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Tatiana Babuc : un dévouement pédagogique admirable

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Tatiana Babuc et ses anciennes élèves se rappellent les beaux moments d’autrefois : presque 40 ans qu’elle fait découvrir aux élèves du lycée “Mircea Eliade“ pas seulement la beauté de la langue française, mais aussi les principes qui l’ont guidée pendant toute la vie – intégrité, bonhomie et engagement pour tout ce qu’elle fait.

Tatiana Babuc

Entretien par Liudmila Corlateanu

Mme Babuc, maintenant ayant tant d’expérience, pourriez-vous nommer trois qualités essentielles pour devenir un bon professeur ?

Premièrement, il faut aimer les enfants, il faut aimer le monde en général. Deuxièmement, on ne peut pas être professeur si on n’est pas responsable, responsable pour la génération que nous éduquons. Même si les enfants ont grandi et ont abandonné l’école, ils restent pour nous des enfants. Le vrai professeur essaie de suivre leur vie jusqu’à la fin, tant qu’il est vivant. Et la troisième qualité, je dirais le professionnalisme, parce que si le professeur n’est pas un professionnel, il ne sera jamais respecté par les élèves.

Quelles méthodes utilisez-vous pour que vos élèves apprennent le français avec plaisir ?

Je voudrais mentionner que je suis passionnée par l’étape de présentation qui n’est que le signe de bon commencement de la leçon. L’introduction dans le travail acharné de la leçon dicte le tempo de la leçon et, comme les Moldaves le disent, « pareil au beau jour qui se voit dès le matin, la bonne leçon se voit dès l’étape de présentation ».

Voilà pourquoi j’essaie de composer toujours quelque chose d’extraordinaire pour captiver l’attention des élèves, mais aussi pour les surprendre par une activité improvisée, parfois pas seulement par moi, mais aussi -pourquoi pas - par les élèves. Ils sont souvent plus ingénieux que les professeurs et le font d’une manière excellente. Ensuite, dans les classes supérieures, je suis passionnée par le travail sur la poésie. J’ai eu des élèves qui ont participé aux concours internationaux en France, par exemple, en 2008, Zuza Victoria a gagné la 1re place pour sa poésie.

Cette année on va recommencer, on va renouveler cette participation parce qu’il y des talents.

Comment éviter l’ennui et la monotonie pendant le travail sur le texte, par la lecture ou la traduction ?

La lecture en classe peut aussi être captivante. Il faut simplement passer à la lecture analytique. Grâce à cet exercice, les enfants comprennent le texte du point de vue grammatical, stylistique et du point de vue de la richesse du vocabulaire, surtout quand le texte touche leur âme.

Je dois avouer que parfois je rejette le manuel et je choisis d’autres textes qui sont beaucoup plus attrayants et alors les élèves ont des yeux qui brillent et je vois l’intérêt de parler et de discuter – voilà la méthode pour gagner l’âme de l’enfant, enrichir son vocabulaire, lui faire exprimer ses pensées. Je voudrais toujours apprendre aux enfants à réfléchir sur le texte et juger les situations de notre vie.

Est-ce que c’est difficile d’intéresser tous les élèves d’une manière égale ? Qu’est-ce que vous appréciez le plus chez vos élèves ?

Je suis une règle simple : je n’ai pas d’élèves préférés et je discute avec le même respect avec tous les élèves. J’aime les enfants intelligents et les enfants travailleurs. Le grand travail et l’attitude de l’enfant – c’est ça que j’apprécie le plus !

Tous ne vont pas devenir des génies, mais chacun doit faire son métier d’une manière très responsable. N’oubliez pas que les enfants intelligents sont parfois le résultat d’une éducation grâce à l’apprentissage en famille, soutenu parfois par les répétiteurs. Moi, je soutiens les enfants qui n’ont pas de répétiteurs, qui me regardent ouvertement dans les yeux et qui absorbent toute l’information et qui travaillent pour obtenir quelque chose et devenir quelqu’un dans la vie.

Je suis sévère avec mes élèves, mais j’offre toujours une autre chance pour qu’ils se corrigent . Si l’élève se prépare bien pour sa leçon, il va se préparer pour son travail et il va faire quelque chose de bon pour la société.

Etant professeur de langue française, croyez-vous que l’intérêt pour la francophonie est en train de s’éteindre en Moldavie ?

Cela se ressentait à une certaine période, mais actuellement il faut reconnaître que les élèves de Moldavie vont étudier en France et dans les autres pays francophones. Dans le lycée Mircea Eliade ou la langue anglaise est la 1re langue étrangère étudiée, il y a beaucoup d’élèves qui continuent quand même leurs études dans les pays francophones. Cela veut dire que l’intérêt pour la langue française est grand et que mon travail n’est pas vain.

Quelle est votre devise dans la vie ?

J’ai la même devise dans ma vie professionnelle et dans ma vie privée : par des sentiers ardus jusqu’aux étoiles ! (lat. Per aspera ad astra).

Samedi dernier (2 février) a eu lieu la rencontre des anciennes promotions. Comment vous sentez-vous quand vos élèves ont du succès ? Etes-vous consciente qu’il y a une partie de vous investie dans ces enfants ?

Ma relation avec les anciens élèves, je la garde soigneusement. Ce que je sens, je ne le leur dis pas, mais quand ils me le parlent ouvertement, je suis vraiment au ciel. Ce n’est pas mon habitude de me vanter, je suis courageuse et en même temps timide.

Avec un peu de retard, mais pas moins cordialement, les anciens élèves félicitent Mme Babuc à l’occasion de son jubilé et lui souhaitent une bonne santé et des forces pour élever la nouvelle génération. Leurs déclarations ne sont que l’expression de la reconnaissance la plus profonde pour son travail assidu.

Quelques témoignages

Viorica Fulga : Mme Babuc, je vous dois mon titre scientifique parce que vous m’avez directement poussée vers cela, vous m’avez encouragée ! Merci beaucoup pour votre soutien continu !

Julia Hüchtemann (Malai) : Bien sûr, Mme Babuc a ses secrets, mais quand il s’agit de discuter quelque chose qui vient du fond du cœur, ça se passe ouvertement. Elle est toujours sincère avec nous, elle ne peut pas cacher ses émotions, elle est une âme émotive et c’est pour ça que je l’aime et je ne l’oublierai jamais.

Natalia Cojocaru (Chirca) : Tout le monde dans notre classe parlait français, car Mme Babuc a réussi à éveiller l’intérêt pour cette langue. Son dévouement pour les enfants et la discipline enseignée nous a marqués profondément. A présent, mon fils Cezar est aussi son élève et je suis sûre qu’il ne va pas seulement parler bien le français, mais aussi penser d’une façon distinguée.

Victoria Zuza : Ma professeure de français sait mettre l’accent sur les choses importantes et transformer les défauts en avantages. Mme Babuc est assez sévère et exigeante, cependant peu à peu j’ai compris que grâce à cela il est possible d’atteindre les résultats désirés ; pour cela je la remercie vivement.

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