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La valeur financière des grands-parents

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Il y a des grands parents accablés et très solitaires : ils portent des vêtements d’occasion et ont des portables Nokia. Ils connaissent le goût de la pauvreté, mais aussi celui du chocolat Ferré. Ils n’ont pas toujours assez d’argent, ni de santé, et ne sont pas toujours compris par leur propre société. Mais ils ne se posent pas de questions, car ce n’est pas le moment de la rhétorique. C’est la génération de ces grands parents qui restent seuls chez eux à garder les petits enfants de la migration. Ils sont nombreux, réceptifs et dévoués. Ils s’inquiètent et se consacrent à cette tâche chaque fois qu’on le leur demande ou à chaque fois qu’il y a besoin. Par contre, il n’y personne pour crier haut et fort leur mérite.

Une enquête sous forme de dialogue sur les grands parents, leur valeur, leur sagesse et les problèmes sévères de la population en Moldavie, a été réalisée avec la participation de Eppu Mikkonen-Jeanneret, représentant régional de « Help Age International ».

  • Comment trouvez-vous les vieux de Moldavie par rapport à ceux des états européens ?
  • En Moldavie j’ai appris un proverbe, qui m’a beaucoup impressionné : « Ceux qui n’ont pas de vieux, qu’ils les achètent ». Ce proverbe m’est toujours resté en tête pendant mon séjour dans votre pays. Il exprime vraiment la valeur, l’importance et le sens des grands parents d’ici, et non seulement dans ce pays. Les personnes âgées sont des personnes avec de l’expérience, des connaissances, de l’habileté et qui peuvent s’intégrer aux activités de la société. En réalité, la Moldavie a de la chance d’avoir une génération de personnes âgées très bien élevées.
  • Vous avez visité les villages de Moldavie, y compris ceux de Transnistrie. Comment sont les paysans de chez nous ?
  • J’étais surprise de découvrir des gens très ouverts et affectueux : les personnes à la campagne sont tellement hospitalières ! Elles ont tellement d’énergie, elles possèdent une forte capacité de s’impliquer – et cela est très important. Cette énergie doit être utilisée - car ces gens font tellement de choses - mais leur effort doit être apprécié, ils doivent être encouragés. Hormis tout cela, ils font un énorme travail de volontariat, apportant de l’aide à leurs enfants et à leurs petits-enfants.
  • Les pays touchés par la migration attribuent un statut différent aux personnes âgées. Une énorme charge pèse sur les épaules de ces personnes. Est-elle prise en compte dans les programmes et les statistiques ?
  • J’ai peur que non. Surtout dans le contexte de migration des jeunes parents qui laissent leurs enfants à la charge de leurs grands-parents. Il faut noter qu’actuellement les gens vivent plus longtemps : même en Moldavie, la durée de vie a augmenté. Toutefois, des centaines de jeunes ont été obligés de partir en raison de la situation économique. Dans ce contexte, les grands parents ont un rôle primordial pour les familles des émigrés. Chanceuses sont les jeunes familles qui ont eu à leur côté des grands-parents jeunes et pleins d’énergie, auxquels ils ont pu confier leurs enfants. La génération plus âgée de Moldavie est responsable, bien éduquée et elle doit saisir ces opportunités. Ce n’est pas facile pour les grands-parents, car ils ont également besoin de soutien et, quand ils sont soutenus, ils deviennent vraiment forts. Les grands parents représentent une vraie valeur pour les villages qui ont un haut niveau d’émigration.

- Est-ce que les états européens ont cette valeur des grands -parents, en tant que principaux « gardiens » des petits enfants ?

  • Il se peut que les grands parents de certains pays européens soient plus libres en quelque sorte. Mais je donne un exemple : l’année dernière, en Grande Bretagne, on a calculé la contribution apportée par les grands-parents, et on l’a évaluée en argent. Les heures, les jours et les nuits consacrées aux petits enfants et aux enfants ont été calculées. Ainsi, ces heures de travail représentent un montant total de 3 milliards de livres sterling par an. Même si cet argent est invisible et imperceptible, l’aide apportée par les grands-parents britanniques à leurs petits-enfants est substantielle. C’est un grand investissement de temps, des efforts, d’énergie pour les personnes aimées. Par conséquent, les jeunes familles ont pu mettre de côté de l’argent pour payer les nounous et les éducateurs. Je tiens à faire remarquer, toutefois, que la valeur de cette aide dans des pays comme la Moldavie est beaucoup plus importante.

- Cependant, beaucoup de grands-parents européens bénéficient du soutien des jeunes de Moldavie …

  • Malheureusement, l’émigration affecte la situation de la population. L’Italie, il y a quelques années, a été touchée par le dépeuplement, d’autant plus que les Italiens vivent plus longtemps et ont une meilleure santé. L’immigration – notamment de Moldaves - en Italie a changé en quelque sorte la situation. C’est tout un dilemme avec les jeunes qui ont émigré, mais le problème a deux facettes. D’un côté, les gens qui quittent la Moldavie ne travaillent pas dans leur pays, ne cotisent pas pour les assurances sociales, ne payent pas de taxes et sont absents pour l’éducation de leurs enfants. D’un autre côté, de là-bas, (l’Italie, pour notre exemple) ils contribuent énormément au soutien économique des familles qui ont un grand besoin financier.
  • Après votre mission d’information en Moldavie, quelles sont vos suggestions pour nos autorités locales ?
  • Suite à l’estimation complète de la situation, une liste de suggestions et d’idées concernant la révision des politiques démographiques sera établie. Néanmoins, à cette étape, il faut apprécier le fait que les citoyens de Moldavie qui ont atteint l’âge de 65 ans ne sont pas ignorés. Ils sont en pleine force, avec plein d’idées, de connaissances, qu’ils pourront mettre en application et partager. Ainsi, pourront-ils être impliqués dans des projets divers pour soutenir et être soutenus. Les gens ne peuvent plus être considérés comme vieux à 60 ans, et le regard des générations du milieu sur les personnes plus âgées, à l’heure actuelle, aura une répercussion sur la façon dont les jeunes d’aujourd’hui seront traités plus tard. Tout est lié, tout est interdépendant, c’est pour cela que les gens, y compris les personnes âgées, doivent être considérés comme une vraie valeur et que nous devons les traiter de façon qu’ils puissent partager leur énergie et leur sagesse. Nous devons aider les personnes pauvres et impuissantes à se transformer dans des acteurs de la société, puissants et fiables. Le rôle des médias est très important dans ce procès, car, nombre de fois, c’est notamment la presse qui privilégie des images des images dévalorisantes des personnes âgées et crée des stéréotypes liés à leur faiblesse.

Article publié sur http://www.zdg.md/social/bunicii-masurati-in-bani, traduit par Olga AFANASIE. Relecture –Michèle Chartier.

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