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La migration à travers les générations : les causes pour lesquelles les Moldaves quittent leur pays (1)

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Chaque jour, 106 Moldaves quittent la Moldavie à jamais, selon les données d’une étude effectuée par Magenta Consulting. D’autre part, selon le sondage Le Baromètre de l’Opinion Publique, 57% de Moldaves seraient partis s’ils avaient l’opportunité.

Les données officielles du Ministère des affaires étrangères dénotent que plus de 800.000 Moldaves habitent à présent à l’étranger. La pauvreté est la cause principale de la migration. Les statistiques sont confirmées par les histoires des protagonistes de cet article - Zina Drăguțan et Irina Fedco - qui ont des âges différents, proviennent des localités différentes, sont parties à des périodes différentes et ont choisi comme destination des pays différents.

PARTIE I : Une professeure moldave à Trévise

Zina Draguțan est parmi les centaines de milliers de Moldaves qui sont partis à l’étranger à la recherche d’une vie meilleure. En 1999, il n’a fallu que 24 heures à l’ancienne professeure d’histoire et de philosophie pour prendre la décision de se mobiliser et de partir à l’étranger à la recherche d’un emploi. « Plusieurs raisons m’ont déterminée à prendre une telle décision, mais la pauvreté et l’injustice ont été les motifs essentiels  », se souvient Zina Draguțan qui parle roumain avec un léger accent italien. Elle reconnaît que la haine pour son pays natal était parmi les sentiments les plus forts qu’elle éprouvait au moment de l’émigration.

« Quand je suis partie, le plus fort je haïssais mon pays ».

« Je suis partie légalement, mais c’est aux Pays Bas, pas en Italie, que je voulais arriver, mais … le bus nous a emmenés et laissés en Italie, où personne ne m’attendait. Je ne savais aucun mot en italien, mais j’avais un dictionnaire et j’apprenais par cœur quelques phrases chaque jour. C’est comme ça que tout a commencé. Au bout de deux semaines, j’ai trouvé du travail. En fait, la première phrase que j’avais apprise a été « Je veux travailler  », se rappelle Zina Draguțan.

Quelques semaines plus tard, elle savait déjà comment envoyer de l’argent à ses enfants restés en Moldavie qui avaient à l’époque 14 et, respectivement, 15 ans. Elle a commencé par travailler en qualité de gouvernante dans la famille d’un propriétaire d’un réseau de commerce. L’ancienne professeure n’a que de bonnes paroles pour parler de l’Italie et des Italiens : « On disait qu’on était humiliés et traités comme des domestiques. Ce n’est pas vrai - les Italiens m’ont traitée comme il faut, ont été honnêtes avec moi. Ou j’ai peut-être eu de la chance  », dit Zina.

"Quand j’ai pu me permettre d’acheter un portable, il me semblait que c’était un cadeau de Dieu"

Tout semblait bien marcher à Trévise pour Zina, mais le mal du pays la tourmentait. « A l’époque, les ordinateurs et les téléphones portables n’étaient pas tellement accessibles pour nous et il fallait courir à une cabine publique dans le centre de la ville pour appeler nos proches, sans savoir s’ils étaient à la maison à ce moment-là. C’était pénible – te coucher le soir en pensant à tes enfants que tu n’as pas entendus depuis une semaine et te lever le matin avec les mêmes pensées. Quand j’ai pu enfin me permettre d’acheter un portable, il me semblait que c’était un cadeau de Dieu. Je pouvais appeler chez moi, savoir où mes enfants étaient et c’est devenu un peu plus facile de vivre loin d’eux  », raconte la femme.

Zina Drăguțan, qui avait travaillé illégalement à Trévise, est rentrée en Moldavie deux ans après. Elle pensait rester en Moldavie, car la loi italienne Bossi-Fini de 2002, accordant aux étrangers le droit au contrat de travail et au permis de séjour, n’était pas encore émise. « J’ai recommencé à travailler à l’école de Strășeni. J’avais repris avec plaisir mon travail, mais je sentais que j’avais changé. J’avais plein de nouvelles idées, mais ces idées et mes nouvelles exigences m’ont vite dépourvue d’argent. Or, j’étais à la fois mère et père de deux enfants. Donc, j’ai dû partir à nouveau », se souvient l’ancienne professeure.

Depuis l’an 2003, Zina Drăguțan ne vient en Moldavie qu’en visite, vivant sa vie entre l’Italie où elle travaille, et les Etats-Unis et la Moldavie, où sont ses enfants. Et, chaque fois qu’elle rentre dans sa patrie, elle constate avec tristesse que les choses « changent de pire en pire ».

"En Moldavie, il n’y a pas valeurs, il n’y a que de la corruption."

« On dit que nous avons une bonne culture, que nous savons chanter et danser, réciter des poésies. Mais cela, ce n’est pas de la culture, cela ne fait pas des valeurs, ce ne sont que des traditions. Tandis qu’en 1999 il y avait encore des valeurs, maintenant il n’y en a plus, il n’y a que de la corruption. C’est le mot qui nous définit. Je peux affirmer que moi-aussi, je suis corrompue. Quand je reviens en Moldavie et j’ai besoin d’urgence d’un certificat, je donne de l’argent pour l’avoir, donc je commets un acte de corruption. Autrement, on n’obtient rien. On nous reconnaît, les émigrants, et on nous demande de l’argent partout  », constate Zina.

Zina Drăguțan reste sceptique à l’égard des politiciens moldaves et ne croit pas à leurs promesses. A son avis, la plupart d’entre ceux qui sont restés en Moldavie ne veulent rien changer et la trahison est un des vices principaux des Moldaves, y compris de ceux qui ont émigré. « Les Moldaves trahissent. C’est pourquoi qu’on vit mal. Le Moldave est capable de te trahir pour un emploi ou pour n’importe quoi d’autre. Il n’y a pas de solidarité entre les Moldaves qui sont à l’étranger », considère Zina Drăguțan. Dans son optique, la Moldavie a besoin de changements profonds, avec un accent particulier sur l’éducation et les réformes fondamentales : «  Les réformes qu’on met en place maintenant sont dictées d’en-haut, mais le peuple en bas doit se réformer, à son tour  ».

Après avoir vécu 18 ans en Italie, elle ne veut pas entendre de questions sur son possible retour en Moldavie. « J’ai peur de la réponse que je peux vous donner. J’ai peur de rentrer. Je ne dirais pas que j’ai tellement changé, mais ma mentalité a fort changé. Je reviendrais avec plaisir dans mon village natal, à Recea, mais personne ne pense aux villages de nos jours. Je reviendrais, je suis même prête à accepter d’avoir moins que j’ai maintenant, à condition de ne pas avoir à affronter la corruption et l’injustice. Or, à l’étranger, je me suis habituée au respect des lois  », a conclu Zina Drăguțan.

A suivre

Source  : https://impulstv.com/video/migratie-prin-generatii-cum-s-au-schimbat-timp-motivele-pentru-care-moldovenii-isi-parasesc-tara/

Le 23 octobre 2017

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