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Le Parlement des Jeunes

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Article par Gilles Ribardière

Les jeunes de Moldavie manifestent souvent leur découragement face aux difficultés de leur pays, qu’elles soient politiques, sociales ou économiques. Certains aspirent à partir. D’autres sentent la nécessité de rester pour construire un avenir qu’ils estiment possible, ou d’y revenir à cet effet après avoir acquis des compétences dans des universités à l’étranger.

Certains de ces jeunes se retrouvent à l’ « Institutul Tineretului Guvernator » (ITG). A défaut d’une traduction satisfaisante du titre de cette organisation, la formule « Institut de la Jeunesse Engagée » ou « Institut de la Jeunesse Citoyenne » peut assez bien rendre compte de ses objectifs : qu’on en juge à la lecture de ce texte (adapté de l’anglais) que ses responsables m’ont fait parvenir ! Il traite essentiellement du Parlement des Jeunes dont j’ai pu rencontrer plusieurs membres.

L’ « Institutul Tineretului Guvernator » est une organisation à but non lucratif qui a été créée en vue de consolider l’aptitude de la jeunesse à influencer la procédure législative, ainsi que de la préparer à participer à la mise en place des décisions grâce à une formation à la culture politique. Cet institut permet aussi de suivre de près les politiques de la jeunesse et de les évaluer, permet d’offrir assistance et conseil aux décideurs, de maintenir un dialogue permanent entre la jeunesse, les législateurs et les autorités publiques.

Les officiels supérieurs du Parlement moldave en compagnie du Parlement des Jeunes

En mettant en œuvre le programme du Parlement des Jeunes, l’ITG cherche à engager la jeunesse moldave dans un discours sain, à lui faire découvrir le processus et les pratiques démocratiques, à faire en sorte qu’il devienne un forum consultatif permanent auprès du Parlement officiel de façon à ce que celui-ci n’adopte aucune loi relative à la jeunesse sans que l’ITG ne soit consulté.

Contexte du programme national du Parlement des Jeunes

Avant son enregistrement en avril 2007, l’ITG soutint plusieurs projets à l’initiative d’étudiants dans des lycées et universités. En avril 2008, l’ITG pilota à l’occasion de la première session du Parlement des Jeunes une simulation de l’activité du Parlement officiel ce qui contribua à élever le niveau d’intérêt de la jeunesse à l‘égard des procédures parlementaires en cours en République de Moldavie et améliora la confiance envers les décideurs. Dans le cadre du projet, les participants créèrent des groupes parlementaires, désignèrent des commissions, participèrent à la diffusion d’avant- projets de lois et adoptèrent plusieurs résolutions. Des jeunes gens venant de toute la Moldavie, y compris de Transnistrie, âgés de 18 à 25 ans ont accru leur intérêt dans la manière dans laquelle se fait la politique en étant les témoins directs du déroulement d’un processus législatif. Les jeunes parlementaires moldaves ont développé des recommandations pour plusieurs avant- projets intéressant les politiques en faveur de la jeunesse, comme les programmes gouvernementaux de soutien aux créations d’entreprises par des jeunes, les programmes de logements pour les jeunes spécialistes, ainsi que l’augmentation du nombre de bourses. Les participants ont aussi donné leur avis sur le budget de l’Etat consacré aux activités « jeunesse ».

Les principaux objectifs sont :

  • Implication de la jeunesse dans la simulation des processus décisionnels au sein du Parlement officiel.
  • Accumulation de connaissances et d’expériences pratiques s’agissant de l’activité parlementaire en Moldavie.
  • Coopération avec les membres du Parlement officiel aussi bien dans le cadre de leur parti, de leur commission et/ou de leur circonscription.
  • Maintien d’un dialogue permanent avec les jeunes des zones rurales.
  • Promotion de l’engagement et de l’esprit civique, et stimulation des initiatives des jeunes gens dans la vie publique et politique du pays.
  • Accroissement du niveau de conscience civique et politique chez les jeunes de Moldavie.
  • Réduction des stéréotypes qu’ont les jeunes concernant les décideurs et les leaders politiques.

Les jeunes gens sont entraînés aux techniques de la communication en public, à l’activité parlementaire, à l’analyse de la politique publique, au leadership, etc… Ils assistent à des sessions plénières du Parlement de Moldavie.

Les principales activités du Parlement des Jeunes se répartissent en trois parties : la formation, la simulation de la procédure législative ainsi que le développement et la réalisation de divers projets.

