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L’Ami de Bill Clinton

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S’il y a une personnalité en Moldavie qui mérite qu’on lui consacre un roman, dans le style des plus grands humoristes du monde, cette personne est le confectionneur des instruments de musique populaires, déteneur du titre honorifique « maître en arts », Liubomir Iorga.

Liubomir Iorga

Ce roman, il ne faut pas le considérer comme une fiction mais le mettre sur papier, tel que le raconte celui qui est, en vérité, l’artiste total. L’écrivain Aurel Scobioala a essayé de le faire dans son livre « Aventures musicales ou comment l’Amérique a découvert Liubomir Iorga ».

C’est trop difficile de saisir ce maître, pour se rendre compte du moment où il passe de l’étape sérieuse à celui où il raconte sa vie d’une façon gaie avec quantité de moments amusants.

Récemment, je suis allé dans son atelier. C’était dans la période de son anniversaire. Je l’ai redécouvert comme il est en réalité et comme tous ses fans le connaissent quand ils le voient sur la place des maîtres populaires, dans le square de la Salle d’Orgue. Grâce à ses spectacles improvisés ici, la salle d’Orgue a été surnommée La Salle Iorga. Ici, Iorga vend ses instruments de musique qu’il confectionne depuis des décennies. « Maintenant chacun vend sur les trottoirs. Grâce à Dieu, j’ai de quoi vendre et je ne me vends pas moi -même », nous dit le maître. A 75 ans, personne ne se souvient de lui. Malgré tout, Iorga croit que « si les œuvres ont une valeur réelle, c’est sûr qu’elles triompheront avec le temps »…

Dans son atelier, où l’on trouve à peine de la place pour passer parmi ses instruments, il apporte et met devant nous un sac de médailles. Il dit que, comme il est né le 12 avril, c’est lui qui a conseillé à Koroliov et Gagarine de s’envoler dans le cosmos ce jour-là, et d’inviter Valentina Tereshkova à son concert, avant l’arrivée dans le cosmos. Il dit aussi qu’il est né la même année que celle où Charles II est devenu roi, et il est fier d’être né Roumain. Il aimerait bien que tous ces événements soient écrits sur son épitaphe.

Il est né à Vadul lui Isac, Cahul, dans le sud de la Moldavie et, aujourd’hui, on ne connaîtrait pas le destin de l’artiste, s’il n’avait pas été découvert en 1949, dans la danse populaire, par le vrai Zeus de la danse - Igor Moiseev de Moscou. Celui-ci, avec d’autres spécialistes dans le domaine, cherchait des danseurs pour la Décade de la culture moldave de Moscou, qui devait avoir lieu en 1950. A Manta (un petit village dans le sud de la Moldavie) ont été « recrutés » Ion Furnica et Gheorghe Fortu, et à Cahul - Spiridon Mocanu. A « Joc » (troupe de danses populaires), il a beaucoup dansé. Ici aussi, il a monté plusieurs danses avec Varkavitki, Ermolaev, Moiseev et avec d’autres maîtres de ballet. Le succès grandissant l’a fait quitter « Joc ». Une des raisons, pense-t-il, est qu’il ne pouvait pas s’entendre avec le directeur de la troupe au Festival International de la Jeunesse et de l’Etudiant, en 1957, à Moscou. « Moi - même, j’ai reçu trois médailles d’or, et lui, avec toute sa troupe, seulement une », raconte Liubomir Iorga. De « Joc » il est parti au Théâtre de l’Opéra et du Ballet, où il a été chorégraphe et maître de ballet. Là, il a monté plusieurs danses dans des opéras signés par Vasile Zagorschi, David Ghersfeld, Alexei Starcea et autres compositeurs. C’est lui également qui a joué comme acteur dans plusieurs courts métrages et longs métrages signés par Emil Loteanu, Gheorghe Voda, Vlad Iovita, Vasile Pascaru, Valeriu Jeraghi, etc.

Mais la plus grande satisfaction lui a été apportée par ses instruments de musique confectionnés pendant de longues années. Il a eu la chance que, il y a quelques années, le journaliste roumain Ion Olteanu lui ait donné un livre rare - « Les instruments de musique du peuple roumain » par Tiberiu Alexandru. C’est un livre unique. C’est d’après ce livre qu’il a commencé à confectionner des instruments. Notre maître populaire numéro 1 a découvert plus de 30 tonalités cachées dans ses ocarinas. Il a été désigné membre de l’Académie des Arts Traditionnels de Roumanie, qui, à présent, réunit les plus valeureux artistes populaires de l’Europe. Aujourd’hui, il n’y pas d’artiste de valeur qui n’ait appris à jouer avec les flûtes confectionnées par Liubomir Iorga. Lui-même, il a joué pour Georges Pompidou, ainsi que pour Bill Clinton dans la salle ovale de la Maison Blanche. Il a offert à l’ex-président des Etats-Unis son « iorgafon » (un instrument de musique inventé et confectionné par Liubomir Iorga), qui aujourd’hui se trouve dans le Musée des cadeaux de Clinton, à Brooklyn. Est-ce beaucoup, est-ce peu ? Iorga considère que c’est déjà assez pour un artiste de Bessarabie. Merci maître, délecte-nous jusqu’à la fin de la vieillesse.

Article par Nicolae Roibu, publié sur http://www.timpul.md/Rubric.asp?idIssue=517&idRubric=5422, traduit par Irène Todos et relu par Michèle Chartier.

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