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Valeriu Antoniu, dentiste à Athènes

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Sur le Boulevard Alexandras du centre d’Athènes se trouve la Cour Suprême de Justice, le Commandement Général de Police de Attiki, le stade Panathinaiko, plusieurs hôpitaux d’état, aussi que… le cabinet dentaire du moldave Valeriu Antoniu.

Originaire de Filipeni, Valeriu est revenu dans son village après avoir fini ses études à la Faculté de médicine dentaire en 1995. Comment est arrivé un médecin moldave à soigner les dents des habitants d’Athènes ? On l’apprend dans l’interview ci-dessous.

Dans les années ’90, il a travaillé comme dentiste et comme médecin coordinateur au centre médical du village de Sarata Noua. Là-bas, il a fait la connaissance de Valentina, sa future épouse qui travaillait en tant qu’infirmière. La crise financière de Russie de l’année 1998 qui a affecté la République de Moldavie aussi, a été une des causes qui a fait Valeriu quitter le pays. A cette période-là, beaucoup de Moldaves choisissaient la Grèce comme destination. Valeriu Antoniu a fait pareil.

« Nous sommes en Grèce depuis 12 ans. Voilà comme le temps passe vite, 12 ans… La fin des années ’90 et le début des années 2000 – ce fut une période très difficile pour nous. La plus dure a été la période quand nous n’avons pas touché nos salaires pendant un an. J’avais déjà une famille, un enfant et je ne pouvais pas vivre sans un sou. Je n’étais plus seul, j’avais des responsabilités – j’étais père et mari ».

Le travail en tant que dentiste de village lui rappelle un mélange d’histoires tragi-comiques. « Plusieurs fois, les patients voulaient me donner à la place de l’argent une poule ou une oie. Un jour, je me suis aperçu avec quelques canes à la porte du cabinet, vous comprenez… J’étais dans une situation délicate. Malheureusement, nous n’avons pas pu en profiter car nous les avons oubliées dans le coffre de la voiture pendant quelques jours. Les pauvres canes, elles ont péri… »

En 2000, ils ont décidé d’émigrer. « Les difficultés et les problèmes nous ont fait prendre une décision radicale dans notre vie. Nous sommes venus en Grèce. Au début, nous étions illégalement ici, mais au bout d’une période très courte, en 2001, a été adoptée la loi concernant la légalisation des émigrants. Nous avons eu de la chance, aux côtes de milliers de gens dont le séjour en Grèce a été légalisé à cette époque-là.

Quel emploi avez-vous trouvé et comment a été la période d’adaptation ?

« J’ai travaillé dans différents domaines, surtout dans les constructions. Cela a été très difficile. Pas notamment le travail, mais surtout l’adaptation. Nous nous sommes confrontés à plusieurs problèmes, y inclus au phénomène de la discrimination. Nous n’avons pas été facilement acceptés. Mon chef savait que j’étais médecin et se moquait de moi : « Tu es médecin et tu travailles avec le ciment. Quelle est la différence entre toi et un travailleur ? » Alors, je lui ai dit que j’ouvrirais un jour un cabinet dentaire. J’aime beaucoup mon métier et je n’ai jamais abandonné mon désir de travailler comme médecin dentaire ».

"L’adaptation, intégration et l’étude de la langue nous ont pris beaucoup de temps. Outre ça, les parents, le pays natal, et bien sûr, notre enfant nous manquaient beaucoup. Notre garçon est resté avec nos frères et nos sœurs. Il était trop petit pour comprendre le manque des parents. Pour nous, le plus douloureux a été le moment où notre enfant a demandé à notre sœur de la nommer « mère ». Il commençait à nous oublier. A partir de ce moment-là, nous avons fait tout le possible pour amener l’enfant auprès de nous."

Comment avez-vous réussi à vous affirmer dans la société grecque ?

«  Comme j’ai déjà dit, j’ai eu un but et je devais l’atteindre. J’ai commencé les préparations pour l’équivalence du diplôme. Pratiquement, j’ai commencé dès le début. Il fallait que je me prépare aux examens et il y avait des périodes quand je ne travaillais presque pas du tout. Le revenu de la famille a diminué, tandis que les dépenses devaient être couvertes. A cette époque-là, c’est ma femme m’a fort soutenu et je lui remercie beaucoup pour ça ».

Avec quelles ressources avez-vous ouvert le cabinet ?

« Je l’ai ouvert, en utilisant nos propres ressources, obtenues le long des années de travail. Nous avons pris cette décision sans hésiter – il s’agit de notre travail qui nous nourrit chaque jour. Nos amis ont investi dans la construction des maisons, dans des voitures, mais nous avons décidé de faire un investissement dans l’avenir de notre enfant qui suit, semble-t-il, mes pas. Il a hérité la beauté de sa mère et l’intelligence de son père », ajoute, en souriant, le médecin.

«  Je voudrais ouvrir une parenthèse ici, afin de donner une autre note à notre discussion, plus agréable. Le jour de l’obtention du diplôme universitaire, j’ai fait une blague avec mes collègues, en leur disant que j’inventerai un jour un fauteuil pour les personnes de ma taille, non pas très haute. Les années ont passé et beaucoup de choses ont changé. Mon cabinet dispose d’une des plus modernes technologies. Le fauteuil du patient et le mien son exactement comme j’ai pu les imaginer.

A l’époque soviétique, les fauteuils étaient hauts, je ne sais pas, peut-être certains de mes collègues ont vendu mon idée. En tout cas, je suis content du fait que la technologie, aussi que la médecine dentaire, ont progressé ."

Qui sont vos patients, quels services proposez-vous et à quel prix ?

« Nous avons des patients moldaves, roumains, bulgares et grecs. Nous offrons les meilleurs prix. Comme médecin, je suis obligé de prévenir les patients et de les informer concernant leur santé dentaire. Malheureusement, il y a encore des problèmes à ce chapitre. Les gens ne prêtent pas beaucoup d’attention à leur hygiène dentaire ».

Quelle est la recette de votre succès ?

« Rien n’est pas gratuit. Pour réaliser les buts, il faut travailler assidûment. Nous avons beaucoup travaillé et avec beaucoup de patience. La confiance et le respect réciproque nous a donné le pouvoir d’arriver jusqu’ici et d’aller plus loin ».

Interview de Svetlana Lisagor Vergis, reprise sur le site http://pentruea.md/article/valeriu-antoniu-medic-stomatolog-la-atena-675.html

Traduction – Rodica Istrati.

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