Il y a 32 ans, un nouvel pays apparaissait sur la carte du monde : la République de Moldavie qui, pour assurer le fonctionnement de l’État, a dû mettre en place tous les attributs nécessaires, y compris la monnaie nationale.
La mise en circulation du Leu a constitué pour la Moldavie le premier pas vers l’économie de marché, les réformes économiques et la politique monétaire indépendante.
Avant l’indépendance, comme les 14 autres républiques de l’ex-Union soviétique, la Moldavie utilisait le rouble soviétique et, une courte période de temps après la proclamation de son indépendance, le pays avait imprimé ses propres « coupons » avant d’introduire la monnaie nationale.
Le 29 novembre 1993, avec le soutien du Fonds monétaire international (FMI), la Banque Nationale de la Moldavie a mis en circulation le Leu moldave. Partant d’un taux de change de 3,85 lei/1 USD, le Leu a réussi à garder une relative stabilité au cours des cinq premières années depuis son introduction, malgré des conditions économiques difficiles.
Cependant, dès les premières années de son existence, le Leu a dû faire face à des défis importants. Au moment de la mise en circulation de sa propre monnaie, la Moldavie enregistrait un fort déclin économique. L’inflation était extrêmement élevée (1 283 % en 1993), comme le déficit budgétaire de l’État (environ 5 à 8 % du PIB). La dette extérieure de la Moldavie a commencé à s’accumuler à un rythme rapide. Au cours des 25 années suivantes, la dette extérieure atteindra le niveau impressionnant de 6,7 milliards de dollars (fin 2017), soit à peu près 100 % du PIB.
Au cours des premières années d’existence du Leu, la Banque Nationale de la Moldavie a mené une politique monétaire très restrictive. Les taux de refinancement des banques commerciales avaient atteint des niveaux sans précédent (377% en mars 1994). Les réserves obligatoires pour les banques commerciales étaient maintenues à des niveaux très élevés (28 % en 1994, par exemple).
Le taux de refinancement a ensuite été assoupli et le niveau des réserves obligatoires a été réduit de 12 % fin 1995 à 8 % fin 1996. Grâce aux résultats atteints dans la mise en œuvre des réformes, la Moldavie a pu bénéficier, dans les années 90, de conditions favorables dans ses relations avec les agences internationales. Au fil des années, le Leu moldave a dû faire face à divers défis, notamment aux crises économiques en 1998 et 2014. La dette extérieure, qui a atteint environ 100% du PIB en 2017, aux côtés des problèmes du secteur bancaire ont eu un impact significatif sur le Leu.
Un autre défi majeur a été la Transnistrie : ce territoire séparatiste possède son propre système monétaire, ce qui se répercute sur le statut du Leu.
Dans le contexte des scandales financiers, tels que la « laverie russe » et la fraude bancaire de plus d’un milliard de dollars, le Leu a subi une dépréciation, fait qui a mis en évidence la fragilité de la monnaie face aux événements extrêmes.
En même temps, la Moldavie a largement bénéficié d’envois de fonds de la part des Moldaves travaillant à l’étranger, estimés à 1,3-1,4 milliard de dollars par an au cours des dix dernières années. Ces envois de fonds représentaient à certaines périodes jusqu’à 20 % du PIB moldave, mais cet argent était principalement utilisé pour la consommation, sans avoir une contribution significative au développement économique.
Or, la brève histoire de la transition de la Moldavie vers une économie de marché et de sa monnaie nationale est sans doute le reflet des politiques économiques, fiscales et monétaires, y compris celles mises en place dans le contexte international.
Le 29 novembre 2023