A l’issue de la session parlementaire du printemps de la seconde législature, les jeunes parlementaires de chaque commission pouvaient rédiger les textes sur des sujets politiques de base tels que l’accès des jeunes familles au logement, la réduction des disparités dans l’éducation entre zones urbaines et zones rurales.

En lien avec la société civile, le Parlement des Jeunes examine les avant- projets de lois, avance des propositions, des amendements et se prononce sur tel ou tel événement politique, social et économique.

L’ « Institutul Tineretului Guvernator » de Moldavie est ouvert à tout jeune de Moldavie et entend être activement engagé dans la vie sociale par l’intermédiaire du Parlement Moldave des Jeunes et aussi d’autres programmes à venir.

Pour plus de détails, visitez le site multilingue www.parlamentultinerilor.md.

Ce document complète les deux heures d’entretien que j’ai pu avoir avec Svetlana Toderas, vice-présidente du Parlement des Jeunes, et Angela Bors, chef de projet adjoint à l’ « Institutul Tineretului Guvernator ».

Ce qui frappe chez ces deux jeunes femmes, c’est leur volonté d’aller de l’avant, malgré les circonstances (c’était le lendemain du référendum).

Elles ont su me décrire aussi bien la fonction forum du Parlement des Jeunes que les actions concrètes qui sont engagées. Elles ont aussi souligné leur souhait de contacts avec des organismes comparables dans l’Union Européenne.

Les fonctions du Parlement des Jeunes décrites dans la note citée plus haut sont très explicites aussi à la lecture de l’intitulé des 6 commissions mises en place :

  • Commission des droits de l’homme et de la protection sociale
  • Commission de l’administration publique, de l’économie et du développement régional
  • Commission de l’éducation et de la jeunesse
  • Commission culture, sport et tourisme
  • Commission du partenariat et de la coopération internationale
  • Commission « Transnistrie »

Les 101 jeunes « parlementaires » qui se répartissent dans ces commissions sont désignés chaque année après avoir déposé un dossier de candidature accompagné d’un CV. Suit une audition devant un jury composé de membres de l’ITG, de politiciens et de représentants des structures qui financent ce Parlement des Jeunes. Les jeunes retenus, parmi environ 400 candidatures, sont « assistés » par 20 à 50 volontaires.

Avant de se mettre au travail, les « élus » suivent une formation sur différents thèmes : qu’est-ce qu’un parlement, qu’est-ce qu’un député. Il y a aussi une information sur la nature des engagements partisans : que signifie être « libéral », « conservateur »… qui a pour effet que les jeunes se répartissent ensuite selon les affinités qu’ils se découvrent : ainsi y a-t-il 5 groupes - libéral, conservateur, écologiste, socialiste, populaire européen. A noter une répartition pratiquement égale entre les 5 groupes. Le travail peut alors se faire au sein des commissions d’où il ressort des propositions présentées aux autorités politiques du pays.

Afin de bien comprendre le fonctionnement des instances politiques, à tour de rôle, ils assistent à des séances des instances du Parlement officiel. Mais il y a aussi des actions concrètes. Citons une campagne pour se protéger efficacement de la canicule avec distribution de casquettes pour s’abriter du soleil et d’un petit prospectus donnant des conseils utiles. La commission éducation a eu l’idée d’établir un petit opuscule donnant des pistes aux enseignants pour faire face au public souvent difficile des établissements scolaires en zone rurale. Il y a eu aussi une participation active à la journée de l’Europe en relation avec des ambassades.

Mais on sent chez mes deux interlocutrices une demande pressante de confronter leur expérience avec ce qui se passe dans d’autres pays, de s’en inspirer en particulier pour trouver des solutions, non seulement pour élever le niveau de conscience citoyenne des Moldaves, mais aussi pour apporter des solutions à des problèmes aussi importants que l’accueil des handicapés dans la cité, ou la réduction des écarts entre l’éducation dans les villes et celle dans les zones rurales.

Parfois invitées dans des séminaires dans divers pays de l’Union Européenne, elles regrettent de se voir refuser un visa pour s’y rendre, ou de devoir aller chercher le sésame à Kiev ou à Bucarest !

Espérons que les mois à venir verront leurs souhaits se réaliser, car ce qu’elles animent est porteur d’espoir pour un pays qui conduit sa voie avec une jeunesse qui sait être enthousiaste mais qui peut sombrer dans un certain désespoir paralysant s’il n’est pas donné suite à ses aspirations.

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