Publicité Votre publicité ici !

Isolés dans la citadelle du silence

0 vote

Lilia et Ion Madan à leurs 32 et, respectivement, 34 ans, ne peuvent pas encore gagner leur vie. En dépit de leur intelligence et leurs formation, ils ne sont pas à leur compte car … ils sont nés sourds-muets et les employeurs les évitent. Sans manifester de la révolte ou du mécontentement du fait de leur discrimination, les deux jeunes ont décidé d’obtenir une nouvelle profession, celle de cuisinier-confiseur, dans l’espoir de trouver plus facilement du travail.

Ignorés par tous les instituts d’état

Lilia et Ion semblent être comme tout le monde, à part le fait qu’ils sont plus émotifs et qu’ils ne peuvent pas faire prévaloir leurs droits. Ils s’aiment, lisent, se disputent, se baladent, mais ils ne peuvent pas entendre et s’exprimer avec des paroles. Ils sont marginalisés, voire agressés de la manière la plus vulgaire, à chaque pas de leur vie quotidienne. Cela concerne surtout Ion, qui aurait voulu faire ses études à une faculté, mais à cause de la barrière de communication, il n’a pas pu le faire en Moldavie où il n’existe pas de conditions d’études et, ultérieurement, d’emploi, pour les intellectuels de cette catégorie.

Chez nous, les sourds-muets font partie des catégories les plus démunies. Sans interprète de la langue des signes, leurs possibilités de s’exprimer sont nulles. Ils peuvent trouver difficilement du travail en qualité de porteur de bagages, éboueurs, femmes de ménages, menuisiers et ouvriers. Même ceux qui ont une profession peuvent arriver dans la rue.

« Je suis spécialiste dans la réparation des machines à coudre et j’ai trouvé difficilement du travail pour une somme dérisoire. Je voudrais obtenir un deuxième métier pour pouvoir travailler dans plusieurs endroits. Ma situation s’est améliorée grâce à la Société des sourds-muets qui, en collaboration avec l’Agence Nationale de l’Emploi, ont organisé un voyage d’échange d’expérience en Suède pour plusieurs spécialistes. Les Suédois ont été étonnés à du degré d’isolation des sourds-muets en République de Moldavie. En Suède, ils bénéficient d’une palette plus large de professions. Après ce voyage d’affaires, les fonctionnaires de l’Agence Nationale de l’Emploi nous aident plus », nous a dit Ion par le biais de l’interprète.

Marginalisés même par la législation

Les sourds-muets sont des personnes douées, talentueuses qui pourraient travailler n’importe où, mais ils n’ont pas de conditions, ni pour la formation, ni pour des activités professionnelles. A l’époque de l’URSS, en Moldavie il y avait pas d’entreprises spéciales pour cette catégorie de personnes. A présent, il y a quelques institutions dans les villes de Chisinau et Balti, tandis que l’accès à celles de Ribnita, Dubasari, Tiraspol et Tighina pose des problèmes. Les droits des sourds-muets ne sont pas du tout respectés. Ils maîtrisent la langue des signes, mais celle-ci est utilisée uniquement entre eux. Les jeunes se considèrent discriminés du fait du manque des droits similaires à ces des autres catégories d’handicapés. De ce point de vue, la législation de la République de Moldavie n’est pas conforme aux normes européennes.

S’ils veulent entrer à une faculté, ils ont besoin d’interprètes qui sont très peu nombreux. A Chisinau, pour 1 250 de sourds-muets il n’y a que 25 interprètes spécialistes de la langue des signes. « Pour les sourds-muets de notre pays, ce qu’on leur raconte à propos de la situation de leur semblables de l’UE, mais aussi de l’Ukraine et de la Russie où ils jouissent de beaucoup plus de possibilités, ça leur paraît un conte de fée. Même dans les Pays Baltes, immédiatement après l’effondrement de l’URSS, on a commencé à former les spécialistes censés travailler avec ce genre de personnes », a mentionné Lilia.

Nos protagonistes, que vont-ils devenir ? Lilia n’a pas de famille qui puissent l’aider, après le décès de sa mère, elle este confrontée à des grandes difficultés. Ion a des parents âgés qui ont besoin d’être soutenus. « Nous avons une société malade, qui ne veut pas comprendre les douleurs des plus tristes », pense leur interprète.

Quand on aime quelqu’un, on apprend sa langue…

“Tous les sourds-muets n’ont pas l’occasion de partir de Moldavie. A présent, il n’y aucune sortie de l’impasse pour eux. Si l’état fixe exprès un nombre de places destinées à ces personnes dans les entreprises, si la législation oblige les employeurs de se retourner envers eux, ils auront une vie plus facile. Les employeurs ne s’imaginent pas avoir de tels subordonés. Evidemment, une barrière de communication existe, mais il faut changer de mentalité à leur égard. Chaque année, de plus en plus d’enfants sourds-muets naissent et ils devront construire leur avenir dans leur patrie”, soutient l’ortophoniste Ludmila Sarbu.

A l’Ecole de métier “L’Ile des Espérances”, il y a un groupe de sourds-muets qui désirent obtenir une profession. Depuis qu’ils sont arrivés ici, ils ont commencé à mieux parler, preuve qu’ils ont besoin d’un milieu qui puisse les accepter. Pour faire un pont d’entente avec ces personnes, il faut les aimer et quand on aime quelqu’un, on apprend sa langue.

La grande chance des jeunes a été le professeur Georgeta Modruci. “Au début des cours, j’avais de grandes émotions, mais à présent je suis contente d’avoir eu cette opportunité. Mes élèves sont très assidus, ils ont un but pour leur vie”, constate Mme Modruci.

Les sourds-muets ont appris d’elle que les sujets de communication peuvent être beaucoup plus variés que ceux relatifs au besoin de nourriture, d’abri, d’emploi, d’assistance médicale, etc. Même s’ils ne sont pas parfaits, nos amis nous disent avoir le droit au bonheur, les vrais sourds étant ceux qui ne peuvent pas entendre avec le cœur.

A mentionner que les sourds-muets de Roumanie, par exemple, disposent de beaucoup d’écoles spéciales, de programmes d’intégration, de protection législative. La législation roumaine prévoit que toutes les institutions publiques doivent disposer d’un interprète pour les sourds-muets, parce qu’ils en dépendent dans leurs relations avec les autorités.

Article par Angelina Olaru, publié sur http://www.timpul.md

Traduction – Olga Bitca.

Revenir en haut
Soutenir par un don