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Şezătoarea (les assises)

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Les traditions populaires, par leur essence, expriment éloquemment la psychologie et le for intérieur du peuple, de même que ses préoccupations traditionnelles. Chaque coutume a ses racines lointaines, puisées dans l’histoire, se manifestant dans une forme ciselée.

Parmi les traditions moldaves d’antan - şezatoarea (les assises) - qui était dans le milieu rural un très efficace moyen d’éducation collective des jeunes.

Şezătoarea était une opportunité parfaite de combiner le travail et la distraction. Les Moldaves pratiquaient traditionnellement l’agriculture, l’élevage et l’artisanat. Il est évident que ce genre d’occupations demande plus de travail actif pendant la période chaude de l’année. En hiver, les paysannes moldaves se consacraient surtout à la fabrication de la dot de leurs filles à marier.

D’ailleurs, les filles y étaient impliquées, elles-aussi. Pour que le travail soit effectué dans une atmosphère agréable, plusieurs filles se réunissaient dans une maison. D’habitude, elles allaient chez une des filles qui tissait, car, certainement, il n’était pas possible de faire déplacer ailleurs le métier à tisser. A part cela, le tissage demandait que deux ou trois filles y travaillent en même temps.

Métier à tisser médiéval en Europe

Chaque fille amenait aux assises quelque travail à faire : à broder, à crocheter, à filer de la laine, à pelotonner, etc. Des gars y venaient faire compagnie aux filles. Ils tressaient des fouets ou faisaient quelque autre travail.

Certains y venaient tout simplement raconter des histoires et amuser les filles, d’autres organisaient divers jeux. Ceux qui savaient jouer aux instruments musicaux, les y amenaient et jouaient de la musique à danser. D’ailleurs, on considère que c’étaient justement aux assises que les Moldaves ont commencé à danser en couple (traditionnellement, on dansait en ronde). Şezătoarea était un moyen parfait de faire perpétuer les chansons populaires, car les jeunes y chantaient beaucoup de chansons transmises de père en fils. La bonne humeur y régnait.

C’est aux assises que les jeunes filles confectionnaient leurs costumes traditionnels de fête. Chacune voulait que sa blouse soit la plus jolie et la plus riche en ornements, que sa jupe soit la plus fine, le fichu le plus immaculé pour qu’au printemps, lorsque les fêtes foraines recommenceraient, elle soit la plus belle.

C’est aux assises que les jeunes hommes remarquaient les filles les plus laborieuses, les plus habiles, qui se distinguaient par la qualité de leurs ouvrages et promettaient d’être de très bonnes épouses. C’était donc là que naissaient beaucoup de relations sentimentales se soldant par le mariage. A noter que les histoires d’amour étaient, d’une certaine façon, dans le viseur des villageois, ce qui excluait tout écart des normes morales traditionnelles.

Şezătoarea répondait au besoin vital de la communauté de combiner le travail avec les distractions collectives. Plus tard, quand l’industrie ménagère fut enclavée par celle sociale, quand il devint plus facile d’acheter la dot des filles que de la confectionner, les assises restèrent plutôt une réunion où l’on pratiquaient des activités telles que le crochet, le tricotage, la broderie, le tressage en fibres végétaux.

Quand des maisons de culture furent construites dans les villages moldaves, les jeunes s’y réunissaient, les assises authentiques disparaissant graduellement. A présent, şezătoarea ne fait que le sujet des spectacles folkloriques.

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