- Les politiques pro-roumaines et pro-soviétiques se sont succédées dans l’histoire et l’inversement territorial de la Moldavie est aujourd’hui vérifiable :
- il n’existe plus l’ouverture maritime du temps de la Bessarabie ;
- les connexions historiques avec la Roumanie sont devenues rares ;
- les incompatibilités techniques demeurent, en particulier dans les chemins de fer (gabarits et électrification) ;
- seul, l’aéroport de Chisinau permet un accès au ciel européen mais il est en concurrence avec l’aéroport de Iasi, capitale provinciale de la Moldavie roumaine.
C’est le « paradoxe moldave » : celui d’être au cœur de l’Europe, au sens géographique du terme, et avoir été mis à l’écart du processus de développement continental, faute de structures et à cause de politiques contradictoires.
Organisation des réseaux d’infrastructure en Moldavie
Les réseaux routiers et ferroviaires moldaves différent par leur structure et leur répartition géographique.
La différence entre réseau routier et réseau ferroviaire est frappante en Moldavie, comme s’il s’agissait de deux pays différents, avec des plans de déplacements distincts.
Le réseau routier est structuré en « étoile » dont le centre est Chisinau. Ce schéma est à l’image de la centralisation politique qui existait dans ce pays avant son indépendance.
Ces liaisons permettent d’absorber la majorité du trafic interne actuel, mais risquent de se trouver rapidement saturées.
Le réseau des routes locales fut le premier à être formé, et a été ensuite intégré au réseau routier international : le schéma en « étoile » se distingue par 4 grands axes nord-sud et est-ouest avec en plus, un axe latéral allant du nord au sud de la Transnistrie.
Au contraire de la route, le réseau ferroviaire ne connaît aucun centre névralgique en Moldavie. Le réseau est dans la continuité du réseau ukrainien et fait fi des frontières en passant d’un pays à l’autre selon les facilités géologiques, n’adoptant que trois points de passage vers la Roumanie (dont un seul au gabarit ISO). C’est un schéma de fin de lignes.
De grandes zones restent non desservies par le rail.
Il faut ensuite noter que Chisinau n’est qu’un lieu de passage parmi d’autres. L’absence de chute de ligne ne permet pas à la capitale moldave d’assurer son rôle centralisateur qu’elle possède avec le réseau routier.
En ce qui concerne les voies navigables, la Moldavie possède un petit réseau pouvant être utilisé dans les axes nord-sud et dans le transport international.
L’état actuel des infrastructures
Le manque d’investissements publics depuis la période de la perestroïka a eu pour résultat de laisser une infrastructure désuète et sujette à incidents.
La démonstration de la désuétude des infrastructures est simple à faire. En regardant les statistiques de transport depuis 1985 (début de la perestroïka), on constate une diminution chronique du fret et une répartition modale trop favorable à la route.
Les tendances principales observées dans l’histoire récente des transports routiers sont :
- Un déclin spectaculaire des volumes de transport depuis 10 ans (réduction de 90 % en volume, de 80 % en tonnes-km et de 85 % en nombre de passagers) ;
- Une augmentation considérable du nombre de voitures (de 170 000 Ã 260 000 en 6 ans) ;
- La détérioration progressive des infrastructures en raison du manque de financements (détérioration des revêtements et des trottoirs, absence générale d’accotements stabilisés et de signalisation horizontale, qualité médiocre des réparations et niveau d’entretien hivernal insuffisant).
- Le ralentissement des échanges en termes de fret et la diminution des voyages pour les passagers montrent un manque de confiance dans les infrastructures du pays, aussi bien en termes de qualité que de sécurité et que de coût de transport, devenu au fil du temps très prohibitif.
- L’entretien et la réparation des routes est souvent médiocre en raison du sous-financement public chronique aboutissant à une politique d’achat de matière première de mauvaise qualité, de sous-qualification des ouvrier et de leur encadrement.
Les connexions extérieures
La Moldavie est un pays enclavé aussi bien au niveau géographique (pas d’accès maritime) qu’au niveau des infrastructures (déplacements difficiles). Parmi ces problèmes, on constate l’absence chronique de passage vers l’extérieur ou leur limitation extrême (pont sur le Prout avec limitation de tonnage, changement de bogies pour les trains) et l’obstacle transnistrien vers l’est.
Si ce dernier relève de la détermination politique, la question de l’infrastructure dépend plus d’un manque d’investissement en équipement :
- les frontières constituent des goulets d’étranglement où les délais d’attente dépassent les six ou huit heures ;
- les infrastructures sont dangereuses et certains axes de transit sont en surcapacité.
A la fin des années 1990 la Moldavie était donc un pays à reconstruire dans sa totalité. La chance de cet état de fait est qu’il était possible de repenser complètement les réseaux afin d’offrir aux Moldaves des plans de déplacements adéquats et d’intégrer la Moldavie aux grands itinéraires européens.
Vincent Lecot
Janvier 2006