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Un cuisinier moldave en Afghanistan

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A ses 23 ans, Denis Stepanenco cuisine pour l’armée de l’OTAN en Afghanistan. Il avait 19 ans quand il a dit « oui » au défi et il est arrivé en Afghanistan.

« Mon père dirige une entreprise de constructions en Afghanistan. A la demande des soldats espagnols, sa compagnie devait construire une base militaire. Avec le temps, ils ont eu besoin de cuisiniers. Mon père, sachant que je me débrouille bien dans la cuisine (Denis a fait des cours de cuisinier), m’a appelé chez lui », se souvient Denis.

Ayant commencé par être un simple cuisinier, le jeune homme a avancé jusqu’au poste de chef cuisinier qui nourrit maintenant plus de 1500 soldats de l’armée de l’OTAN en Afghanistan. « Au début, j’ai été choqué. Je ne voyais que des hommes barbus avec des armes aux mains. Après être embauché, des gardes du corps m’accompagnent partout », raconte Denis Stepanenco. Il fut également très étonné de voir comment les militaires sont nourris en Afghanistan. « On mange comme dans les restaurants. Rien ne leur manque. Il m’a fallu un certain temps pour apprendre la cuisine espagnole, car au départ, je ne savais préparer que des plats de la cuisine moldave ». Il a été bien surpris de voir à quel contrôle étaient soumis les produits avant d’atteindre la cuisine.

Le rêve accompli en Afghanistan

Il a quitté sa maison assez tôt. Maintenant il a 23 ans, mais il ne regrette pas qu’il a pu réaliser son rêve loin de sa maison. « Je suis heureux là où je suis maintenant. Au début, j’avais des doutes quant à mon travail, mais j’ai joui du soutien des proches qui m’ont encouragé à croire dans mes propres forces et à aller plus loin. »

Denis ne souhaite pas s’installer définitivement à l’étranger. « Je suis un patriote. Je veux épouser une Moldave. Je vais certainement continuer à travailler dans ce domaine, mais pas chez nous. Avec un ami, on souhaite ouvrir un restaurant en Espagne. Des gens à qui je fais confiance y travailleront, et moi, je vais gérer l’affaire depuis la Moldavie. »

Il a 23 subalternes

Est-il dur ? « Oui. Il faut être dur pour gagner le respect des subordonnés. D’autre part, si on n’est pas ami avec le cuisinier, on risque de rester affamé », sourit Denis. Il est fier d’avoir des amis dans presque tous les pays d’Europe et sur d’autres continents. « En dehors du travail, nous sommes des gens sans épaulettes. Tout d’abord, on est des hommes. Être chef cuisinier veut dire diriger l’activité de plusieurs personnes. J’ai 23 personnes qui m’aident à préparer pendant 8 heures 6 plats pour 1500 soldats. »

Un des amis de Denis, ancien militaire de l’OTAN, lui est maintenant beaucoup plus proche que n’importe quel ami d’Europe. Il s’appelle Santiago et il est marié avec sa tante, Svetlana, qui, après avoir fini ses études en Moldavie, est allée en Espagne pour une aventure, mais elle est restée là-bas pour toujours. Ils ont un garçon et ne reviennent en Moldavie que pour visiter des parents. Dans la matinée on est des amis, le soir - on risque de se faire tuer

Il s’agit d’une zone à risque. C’est la guerre. Des attaques à la roquette, des tués et des blessés … Mais la passion pour son travail aide Denis à tout surmonter. « Les Afghans sont très surs d’eux, et en même temps de bons acteurs. Dans la matinée, il peut être ton ami et le soir, tu risques de te faire tuer par lui. »

Denis travaille huit heures par jour, mais pendant son temps libre il fréquente une salle de gym, son occupation favorite. « A sept heures du matin, je vais à la salle de gym. On a aussi du billard, du tennis de table, un salon de massage, un salon de coiffure, des restaurants et des discothèques. » Rien ne manque aux soldats, à l’exception des filles qui pourraient embellir l’ambiance. « Il y a quelques femmes parmi nous – des médecins, des secrétaires, des pilotes, etc. Mais toute relation amicale avec elles est interdite. »

La maison lui manque

Presque tous les membres de sa famille sont à l’étranger. Ils sont partis l’un après l’autre. Au début, son oncle est parti pour l’Espagne, puis - sa tante et sa sœur aînée qui travaille dans un salon de coiffure. Lui et son père, ils sont en Afghanistan. Seules sa mère et sa sœur cadette qui est étudiante sont restées à la maison.

Mais, grâce à ses grands-parents et à la nostalgie du pays ils se sont réunis après tant d’années. « C’est pour la première fois que nous nous sommes réunis tous à la maison. Nous sommes une grande famille et je suis heureux de pouvoir mettre sur la table des plats préparés par moi-même. J’aime donner de la joie à mes proches. En plus, je suis heureux de pouvoir laisser ma mère se reposer. En fait, c’est elle qui m’a enseigné l’art de la cuisine. Depuis l’enfance, je l’admirais pendant qu’elle faisait des merveilles dans la cuisine ce qui m’a fait rêver au métier de cuisinier », dit Denis avec nostalgie. Même s’il a essayé des dizaines de recettes exotiques, son plat favori reste les pâtes au foie gras. « C’est la première recette que j’ai préparée et que j’adore aujourd’hui encore », dit Denis Stepanenco. Article de Ana Babin, repris sur le site http://ziar.jurnal.md/2012/08/21/bucatar-moldovean-in-afganistan-oameni-buni/

Traduction –Liliana Anghel.

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