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L’histoire d’une nonne qui est allée au monastère à 15 ans

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Viorica était une adolescente naïve et obéïssante, passionnée pour la gymnastique et la géographie. Mais par-dessus tout, elle aimait aller à l’église. À 15 ans, elle a demandé à ses parents de l’amener à un monastère dont elle avait entendu parler dans les journaux de l’époque et elle est restée passer là-bas deux mois « dans la prière et l’isolement ». C’était en 1992. Depuis lors, elle fait chaque jour des prières pour le pardon de ses péchés et de ceux de toute l’humanité au couvent « Marta et Maria » de Hagimus.

Viorica est une moniale. Sa cellule sent le basilic, les cierges et la paix. Le silence y règne. Un tapis moldave traditionnel, tissé de fils rouges, noirs, verts et jaunes-oranges, décore un des murs de la cellule. Un autre mur est couvert d’icônes, la plupart reçues en cadeau. Au centre de la pièce, il y a une table ronde, couverte d’une nappe blanche, avec quelques cruches d’eau. La nonne se réveille toujours avant le soleil. Elle aime saluer le lever du soleil par la prière. « Si l’on prie Dieu le matin, toute la journée se passe bien  » est-elle persuadée.

Une fois sortie de son lit, elle passe quelques secondes devant chaque icône, fait le signe de la croix et s’incline – c’est une expression de la pour la nuit qui s’est bien écoulée, pour tout ce qu’elle a et ce qu’elle a trouvé et réalisé au monastère. « Au monastère, j’ai tout trouvé  », avoue la nonne.

Elle était une enfant quand elle a décidé d’aller dans le seul monastère qu’elle connaissait à l’époque, celui de Japca. Elle avait lu un sujet sur ce monastère dans un journal à une époque quand elle collectionnait des photos de saintes demeures.

« A l’âge quand j’ai commencé à mieux comprendre les choses, ma grand-mère m’a inspiré que c’est bien d’aller à l’église, de communiquer avec Dieu », raconte la nonne. Elle a servi au monastère de Japca pendant cinq ans. Quand ses parents l’avaient laissée au couvent, ils pensaient que c’était juste un désir d’enfant qui allait bientôt disparaître, mais le temps passé loin de la famille et de la société, sans électricité et téléphone, l’ont fait comprendre qu’elle avait fait le bon choix.

La foi

Après avoir prononcé à genoux la sérié de prières, la religieuse se dirige vers le placard et met ses vêtements monastiques sans même se regarder dans un miroir. D’ailleurs, il n’y a pas de miroir dans le couvent.

Tous les jours, à 4 heures du matin, les cloches font savoir que c’est l’heure de la prière. La liturgie commence par Miezonoptica, une des messes quotidiennes de l’Église orthodoxe. C’est le moment préféré de la nonne Viorica, car « c’est juste elle avec Dieu » – « le temps disparaît, l’espace aussi et il ne reste que le lien fort que j’ai avec lui  ».

« Dieu est en tout et c’est de toi que dépend à quel point il est présent dans ton âme : Dieu remplit autant d’espace que tu lui ouvres. Tout être humain croit, même l’athée qui le nie - il croit en son athéisme, en son idéologie, il croit… La foi est implantée en nous par Dieu. C’est quelque chose de naturel. Ce n’est pas notre mérite, nous devons juste choisir en ce que nous croyons ».

Le monastère « Marta et Maria” est devenu pour la nonne Viorica une sorte d’hôpital spirituel. Elle n’avait que 20 ans lorsque le supérieur du couvent de Japca l’a affectée ici, avec une autre religieuse. Elles y ont trouvé un endroit désert – rien que quelques ruines, mais elles lui ont redonné la vie. Or, ce monastère a une histoire relativement récente, remontant à l’an 1997.

« Avant, il y avait un camp de repos pour les enfants ici. En 1992, quand il y a eu la guerre en Transnistrie, tout a été détruit. Depuis lors, personne ne s’occupait de cette zone. Mais les difficultés ne nous ont pas fait peur. Dieu les a soulagées, nous ne les avons même pas ressenties », avoue la nonne.

A part ses obligations religieuses quotidiennes, la nonne est également responsable du développement du monastère, de son infrastructure, y compris du projet d’apiculture. Elle voyage souvent pour apprendre des bonnes pratiques afin de les mettre en place au monastère.

Le travail

Le travail est l’une des obligations non-écrites au monastère. Chaque jour, l’abbesse donne des tâches aux moniales - des travaux dans le jardin ou à la cuisine, faire de la broderie ou du nettoyage. D’ailleurs, les religieuses produisent tout ce dont elles ont besoin pour vivre. De plus, elles partagent ce qu’elles ont avec les paroissiens - les fidèles qui viennent au monastère sont toujours nourris après la liturgie.

