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Apprendre à communiquer par l’art contemporain

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Article par Elena Jechiu et Mariana Ambrosii

Étudiantes en 3-ième année de licence à l’Université d’État de Moldavie, à la Faculté des Langues et Littératures Étrangères, Département de Philologie Française « Grigore Cincilei », nous avons eu la grande chance de faire un stage professionnel au Centre d’Art Contemporain Frank Popper (CACFP) de Marcigny, en France. Ce stage a été possible grâce aux subsides accordés par l’Agence Universitaire de la Francophonie.

Au cours de ce stage, nous avons pu nous intéresser à l’art comme partie composante de la culture d’un pays, et surtout à l’art moderne et contemporain. De même, nous avons eu la possibilité de nous initier au fonctionnement et aux activités de la subdivision d’accueil. Nous avons opté pour un stage au CACFP puisqu’ il s’avérait être plus près de notre domaine d’études : le stage nous offrait la possibilité de mettre en application nos connaissances langagières et d’acquérir de nouvelles compétences pédagogiques.

Au CAC Frank Popper, nous avons bénéficié d’un encadrement de qualité, offert par les fondateurs de cette institution : M. Georges Silva et M. Franz Spath.

Plus largement, ce stage a constitué pour nous une opportunité d’enrichir les connaissances dans le domaine de l’art contemporain, des formes de ses manifestations et de ses représentations, y compris de son influence sur la vie d’aujourd’hui, dans tout milieu : urbain ou rural. Nous avons réussi à approfondir les connaissances pédagogiques en ce qui concerne le travail avec le public, et surtout avec les écoliers. Nous avons découvert la médiation culturelle, qui était pour nous une nouvelle méthode de travail avec les gens. Grâce à cette méthode et à d’autres, bien sûr, nous avons appris à travailler avec le public. Encore un succès à mentionner ici c’est le fait que nous avons réussi à maîtriser les missions qui nous ont été confiées : la médiation culturelle, l’accueil du public, le travail avec les dossiers de presse. Nous avons appris à contrôler la peur et la timidité, les blocages que nous éprouvions lors du travail avec le public.

Nous sommes en train de faire la médiation culturelle, pour l’exposition d’Eva Ducret

En ce qui concerne le Centre d’Art Contemporain « Frank Popper », on peut mentionner qu’il est fondé en 2006 par Franz Späth et Georges Silva. La première exposition organisée entre ses murs a été « La Collection Frank Popper –œuvres optiques et lumino-cinétiques ». Ce n’est pas par hasard que les fondateurs du Centre ont opté pour Marcigny, une petite ville du milieu rural, dans la Bourgogne du Sud. Mettant l’accent sur les relations interhumaines et culturelles, ils espéraient trouver à Marcigny un endroit familier et chaleureux, propice aux expositions d’art contemporain. En ce qui concerne la Bourgogne et le Brionnais, ce sont des lieux d’art où l’on avait développé la sculpture, et plus particulièrement celle romane, qui a toujours attiré l’attention des artistes. Georges Silva et Franz Spath se sont donné pour tâche première l’ouverture du Centre vers des publics plus larges qui venaient de toute l’Europe ; ils encourageaient de même les échanges plus étroits entre les artistes, eux-mêmes invités à séjourner sur place ; les étudiants français et étrangers étaient conviés à venir poursuivre leurs recherches devant les œuvres et dans les livres d’art de la bibliothèque déjà bien fournie. La vocation du Centre réside dans son projet essentiellement pédagogique, ce qui veut dire que l’art est fait par et pour l’Autre.

Juvenal Ravelo. Fragmentation de la Couleur- hommage à Marcigny. Elena Jechiu découvre une nouvelle modalité de présenter les couleurs.

