
Il s’agit de la maison-musée « Casa Părintească » (« Le foyer paternel »), un endroit qui se distingue par son authenticité et qui doit son existence à Tatiana Popa, une femme de 80 ans au visage lumineux et regard doux.
Tatiana Popa est spécialiste en culturologie et elle a travaillé dans une station thermale où elle pratiquait l’art-thérapie. Pendant des dizaines d’années, elle a dirigé des troupes musicales et a semé l’amour de l’art et de la culture chez des jeunes générations. Depuis près de deux décennies, elle offre aux gens la possibilité de plonger dans les traditions et les coutumes ancestrales de la maison dans laquelle elle est née et dont elle a été séparée de nombreuses années.

Assise sur un banc, elle aime raconter aux visiteurs comment la maison familiale est devenue un musée et un centre d’artisanat. « C’est la maison de mes parents et grands-parents. Ici, en 1912, ma mère est née. Moi-aussi, je suis née ici, mais en 1945 (j’avais 3 ans), nous avons été expulsés à cause des répressions politiques qui ont détruit une famille sur trois. La nôtre a également été détruite.
A cette époque-là, c’était le système soviétique et, de 1945 à 2000, cette maison a été le siège de l’NKVD, de la mairie, du kolkhoze, et seulement en 2000, après la réhabilitation post-mortem de mon père, j’ai pu récupérer notre maison. Elle était en ruines… Tout a été dévasté ici. Le toit était effondré, comme le plafond dans certaines chambres… », raconte avec tristesse l’hôtesse.
Après avoir habité dans plusieurs villages, lorsque sa famille a regagné la maison, Tatiana Popa a décidé de lui redonner la vie pour garder vivant le souvenir de ses parents non seulement dans son esprit, mais aussi le partager avec d’autres.
« Après le camp de déportations, jusqu’en 1968, nous avons changé plusieurs villages, car nous n’avions pas le droit de vivre quelque part pendant plus de deux ans. Puis, j’ai acheté une vieille maison où mes parents ont vécu leurs derniers jours.

J’ai ouvert ce centre artisanal qui est aussi un musée, mais à part les mannequins vêtus du costume national, rien ne rappelle ici que ce soit un musée. C’est fait intentionnellement, comme si les maîtres de maison de la fin du XIXe siècle venaient d’en sortir pour que le visiteur qui entre dans la maison se retrouve dans l’ambiance traditionnelle de nos ancêtres », explique Tatiana Popa.
« Il y a différents ateliers ici. Nous initions les enfants du village et les femmes sans travail à l’artisanat. Nous avons revigoré une technologie du tissage de tapis du XIIe siècle - « bunghi » - qui risquait de passer dans l’oubli.

Nous faisons des cours d’été pour les enfants du village. La cour de cette maison est grande et elle devient souvent un lieu de loisir. Il y a aussi une maisonnette dans un arbre — un rêve d’enfant ! »
Juste à côté de la maison se trouve une église en bois qui a plusieurs centaines d’années. Tatiana Popa cultive dans son jardin diverses plantes. « Je cultive des plantes bibliques, médicinales que je fais sécher et que les gens peuvent acheter. Je fais toute sorte de confitures ».

Tatiana Popa est un promoteur actif des valeurs, traditions et coutumes nationales. Elle travaillé avec abnégation pour partager aux jeunes ce qu’elle sait soit à travers le musée qu’elle anime, soit à travers les livres qu’elle a écrits.
« Je suis heureuse de pouvoir offrir aux jeunes des moments de retour aux racines. J’y crois. J’espère que ce que je fais ait de la continuité ».
La richesse des quelques pièces de la maison ne peut être décrite avec des mots. On peut l’admirer pendant des heures. C’est la paix et la tranquillité ici. Rien d’autre.

D’après un article d’Octavian Graur publié sur https://gazetadechisinau.md/2022/07/15/casa-parinteasca-altarul-vietii-noastre/?fbclid=IwAR2roM3xSl-2epMopsIXDtTHx6nq3xwgM2ZJAcpzMqBe77pvrw8bbXRh5-I
Le 21 juillet 2022