Nous qui sommes originaires du village de Brînza dans le district de Cahul et qui habitons à présent Chişinău, nous connaissons très bien le mode de vie et l’activité de notre ami, Ion Antohi, qui a 70 ans. Il provient d’une famille riche - ses parents s’appelaient Ana et Dumitru (ou Mitea Botgros, comme tout le monde le nommait dans le village), mais appauvrie lors de la période soviétique. Durant toute sa vie, il a voulu ressembler à ses parents - honnêtes, laborieux et pleins d’amour pour les villageois.
Après avoir terminé l’Institut Agricole de Chişinău, il a travaillé dans son village natal, Brînza, en débutant comme un simple spécialiste des vignobles, des vergers et de l’horticulture, puis en tant qu’agronome en chef, vice-président du kolkhoze et maire du village. Pendant une période, il a travaillé en tant que président de l’Association du district pour l’amélioration et l’irrigation des sols, association dont le siège se situe dans le village voisin, Văleni, devenu le centre des terrains irrigables de la vallée du Prut.
Il est revenu dans son village natal comme président du kolkhoze, ce village qui a été transformé, en passant du statut de localité pauvre à celui d’une des plus riches du district, et même du pays. Il y a fait construire un centre culturel, commencer la construction d’un bâtiment scolaire, renouveler le parc de tracteurs, rénover l’infrastructure, etc. Mais il a renoncé à sa fonction de président à cause d’un malheur qui a frappé la famille : son fils est mort à l’âge de 18 ans dans un accident stupide …
Pus tard, il a été désigné responsable de l’entreprise d’apiculture « Făguraş » du village de Văleni. Il a pris cette fonction avec cinquante familles d’abeilles et il l’a laissée avec quatre mille familles d’abeilles 12 ans après. En 1989, malgré le risque d’être démis de sa fonction, il a été le premier dans son district à déposer une demande pour être libéré des rangs du parti communiste.
Ion Antohi a été le premier directeur de la Réserve Scientifique « Le Prut Inférieur ». Mais les chefs communistes ne lui ont pas pardonné sa désertion du parti communiste. Bientôt, on lui a ouvert un dossier pénal pour désobéissance aux autorités supérieures de gestion de la Réserve. Toutefois, il a eu gain de cause et a été acquitté par la justice. M Antohi a été aussi membre du Conseil de la ville de Cahul et chef de la Direction des services décentralisés.
Mais, avant tout, Ion Antohi reste un véritable patriote et membre actif du Mouvement pour la Renaissance Nationale. Il a participé, avec ses collègues, aux manifestations de la Place de la Grande Assemblée Nationale de Chisinau. Il y a 10 ans, à l’occasion de l’ anniversaire de ses 60 ans, l’ex-président de la Moldavie, Mircea Snegur, lui a adressé un message : « Nous vous connaissons, Monsieur Ion Antohi, comme un grand patriote, un bon maître de maison toujours préoccupé par sa famille, son peuple et son pays. Partout où vous avez déployé votre activité, soit aux postes administratifs, soit dans l’économie nationale, vous avez prouvé votre compétence, votre persévérance, et votre responsabilité. Nous connaissons votre courage civique et votre honnêteté. Vous avez beaucoup contribué au renforcement et à la promotion des forces démocratiques et des mouvements réformateurs. » Nous sommes heureux qu’il soit un homme accompli : son mariage dure plus de 50 ans, sa fille Sylvie est maire du village de Văleni, il a deux petits-enfants d’âge scolaire et un gendre qui est homme d’affaire à Galaţi, en Roumanie.
Nous sommes persuadés qu’il reste toujours plein d’énergie et qu’il contribuera, par son exemple, à l’éducation de la jeune génération. Son rêve est de vivre en Europe, dans un pays libre et démocrate. Voilà ce qu’il disait il y a 10 ans dans le journal “Luceafărul” : « Je suis né dans un pays roumain en 1939. Je ne me souviens plus ni de l’invasion des Russes ni de la guerre qui a suivi. Mais j’ai senti, pendant toute la vie, que j’étais dans un pays déchiré. »
Article signé par plus de 60 villageois de Ion Antohi, publié sur http://www.timpul.md
Traduction –Rodica Istrati. Relecture – Michèle Chartier.