« Au monastère, on ne fait jamais ce qu’on aime faire – c’est pour renoncer au plaisir. Il y a des moments quand tu fais des choses que tu n’imaginais pas pouvoir faire. Le monastère développe nos dons et talents, tout en mettant au service du Dieu ce que nous avons de meilleur », affirme la religieuse.

C’est ainsi qu’elle a découvert sa passion pour l’apiculture. Avec trois autres religieuses, elle a participé à des cours d’entrepreneuriat et ont eu l’opportunité non seulement de créer une entreprise, mais aussi de la développer, en achetant des machines pour pouvoir appliquer de nouvelles technologies. Maintenant, les abeilles sont leur occupation principale. Afin d’obtenir du miel de la plus haute qualité, elles ont installé les ruches dans une forêt d’acacias et donnent aux abeilles de l’eau de source à boire.

« L’apiculture est une copie de la vie monastique. La reine répartit tout le travail dans la ruche, exactement comme la mère abbesse et le père spirituel le font au monastère. Sans la reine, c’est le chaos. Sans l’obéissance, ce n’est pas bon. Il faut tout faire avec beaucoup de dévouement, de sacrifice, avec beaucoup d’efforts et de réflexion– tels sont les principes de fonctionnement de la ruche, mais aussi du monastère ».

La communication

Les paroles ont une connotation particulière dans le monastère. Les nonnes se saluent en se disant « que Dieu nous aide ». Elles invitent « les anges à leur table » au lieu de se dire « Bon appétit ». Pour elles, les mots ont un pouvoir spécial.

Quand elles font une prière, elles la prononcent non seulement de leurs lèvres, mais aussi de leur esprit, leur cœur, de tout leur âme. La prière leur apporte de la paix, de la tranquillité, de la joie.

La guerre

Les moniales prient quotidiennement pour le pardon de leurs péchés et de ceux de toute l’humanité. Elles restent connectées à l’actualité et compatissent et souffrent à cause des désastres produits par la guerre en Ukraine : « Nous ne blâmons personne et nous ne nous fâchons contre personne, mais nous demandons pardon à Dieu. S’Il a permis la douleur qui se produit maintenant, Il l’a permise à cause de nos péchés. Cela nous fait mal que des orthodoxes tuent des orthodoxes. Dans le cadre de chaque liturgie, nous faisons une prière spéciale pour la fin de la guerre, pour la paix entre les peuples, ce qui est très difficile à obtenir, mais faciel à détruire ».

La liberté et les technologies

Bien que la vie au monastère puisse être vue, de l’extérieur, comme pleine de limitations, le monastère signifie de la liberté pour la nonne Viorica : « Nous avons la liberté de penser, d’obéir, de servir Dieu avec tout notre amour. Nous ne voyons pas la liberté dans la débauche, ni dans la possibilité de dire ce qu’il te semble bon. Nous la voyons dans les limites de l’obéissance, de la soumission, de l’amour  ».

Les religieuses ne se sont pas isolées des nouvelles technologies. Elles considèrent qu’elles ont la liberté de « les mettre au service de Dieu ». La nonne Viorica conduit une voiture depuis plus de 15 ans. « Conduire une voiture est une nécessité, pas un luxe, considère-t-elle. Nous devons nous déplacer d’un endroit à un autre, transporter des choses et avec une voiture c’est beaucoup plus facile. Sans partager l’esprit séculier, nous apportons de nouvelles technologies au monastère pour faciliter le travail des nonnes, afin qu’elles aient plus de temps à consacrer à la prière et la méditation spirituelle  ».

***

Avant de devenir moniale, la jeune Viorica était passionnée pour la gymnastique. « J’avais un professeur à l’école, très dédié, avec qui je pratiquais la gymnastique que j’aimais beaucoup. J’allais à des compétitions, à divers événements et je voulais être ballerine, comme beaucoup de filles. Mais un jour, j’ai regardé un documentaire et j’ai vu des ballerines fumer. Cela m’a fait perdre tout l’intérêt  », raconte la religieuse.

Un peu plus tard, l’adolescente Viorica a commencé à collectionner des photos d’églises et de monastères. D’ailleurs, à cette époque-là, quand la religion était bannie, c’était assez difficile de trouver de telles photos, mais pas impossible. Elle feuilletait soigneusement chaque journal et magazine qui lui tombaient sous la main. C’est comme ça qu’a commencé son cheminement vers la vie monastique. Mais elle s’en est rendu compte bien plus tard.

D’après un article d’Ana Bejenaru publié sur https://www.moldova.org/viorica-marta-si-maria-istoria-unei-calugarite-care-a-mers-la-manastire-la-15-ani/

Le 29 juillet 2022

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