’ont ni habits, ni chaussures. Je voudrais que nous ayons de meilleurs logements, que nos parents aient un emploi, que les enfants fréquentent l’école pour ensuite être en mesure d’étudier à l’université”, nous a confessé Cristina. Dès son enfance, la jeune fille a ressenti dans sa chair la discrimination à l’encontre des Roms, par l’exemple de son père : celui-ci a travaillé un an dans le bâtiment en Ukraine et n’a pas reçu un sou de son chef ; il a été forcé alors, de vendre une partie de son ménage, pour solder certaine dette.

La plupart des Roms de Lucaşeuca ne parlent pas leur propre langue, parce qu’ils vivent dans des familles mixtes. « Mes grands-parents n’ont jamais voulu enseigner à mon père la langue des Roms, mais seulement le moldave, pour qu’il puisse mener une vie normale. Ils voulaient, en fait, le séparer de notre communauté. Bien que, selon toute apparence, ils mènent une vie aussi dure que les Moldaves, les Roms, toutefois, ont moins de possibilités d’être employés. Les employeurs les évitent. Au travail, ils sont victimes de la discrimination à un degré plus élevé que les autres. Ils sont dépouillés, tout simplement », dit la jeune fille. Mais ils adoucissent les jours amers avec des jours de bonne humeur, or, les Roms savent organiser de vrais spectacles, avec de la musique et des danses, en portant des vêtements colorés.

Cristina n’aime pas que les femmes gitanes se marient très jeunes, entre 15-16 ans, mais elle se félicite qu’on rencontre rarement des filles « malhonnêtes » parmi elles, et que la plupart en sont les épouses les plus fidèles. Et si, à Dieu ne plaise, une femme trompe son mari, les Tsiganes se réunissent en conseil, pour juger l’affaire et la pauvre victime devra fuir l’homme "cocu", qui est capable, dans de tels cas, de se livrer à de terribles violences.

’’On laisse les enfants tsiganes endurer la faim"

Eudochia, de nationalité moldave, est mariée à un Gitan. Après plusieurs années de mariage, ses parents même aujourd’hui ne l’acceptent pas, parce que, selon l’expression, elle ’’s’est mise la tête dans une maison de Roms’’. Cette femme ne regrette pas sa décision : « Je lui ai promis de le rendre heureux, parce que c’est un homme généreux. Il avait beaucoup souffert, parce que sa mère avait été enlevée de force, comme épouse d’un Gitan. Celui-ci l’avait abandonnée et il a vécu dès sa petite enfance avec ses frères, seulement. Il faut déraciner cette tradition gitane, pour que les filles tziganes ne souffrent pas ». Eudochia est très courageuse et ne se conforme pas au mode de vie de la plupart des Roms.

« On laisse les enfants Roms endurer la faim. En général, les représentants de cette communauté n’ont pas de formation et ne trouvent pas la possibilité de travailler honnêtement : ils volent, mendient. Quand ils ont de l’argent, ils passent leur temps dans le bar du village. Les Roms doivent être pris en charge. Mais si l’homme a la crainte de Dieu, il vit autrement ; aussi, le prêtre du village les aide-t-il. Cependant, les Roms sont plus primitifs que les Moldaves », constate la femme.

Eleonora Straşnic, infirmière à l’Office des médecins de famille de Lucaşeuca, dit que les Roms de sa localité sont arrivés à un niveau plus développé que dans d’autres. Sur une population d’environ 2200 habitants du village, un tiers sont des Roms. « Souvent, ils sont mieux élevés et bien plus propres que les Moldaves. Le taux de natalité a baissé de façon drastique dans les familles gitanes : nous n’avons que deux enfants d’un an. Nos Roms sont travailleurs, activement impliqués dans les activités telles que casser les noix, ramasser les peaux des agneaux. Ils vont, de manière organisée, en Ukraine pour des travaux agricoles et en Russie pour des travaux comme désherbage des betteraves, du tournesol, ramassage des champignons.

Analphabètes, sans papiers, isolés du reste de la population

En outre, la maire, Zina Sirbu, affirme qu’il y a des Roms qui n’ont pas de papiers d’identité. Dans une famille de six enfants, aucun d’entre eux ne possède de certificats de naissance. Le baron lui-même reconnaît que la situation des Tsiganes s’est aggravée en particulier après les années 90. En URSS, en effet, il y avait une socialisation imposée, tous les Roms avaient des documents d’identité et ils étaient obligés de fréquenter l’école et de travailler. Et maintenant, les dirigeants des Roms se plaignent que leurs communautés soient revenues à leur situation de l’après-guerre. Toutefois, ils savent écrire et lire, surtout les générations qui ont été à l’école soviétique.

Les experts de UNFPA surveillent maintenant la situation des Roms. Ils ont recommandé de suivre l’expérience et les bonnes pratiques de la Roumanie dans ces domaines : améliorer l’accès des personnes défavorisées - en particulier des Roms - aux services sociaux et de santé, institutionnaliser la présence de médiateurs dans les communautés de Roms.

En lisant la documentation des spécialistes des districts d’Hancesti, de Soroca, Străşeni, Călăraşi et Nisporeni, on constate que la plupart de Roms sont sans-papiers et analphabètes, ne parlent pas le roumain, et les enfants ne sont pas scolarisés.

Récemment, UNFPA a conduit dans les localités habitées principalement par des Roms une campagne de sensibilisation : "N’oublie pas ! Ta santé est la santé de ta famille’’. Des adolescents, filles et garçons Roms, ont rencontré les médecins de famille et les gynécologues pour discuter de problèmes de l’éducation sexuelle. Les patients ont reçu des conseils médicaux gratuits et des paquets sanitaires.

Article par Angelina Olaru, publié sur http://www.timpul.md Traduction - Diana Bitca. Relecture – Michèle Chartier.

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