Notre mission la plus importante pendant le stage au CACFP a été la médiation culturelle qui servait de moyen principal d’initiation du public à l’art. Durant les week-ends, quand le Centre était ouvert au public, c’était notre devoir à nous de faire l’accueil du public. Une autre tâche qui nous a été confiée était d’être responsables des dossiers de presse. Notre devoir dans ce cas-là était de feuilleter les journaux et les revues et de découper tous les articles parlant du Centre et de son activité. Ensuite il fallait les coller sur des feuilles de papier et les classer chronologiquement dans des dossiers. Nous avons classé des articles concernant l’activité du Centre dès son ouverture jusqu’à nos jours, avec des expositions comme « Carlos Cruz-Diez », « Couleur et Géométrie- art européen », « Vasarely connu-inconnu », « Collection Frank Popper », « Venezuela en Arts » et avec des symposiums et biennales organisés hors des murs du centre.

Notre devoir ensuite était de transposer les dossiers de presse de toutes les expositions en version numérique, pour pouvoir les envoyer plus tard aux artistes. Une des tâches secondaires, lors de notre stage, a été l’analyse de la communication, et notamment de celle orale. Nous devions prendre des relevés de notes sur le vocabulaire utilisé par les deux commissaires de l’exposition pendant les visites des groupes scolaires. Cette opération nous a permis d’analyser la langue française dans son milieu naturel, avec des français natifs, mais très souvent en relation avec les étrangers.

Au bureau, en train de constituer des dossiers de presse. (Elena Jechiu).

Ce qui est important encore c’est que nous avons observé le langage des Français pas seulement dans le cadre du Centre, mais aussi hors de ses murs : dans la rue, dans des boutiques, aux magasins, à l’office du tourisme, où nous avons eu la chance d’être présentes pendant deux jours. C’était intéressant d’analyser la récurrence de certains mots dans leur vocabulaire, mais aussi la façon dont ils parlaient, leurs manières, leur hospitalité (les vendeurs/vendeuses ont toujours l’habitude de saluer les clients et de leur dire « au revoir » quand ils partent).

Outre l’observation du langage, les tâches périphériques que nous avons remplies nous ont permis de découvrir l’essentiel d’autres métiers et leurs particularité(s) sur place. Les deux jours d’activité à l’Office de Tourisme de Semur-en-Brionnais (Marcigny) nous ont permis d’analyser le fonctionnement d’une telle institution. Elle offre l’accès à l’information du domaine culturel de la région aux touristes, mais de même à la population locale. On peut trouver là-bas des brochures, des livres et des renseignements sur les endroits à visiter, les paysages merveilleux, les circuits des randonnées, les voyages, la mise en scène des concerts, spectacles et on peut y acheter des billets pour ces événements culturels. L’office entretient des relations avec des artisans, avec des producteurs de spécialités culinaires, de produits cosmétiques. Ils ont bien sûr des relations étroites avec les institutions culturelles de la région qui les tiennent au courant sur leur programme et sur toutes leurs activités. Ce qui nous a impressionnées à l’Office de tourisme de Marcigny c’était la salle d’exposition au 2-ième étage où l’on présentait cette fois-là les peintures des affiches de cinéma d’un artiste appelé Edouard.

Le 31 octobre 2012, nous sommes allées chez le plus grand éditeur des catalogues raisonnés au monde, M. Sylvio Acatos. M. l’Editeur, aidé par son assistante, Mme Catherine Loewer, cherchent autour du monde et publient l’histoire complète des œuvres d’artistes de la première jusqu’à la dernière création. Notre responsabilité a été de mesurer et de fixer les dimensions des images pour le futur livre sur l’œuvre d’André Masson. En termes généraux, cette activité nous a offert la possibilité de connaître le travail éditorial avec ses difficultés, ses étapes de réalisation et la responsabilité de l’éditeur face au public.

