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La situation socio - économique et les relations familiales conflictuelles sont les causes principales qui font partir les Moldaves à l’étranger

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Interview accordée à l’Agence DECA- presse par Christian Ferrier, le coordinnateur général de l’Association „Médecins du monde” (www.medecinsdumonde.org).

Christian Ferrier

- Dans quel domaine votre filiale en Moldavie exerce-t-elle son activité ?

- L’Association « Médecins du monde » exerce son activité en Moldavie depuis 2003. Mais pourtant, on n’a pas réussi à obtenir de statut officiel en Moldavie. L’année dernière, on a initié un projet de prévention du trafic humain et de suivi de victimes originaires de la région du nord de la Moldavie. C’est, dans ce domaine, le premier projet élaboré par l’Association « Médecins du monde ».Comme la Moldavie figure dans tous les rapports en tant que pays vulnérable sur ce chapitre, on a décidé de réaliser le projet ici.

- Quelle est l’importance de ce phénomène en Moldavie, d’après vos statistiques ?

Il est difficile d’avancer des chiffres exacts. On n’a pas de données statistiques précises, parce que les personnes-victimes du trafic quittent illégalement la Moldavie et, ensuite, reviennent de la même manière. L’Organisation Internationale pour la Migration estime que dans les 10 dernières années il s’est fait le trafic d’environ 100 mille personnes originaires de Moldavie ; la même organisation a aidé prés de 1700 victimes du trafic humain à retourner dans leur pays. D’après les statistiques, la plus grande partie des victimes du trafic provient des familles où la violence est présente. Ces personnes envisagent mal de réaliser leur existence en Moldavie et essaient de fuir la réalité sans s’être informées, devenant ainsi des victimes du trafic.

- Est-ce que les autorités moldaves mènent un combat efficace contre le trafic humain ?

- A mon avis, le cadre législatif et administratif est bon, aussi bien au niveau central qu’au niveau local. En Moldavie, plusieurs organisations internationales exercent leur activité dans ce domaine tout en collaborant avec les autorités locales. De nos jours, la collaboration existe, mais de facto elle est peu efficace. J’ai constaté qu’en Moldavie, en gros, la coopération du secteur associatif avec les structures gouvernementales n’est pas évidente.

- Est -ce que le niveau de préparation professionnelle des assistants sociaux et du personnel médical moldave est suffisant pour leur permettre de s’impliquer dans le processus contre le trafic ?

- Même si on n’a effectué que quelques « tournées » dans les « rayons » (unité administrative moldave) du nord de la Moldavie, cela m’a suffi pour observer que les assistants sociaux sont peu nombreux et, donc, n’ont pas la possibilité d’assurer le service pour la population. Ce problème est plus grave dans les localités rurales. La nouvelle législation de l’assistance sociale, selon laquelle depuis cette année on va engager entre 15 et 20 assistantes sociales dans chaque « rayon », va pouvoir corriger ce défaut. En même temps, les assistants sociaux moldaves ont besoin d’une préparation spécifique, liée au trafic humain, qui leur permettra d’accorder une assistance adéquate aux victimes. Pour un médecin, il est difficile de dépister si une personne a été ou non l’objet d’un trafic. Les victimes n’abordent pas ouvertement ce problème. Mais il y a certains symptômes que les personnes-victimes peuvent présenter et les médecins doivent les connaître.

- Vous croyez que la campagne d ‘information de la population au sujet de la prévention du trafic humain est suffisamment organisée ?

- Les campagnes d’information menées par les mass media et les organismes non gouvernementaux ne sont pas suffisantes. Dans les localités rurales, il existe des facteurs locaux qui favorisent un contact direct avec les victimes, soit avec les victimes potentielles du trafic. Parmi eux, il y a les médecins de famille, les prêtres, les professeurs, les policiers. Je crois qu’on devrait informer les jeunes à partir de l’âge de 10-12 ans sur les risques du trafic humain.

- Pourquoi le trafic humain gagne-t-il du terrain en Moldavie ?

- Le trafic humain n’est pas un phénomène spécifique touchant la seule Moldavie. Il existe aussi dans d’autres pays. Dans les pays vulnérables au trafic humain, les gens croient que dans les autres pays c’est beaucoup mieux que chez eux. La situation socio- économique du pays et les relations familiales conflictuelles sont les causes principales qui déterminent beaucoup de Moldaves à émigrer. La corruption, elle aussi, est un facteur décisif qui favorise l’émigration des Moldaves.

Article publié sur www.deca.md le 19 janvier 2007, traduit par Alexandru Levinschi et corrigé par Michèle Chartier.

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