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La cuisine du monde : entre la Moldavie et Arbent

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Article de Nina Simileac, étudiante à l’Université d’Etat de Moldavie, Département de Philologie Française, stagiaire au Centre Social et Culturel « Les Epicéas » d’Arbent, en France

Située dans le massif jurassien, à la porte du parc naturel régional du Haut Jura, la ville d’Arbent est un coin pittoresque et tranquille, avec ses traditions, habitudes et, bien sûr, les spécialités de la région – le fromage « Comté » et le vin « Le Crémant du Bugey ».

L’un des établissements les plus importants pour les Arbanais, qui et aussi sa fierté, c’est le CSC « Les Epicéas », dirigé par M.Guy Guenroc. C’est notamment à cet établissement que moi, boursière de l’Agence Universitaire de la Francophonie, passe actuellement un stage professionnel, dans le domaine de l’Éducation.

Lyon. Congrès des CS. Parmi les representants du CSC d’Arbent. Juin 2013

Les derniers 7 ans de ses 25 années d’existence, le Centre a développé une bonne tradition, beaucoup aimée par les gourmands de la ville et qui se déroule 7 fois par an. C’est La cuisine du monde, une activité qui réunit les amateurs des cuisines mondiales, dans le désir de découvrir les plats traditionnels de chaque pays. Avant, les Arbanais ont déjà eu l’occasion de découvrir un peu la cuisine espagnole, italienne, portugaise, etc.

Cette année-ci, pour la fermeture de la saison (le 29 juin 2013), les responsables de La cuisine du monde m’ont offert la possibilité de présenter la Moldavie et j’ai accepté la proposition avec plaisir. Je devais alors initier le public à la cuisine moldave, puisque les gens étaient intéressés à apprendre plus d’informations sur un pays peu connu jusqu’alors.

Le menu pour la dernière « Cuisine du monde » était prévu très varié : les plats de Cambodge, Bretagne, Espagne, de la région de l’Ain, ayant en tête le plat principal – celui de la Moldavie. Comme la cuisine de notre pays est très riche, il n’était pas si facile de choisir un seul plat par lequel j’aurais pu montrer les spécificités culinaires de ma belle Moldavie. Jusqu’à la fin, j’ai décidé de préparer notre fameuse « zeama », bien connue par tous les cordons bleus des Balkans.

La grande dégustation.

On a fait les courses ; j’ai du changer certains ingrédients, car les Français ne savent pas ce que c’est que « le borch aigre » ou la livèche, sans lesquels la zeama n’est qu’une simple soupe. Quand même, j’ai trouvé une solution, en les remplaçant par le jus de citron et le céleri. Pour les ingrédients, tout était alors décidé, mais il fallait encore penser à la quantité, car je devais préparer 40 – 50 portions, ce qui est devenu un vrai examen pour moi, mais pour lequel j’ai essayé de me préparer bien.

On a décoré la salle où l’événement devait se passer avec un drapeau improvisé, des livres sur la Moldavie (trouvés par hasard à la bibliothèque) et quelques objets provenant de la Moldavie, apportés par Jacques et Geneviève Renner, qui ont fait plusieurs visites dans notre pays en qualité des membres de la GREF.

Et voilà que le jour de La cuisine du monde est arrivé. Beaucoup de monde est venu pour m’aider à la préparation du plat moldave mystérieux. Pour eux, ce n’était qu’une soupe. Tous passaient, en regardant sous le couvercle de la cocotte, avec un intérêt initiatique, la zeama qui cuisait. Je me disais alors dans mes pensées : « Attendez, dès la première cuillerée, quand les arômes des herbes s’entremêleraient aux autres ingrédients, vous allez comprendre ce que c’est que la Moldavie ».

La zeama moldave- mon plat mystérieux.

Ensuite, le temps de l’examen à la fois culturel et culinaire est venu. Au début, j’ai fait la présentation de mon pays, peu connu pour eux, situé entre la Roumanie et l’Ukraine et qui continue à faire face aux influences des grandes puissances. Les invités ont alors appris que la Moldavie est une petite république démocratique parlementaire, orthodoxe, connue dans le monde entier pour son hospitalité et son vin. Ils s’intéressaient à mes occupations de base en Moldavie, à mes idées sur l’avenir du pays et sur les possibilités des gens de s’y affirmer. De même, on s’est renseigné à propos de mes impressions sur la France et ses habitants. Ce petit dialogue culturel m’a fait penser aux origines latines de nos deux peuples et à notre présent francophone commun.

Vers la fin du repas.

Pour ce qui est du plat, il a été reçu très bien et j’ai même eu quelques demandes de la recette. Plus tard et pour changer un peu l’atmosphère, on a proposé à l’écoute des invités un fragment du récit du philosophe – écrivain moldave Victor Banaru « Le Mal des Mots », qui a éveillé une gamme d’émotions positives et mélancoliques chez les Arbanais.

Un fragment du « Mal des Mots » de V. Banaru, récité à Arbent

Une fois le repas fini, j’étais sûre que les gens quittaient le Centre ayant dans leurs esprits une curiosité naissante pour la Moldavie, car, en une seule soirée, ils ont appris non seulement son existence, mais aussi des choses intéressantes sur sa culture et son peuple.

Toutefois, les Arbanais n’étaient pas les seuls qui ont eu à découvrir un pays. Après avoir entrepris, à mon tour, la découverte de la France – Lyon, Arbent, Bourg en Bresse (un séjour captivant de 7 jours à Paris m’attendant encore), c’était mon tour de m’initier à la fameuse cuisine française. De l’ail, du beurre, du persil et… des grenouilles ! Tous les ingrédients bien cuits - pour les Moldaves c’est un plat étrange -, mais après le merveilleux repas dans une bonne compagnie, je peux le dire franchement – c’est très très bon ! Je continue à découvrir la France et ses spécialités, mais Arbent va rester toujours pour moi le lieu où j’ai commencé mon chemin initiatique, dans ce pays riche en histoire, culture et gastronomie.

De l’ail, du beurre, du persil et… des grenouilles. Délicieux !!!

L’auteure de cet article remercie profondément le Directeur du CSC « Les Epicéas » d’Arbent, M. Guy Guenroc, ainsi que toute l’équipe de l’Institution, pour l’accueil chaleureux et le soutien tout au long du stage. Ses remerciements vont encore aux amis français, M. et Mme Jacques et Geneviève Renner et Mme Michèle Chartier, professeurs et membres du GREF, beaucoup attachés à la Moldavie et grâce auxquels ce stage est devenu possible.

Merci également à l’Agence Universitaire de la Francophonie (BECO de Bucarest et Antenne de Chisinau) pour le subside de stage professionnel octroyé et au Département de Philologie Française de l’Université d’Etat de Moldavie, en la personne de M. Ion Gutu, Directeur, et Mme Oxana Capatina, responsable des Relations Internationales, pour le soutien administratif ponctuel et les qualités humaines indéniables.

Arbent, le 12 juillet 2013

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