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Une noce en Italie, comme en Moldavie

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Contraints par la pauvreté et la corruption à quitter leur pays natal, nos compatriotes n’oublient pas les traditions ancestrales. Où qu’ils soient, ils restent fidèles aux valeurs culturelles de notre peuple. Un exemple éloquent d’attachement aux traditions d’antan est celui de la famille Tusa, originaire du village moldave de Ciuciuleni, dans le sud de la Moldavie, établie depuis 15 ans déjà à Padoue, en Italie.

Mais la rupture n’a pas du tout été facile… Lilia Tusa : « Au bout du temps, nous avons pris des racines en Italie, nous avons acheté une maison, nous nous sommes habitués à tout ce qui nous était étranger au début, nous avons appris de nouvelles choses, mais le mal du pays a toujours été difficile à affronter… Chaque fois que je rentre en Moldavie, les larmes me jaillissent. Pourquoi ? Est-ce à cause de la joie, de la douleur, de la colère ? C’est à cause de tout, je pleure et je m’apaise. Je pleure, d’un côté, par pitié de ceux qui n’ont pas eu la possibilité de partir et avoir une vie meilleure, car je vois beaucoup de gens tristes en Moldavie, à cause de la pauvreté et des difficultés nombreuses. Mais, d’autre côté, je pleure à cause du fait que je ne peux pas avoir une vie normale dans ma patrie, près de mes proches ».

Avant d’émigrer, Lilia Tusa a été directrice adjointe du lycée de son village natal, mais un beau jour, animée de l’aspiration à une vie meilleure pour ses enfants, elle a décidé de quitter son pays. Une fois arrivée en Italie, ses élèves lui manquaient énormément. Mais le hasard a voulu qu’elle rencontre le prêtre Nicolai et sa femme Maria qui lui ont proposé de s’occuper des enfants de la paroisse de Camposampiero. Voilà donc qu’ensemble avec deux autres personnes Lilia Tusa a réussi à former une équipe réunissant une cinquantaine de membres – enfants et parents - qui, l’an dernier, a décroché le Premier Prix de la première phase du « Festival de la Joie », organisé par l’Evêché orthodoxe roumain d’Italie, puis – le Grand Prix de l’étape finale du festival, déroulée à Rome.

Très attachés aux traditions moldaves, les époux Ion et Lilia Tusa ont décidé d’organiser en Italie la noce de leur fils suivant les traditions d’autrefois de Ciuciuleni, leur village natal. Les jeunes mariés, tout comme le parrain et la marraine ont été d’accord.

Tous les protagonistes de la noce sont de souche de Moldavie : le marié, Petru Tusa, originaire de Ciuciuleni, vit en Italie depuis l’âge de 12 ans, la mariée, Irina Cupeț, est originaire de Petrești, le parrain et la marraine, Gheorghe et Larisa Cherdevara, sont originaires de Ciuciuleni, tout comme les parents du marié, Ion et Lilia Tusa, et la mère de la mariée, Maria Cupeț est originaire de Petrești.

Les 435 invités de divers pays ont pu découvrir de nombreuses traditions de mariage de Ciuciuleni. Le vendredi qui a précédé la noce, la mère du marié a organisé une șezătoare (une réunion des copines) pour préparer les sarmale pour la noce. 15 femmes portant des habits traditionnels moldaves ont fait 6000 sarmale !

Le festin, différemment de la tradition moldave, a eu lieu pendant la journée. L’« armée » du marié est allée chercher la mariée chez elle, après quoi, ils ont accueilli avec du pain et du sel le parrain et la marraine et les « armées » des parents des mariés. Le parrain et la marraine ont été « ornés » de serviettes traditionnelles brodées.

Une tradition inédite de Ciuciuleni c’est « colacul nașei » (« la gimblette de la marraine ») qu’on offre sous une musique particulière - hostropăț. Les mariés et les parrains ne se mettent pas à la table de fête avant qu’on « fasse danser » les coussins qu’on pose sur leurs chaises. Ensuite, c’est le tour de la « gimblette de la mariée », du vol de la mariée, de la danse des mariés…

Un élément très important d’une noce, selon les traditions de Ciuciuleni, c’est « Hora legătorilor », une danse en rond dansée par les invités du marié, de la mariée et des parrains, pendant laquelle la mère du marié et celle de la mariée ornent avec des serviettes brodées traditionnelles les parrains, ainsi que les parrains de ceux-ci, puis, avec des fichus, les invités des parrains et des mariés. De cette façon, on « marque » les gens qui se sont apparentés suite au mariage respectif.

Après, le père du marié offre aux parrains du pain en anneau, en signe de respect pour avoir accepté de devenir des parents spirituels des jeunes mariés. La remise du pain est précédée par « le lavage des mains » des parrains.

Le fil des traditions est clôturé par « desfloritul miresei » (« le dévêtissement de la mariée ») – la mariée dit au revoir à ses parents, frères et sœurs, proches et amies, après quoi sa mère lui offre des fleurs de basilic et bénit la nouvelle famille. Ensuite, la parraine enlève le voile de la mariée et le remplace par un fichu, ce qui symbolise le passage au statut de femme mariée. Le parrain, lui-aussi, enlève la fleur du marié et l’accroche à un de ses amis. Puis, les parrains, les parents et les proches des mariés leurs offrent des cadeaux pour la nouvelle famille.

Et bien sûr les danses traditionnelles et la bonne humeur ne manquent pas !

D’après un article d’Elena Robu repris sur https://elenarobu.md/iata-ce-nunti-fac-basarabenii-in-italia/

Traduit pour www.moldavie.fr

Le 28 juin 2017

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