Aux Éditions ArtAcatos : Mariana Ambrosii et Elena Jechiu

Pour mettre l’accent sur le côté pédagogique du stage, nous avons misé sur l’aide de Mme Testi, la principale du Collège Jean Moulin de Marcigny, pour qu’elle nous permette d’assister aux cours dans l’institution qu’elle dirige. Nous avons assisté à des cours de français de M. Marc Plateau. Les observations que nous avons faites ont enrichi nos connaissances pédagogiques. Nous avons bien noté que le travail durant les cours est plus attractif pour les enfants quand on utilise des moyens techniques : ordinateur, tablettes, projecteur, etc. mais le côté difficile dans ce cas-ci est de réussir à concentrer l’attention de l’élève sur le travail même et pas sur l’usage des Tics. Les méthodes utilisées sont les mêmes que dans notre pays et les enfants sont toujours des enfants, avec de différentes capacités, attitudes, tempéraments, etc. Un autre moment positif c’est d’avoir eu la possibilité d’analyser les différences entre le système éducatif français et celui moldave. Par exemple, au collège il y a 6 classes (niveaux) qui évoluent dans l’ordre décroissant de la 6-ième à la 1-ière classe et qui sont inversement proportionnelles à l’âge des enfants. Ceci veut dire que les plus petits sont en 6-ième et les plus grands en 1-ière.

A la fin du stage, nous avons assisté les directeurs du Centre à l’organisation d’une conférence. Cette fois-là, le générique de la manifestation était « Scandale dans l’art ». On nous a demandé de faire les scans des images inclues dans la présentation. C’étaient des images de différents livres, bouquins et revues que M. Silva et M. Späth, les organisateurs de la conférence, ont choisi pour leur présentation. Ensuite, le lendemain, nous avons eu la chance d’assister à cette conférence et nous avons pu analyser et apprendre à faire et à diriger nous-mêmes de telles manifestations artistiques.

En conclusion, on peut mentionner que ce stage a représenté une opportunité unique pour nous de visiter et de connaître la France, sa culture et ses traditions.

A la fin de cet article, nous voudrions remercier notre responsable de stage, Mr. Georges Silva, co-fondateur du CACFP, et Mr. Franz Späth, co-fondateur et directeur du Centre d’Art Contemporain Frank Popper de Marcigny, en France, pour la guidance, pour l’aide fournie au cours de notre travail au Centre, pour l’accueil sympathique et pour la confiance accordée dans la réalisation des travaux, mais aussi pour l’initiation à la découverte de l’art contemporain, comme partie essentielle de notre vie. Grâce à leurs conseils, nous avons appris les meilleures stratégies pour réaliser une médiation culturelle de succès. Par leur comportement digne de tout le respect, nous avons vu des modèles promouvant la responsabilité, la persévérance, la patience, le travail assidu, la politesse…, des qualités très utiles pour réussir dans la vie. Ensuite, nous les remercions pour nous avoir donné la chance de voir et de découvrir Paris (découverte in situ) et ses monuments, afin d’enrichir nos connaissances sur la culture de la France.

En plus, nous dirions que ce stage est devenu possible grâce à l’encouragement de nos professeurs de la Faculté des Langues et Littératures Étrangères, du Département de Philologie Française. Nous voudrions remercier Mr. Ion Guţu, docteur ès lettres, Directeur du Département de Philologie Française « Grigore Cincilei », pour le soutien administratif de haute qualité qui a permis la réalisation de ce stage, ainsi que les professeurs qui nous ont initiées à la médiation, à la didactique des langues et de l’interculturel (Mme Serafima Lupan, Mme Cristina Enicov, Mme Silvia Gutu). Et, plus particulièrement, nous présentons des remerciements à Mme Oxana Căpătină, enseignante supérieure, responsable des relations internationales au DFF, FLLS, pour nous avoir recommandé de constituer des dossiers de demande de bourse de stage professionnel. Nous avons beaucoup apprécié ses conseils ponctuels au sujet des documents du dossier de stage, mais aussi son aide dans l’identification de la subdivision d’accueil.

Mariana Ambrosii, travaillant sur la numérisation des articles de presse.

Nous tenons à remercier également l’Agence Universitaire de la Francophonie, en la personne de la chargée de projets d’insertion professionnelle en Moldavie, Mme Virginia Revenco, pour l’aide précieuse dans la réalisation de ce projet de stage. Enfin (mais pas en dernier lieu), nos remerciements sont adressés à Mme Dana Georgescu, chargée du projet sur l’insertion professionnelle, au BECO de Bucarest, pour le professionnalisme et le soutien, tout au long du stage : dépôt des dossiers, signature des conventions, subsides etc.

Nous invitons, donc, tous les étudiants à participer dans le cadre de telles mobilités qui ouvrent les portes vers de nouvelles possibilités formatives.

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