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Ion Iovcev : « Le combat n’est pas fini. Je ne suis pas fait pour céder. »

Ion Iovcev a dirigé le lycée en langue roumaine « Lucian Blaga » de Tiraspol pendant 29 ans, ayant pris ses fonctions pendant la guerre sur le Dniestr. Lors de cette période, Ion Iovcev, dans sa qualité de directeur, a eu à surmonter des défis interminables. En juin dernier, le Ministère moldave de l’Education l’a limogé, invoquant … son âge.

Quand le mouvement de libération nationale a commencé, aux années 1988-1989, Ion Iovcev était inspecteur au Département Education de Slobozia, un district moldave situé sur la rive gauche du Dniestr. Parallèlement, il enseignait à l’Institut pédagogique de Tiraspol. Le 27 mai 1992, en plein conflit armé sur le Dniestr, on lui a proposé le poste de directeur de l’école en langue roumaine de Tiraspol.

Ion Iovcev

Ion Iovcev a exercé ses fonctions dans des circonstances particulièrement difficiles, étant constamment filé par les autorités séparatistes : « Le long de toute cette période, j’étais à tout instant dans un état psychologique tendu. Et ce n’est pas seulement à cause des actions des leaders de Tiraspol. Au fil des années, les autorités de Chisinau, en fonction du régime qui était au pouvoir, m’ont filé aussi, aux côtés de mes collègues des autres écoles en langue roumaine, à cause de notre position et de nos actions en faveur de la langue, l’histoire et nos traditions roumaines.

Je suis resté toujours fidèle à cette position. C’est très dur, mais c’est une activité noble. Les enfants et les parents me faisaient très grande confiance et je ne pouvais pas les décevoir. C’est pourquoi je n’ai jamais renoncé, tout comme mes collègues des autres écoles de langue roumaine situées sur la rive gauche du Dniestr, et nous étions toujours sur les barricades pour défendre nos valeurs roumaines. Sans avoir beaucoup de moyens, nous avons résisté ».

Les épreuves et les défis qu’Iov Iovcev a eu à surmonter étaient interminables : un soir, on est venu le chercher chez lui, on l’a emmené dans une voiture et on a mis une grenade sous sa chemise ; un jour, des soldats ont dirigé leurs armes vers lui quand il était dans le siège du conseil municipal de Tiraspol ; la milice de Tiraspol venait souvent fouiller dans son bureau ; il a été mis en garde à vue, avec son chauffeur et le comptable, sous accusation de détention de monnaie étrangère – en fait, c’était de la monnaie moldave, les salaires des professeurs ; il a été victime de deux accidents routiers qui ont éveillé des doutes, etc. Sa famille a certainement beaucoup souffert à cause de la pression et de l’intimidation.

Ion Iovcev considère que sa destitution après avoir dirigé cette institution pendant près de 30 ans s’est faite de manière indigne : « Je comprends que, dans la vie, s’il y a un début, il y a aussi une fin. En fait, le plus douloureux ce n’est pas de quitter cette position, mais c’est la façon déshonorante dont on m’a démis. L’ordre émis par la ministre de l’éducation est très mal rédigé – on invoque mon âge, mais il aurait été correct de faire référence à l’article respectif du Code du Travail. En fait, ma destitution est un cadeau fait à la Transnistrie, car les autorités séparatistes cherchaient depuis toujours des moyens pour se débarrasser de moi.

Après cette destitution controversée, beaucoup de personnes m’ont appelé pour m’encourager – des anciens ministres, des députés de l’opposition, ainsi que l’europarlementaire Eugen Tomac qui m’a proposé une fonction dans son cabinet. J’ai accepté pour montrer que je ne suis pas un retraité impuissant, mais que j’ai encore beaucoup d’énergie et que je peux être utile à la société  ».

Les écoles en langue roumaine de Transnistrie ont subi des pressions énormes de la part des leaders séparatistes, par conséquent, le nombre d’élèves s’est constamment réduit. Le régime de Tiraspol a tout fait pour fermer l’école dirigée par Ion Iovcev, sans, heureusement, réussir à le faire.

Le successeur d’Ion Iovcev aura, à son tour, à faire face à de nombreuses épreuves. En plus des fonctions inhérentes à cette position, le nouveau directeur aura à continuer le combat pour le respect des droits de l’homme et pour la perpétuation de la langue, de l’histoire et des traditions roumaines dans la région séparatiste de la Moldavie. Or, les leaders séparatistes visent la russification totale des écoles dans la région qu’ils contrôlent.

Malgré tout, Ion Iovcev est fier d’avoir réussi à tenir beaucoup de jeunes loin de l’idéologie chauvine de Tiraspol. « Ils sont devenus de bons spécialistes, des gens dévoués à leur langue maternelle et à leur peuple. J’en suis très content. Mais le combat n’est pas fini. Je ne suis pas fait pour céder, après avoir surmonté tant de difficultés ! », a fermement dit Ion Iovcev.

D’après une interview de Natalia Munteanu publiée sur https://gazetadechisinau.md/2021/06/24/ion-iovcev-am-fost-filati-si-de-tiraspoldin-partea-tiraspolului-si-de-conducerea-de-la-chisinau/

Le 19 juillet 2021

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