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Crise économique : la Moldavie vote son budget d’austérité et s’endette auprès du FMI

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Article par Iulian Lungu publié sur http://www.osservatoriobalcani.org/

Traduit par Mandi Gueguen

C’est dans un contexte de crise économique et financière aigüe, doublée d’une instabilité politique qui dure depuis dix mois, que le parlement de Chişinău a approuvé le budget 2010. Celui-ci prévoit des réductions de subventions et une forte augmentation des impôts que conteste l’opposition communiste. Bouffée d’air éphémère dans ce climat d’austérité : le FMI vient d’accorder un prêt de 574 millions de dollars au pays.

L’Alliance pour l’intégration européenne (AIE), qui est actuellement au pouvoir, a mis deux mois pour analyser la situation économico-financière du pays après huit ans de gouvernement communiste. Il en résulte une politique financière digne d’un pays qui se serre la ceinture.

Le débat sur le budget

Le Premier ministre, Vlad Filat, a affirmé qu’en l’état actuel des choses, l’objectif principal des finances était de garantir la survie de l’économie moldave, compte tenu de la situation laissée par le précédent gouvernement. « Ce document, au-delà des divergences d’opinion, doit constituer un tremplin pour la reprise de l’économie. Je ne suis certainement pas fier du budget que je présente au Parlement, en tant que Premier ministre. Je le considère plutôt comme une approche d’urgence. Je ne suis pas un hypocrite populiste et ne veux tromper mes concitoyens avec des attentes irréalistes », annonçait-il. Pour parvenir à couvrir les dépenses nécessaires pour atteindre cet objectif, le gouvernement a l’intention d’augmenter les recettes provenant de la TVA, des impôts sur les revenus et des accises sur l’alcool et le carburant. De plus, le budget 2010 prévoit la réduction des aides que l’État alloue actuellement aux agriculteurs.

Devant cette situation, le Parti des communistes (PCRM) n’a pas manqué de critiquer le nouveau gouvernement, et a défini la loi comme étant anti-sociale et nocive pour les secteurs clés de l’économie. Le député communiste, Igor Dodon, ancien ministre de l’Économie, s’est dit perplexe devant la réduction drastique des subventions de l’État, dans le but de renflouer les caisses. Il a aussi exprimé sa déception concernant la décision de couvrir le déficit de l’État en ayant recours aux prêts qui doubleront la dette extérieure du pays.

Malgré tout cela, le gouvernement prévoit, en 2010, une croissance du PIB de 1.5% (soit environ 5.8 millions de dollars américains) et un taux d’inflation de 5%. Le ministre de l’Économie, Veaceslav Negruţă a répliqué que les auteurs de la loi budgétaire n’ont pas oublié les thèmes sociaux : il suffit de rappeler que 10% du budget a été dédié à l’éducation. Il a souligné aussi que pour la première fois depuis longtemps, le gouvernement s’est donné pour objectif d’augmenter les exportations (15%) par rapport aux importations (12%). Le salaire moyen est estimé autour de 270 dollars par habitant.

La crise économique

La Moldavie a traversé une année 2009 mouvementée par des heurts continus qui ont abouti à la dévastation du Palais présidentiel et du parlement, à la dissolution à deux reprises de la Chambre des députés, suivies de deux élections parlementaires. Les difficultés générées par cette situation politique complexe se sont aggravées avec la crise économique qui dure depuis des mois.

Au premier semestre, lorsque le PCRM semblait encore tenir solidement le pouvoir, la crise économique constituait un sujet tabou en Moldavie, bien que le crack financier mondial ait mis à dure épreuve les économies des pays voisins. Cependant, immédiatement après le premier tour des élections parlementaire du 5 avril 2009, la crise ne pouvait plus être ignorée par les autorités. Le gouvernement communiste a dû alors couper de suite 20% des subventions allouées aux régions et réduire les coûts des pouvoirs centraux et locaux. Elles ont aussi déclaré vouloir appliquer des mesures spéciales anti-crise en portant le taux d’imposition à 15% pour tout le monde (contre 7% et 18% précédemment) et augmenter la TVA de 20% à 22%.

Ces mesures n’ont jamais été appliquées puisque les élections parlementaires du 29 juin ont porté au pouvoir une nouvelle coalition. Toutefois, la conjoncture économique difficile a été utilisée pour exercer une forte pression sur l’opposition et pour faciliter le recours à de nouvelles élections parlementaires. À peine l’AIE a-t-elle pris le pouvoir qu’elle déclarait viser en priorité l’amélioration de la situation économique héritée de son prédécesseur communiste. L’énorme déficit du budget, qui atteignait déjà en septembre 2009 9.5% du PIB, représentait un grave problème à résoudre dans la foulée. Beaucoup de projets, vus comme des « projets électoraux communistes », car ils vidaient les caisses de l’État ont été abandonnés, les augmentations salariales ont été repoussées au 28 octobre 2009, date où le gouvernement a annoncé avoir conclu un accord avec le FMI pour contracter un prêt de 590 millions de dollars.

Pour le moment, l’affrontement politique est encore d’actualité. Puisque le 7 décembre 2009, la Moldavie n’est pas parvenue, pour l’énième fois, à élire le président de la république, le parlement devra à nouveau être dissout en 2010. L’avenir de l’économie du pays est étroitement lié aux prochains développements de la vie politique moldave.

Source : http://balkans.courriers.info/article14451.html

Le 8 février 2010

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