Article de Gilles Ribardière
Il y a quelques mois, un large public européen a pu découvrir une toute jeune musicienne grâce à l’émission d’ARTE animée par le célèbre ténor Rolando Villazon, « Les stars de demain » : Adriana Babin offrait à nos oreilles la douceur des sons de sa flûte de Pan qu’elle mettait au service de la si belle partition d’une danse populaire roumaine de Bela Bartok.
C’est sans hésitation qu’elle a accepté qu’au nom de www.moldavie.fr je puisse lui poser quelques questions. Ses réponses sont marquées du sceau d’une belle maturité, malgré son jeune âge (18 ans), maturité qui se retrouve tout naturellement dans sa maîtrise de la flûte de Pan : écoutez à cet égard son interprétation de l’œuvre précitée de Bela Bartok, toute en nuances, sans mièvrerie, profonde.
Comme souvent chez les musiciens d’exception, sa vocation musicale se révèle très tôt et se développe dans un milieu familial favorable. Née à Chisinau, elle va grandir à Orhei. Elle insiste sur la taille et le caractère aimant de sa famille -5 membres- ainsi que son statut de sœur aînée.
Dès l’âge de 8 ans elle déclare à ses parents vouloir étudier la musique, en affirmant son attirance pour le saxophone. Mais sa mère, faisant preuve de perspicacité au moment de l’inscrire dans l’école de musique, l’incite à opter pour la flûte de Pan. Et c’est ainsi que depuis 2010 elle suit une scolarité à Chisinau, car c’est dans la capitale qu’elle peut trouver un établissement scolaire alliant formation générale et musique (le lycée « Ciprian Porumbescu »). L’année prochaine, elle intégrera l’Université d’Arts « George Enescu », à Iasi, en Roumanie.

Ses réponses à nos questions illustrent à la fois sa très grande maturité et un enthousiasme bien propre aux jeunes de sa génération. Ainsi, s’agissant des musiciens qu’elle estime être ses modèles, elle cite le violoncelliste Mstislav Rostropovich, la pianiste Khatia Buniatishvili, les violonistes Ray Cheb et Alexandra Conunova, soit autant d’artistes de première importance. A propos d’Alexandra Conunova qui est sa compatriote, elle la considère comme « exemplaire, car – dit elle - je sais à quel point elle travaille chaque jour pour devenir ce qu’elle est. J’admire beaucoup ce genre de personnes ! » Elle ajoute : « J’essaye de faire mon possible pour m’exercer, peu importe les sollicitations autres que la musique, car comme le dit un de mes professeurs, Ion Negura, même 24 heures par jour ne sont pas suffisantes pour s’exercer. Toutefois, ajoute-t-elle, dès que je peux, je trouve quelques instants pour lire des ouvrages ayant pour sujet le développement personnel ou pour visiter des lieux étonnants, car, selon moi, lieux divers et aventures sont des choses qui nous aident à trouver de l’inspiration et à découvrir notre personnalité. Je veux, dit-elle, réaliser de nombreux projets dans ma vie, et l’un d’eux est de donner un ou plusieurs concerts à l’Opéra de Sidney ; je souhaite y travailler avec assez d’énergie pour que ce rêve devienne réalité ».
Sur son répertoire, elle admet qu’il est assez mince pour son instrument, alors même qu’elle aimerait jouer toute les musiques du monde. Ses morceaux favoris qu’elle interprète volontiers sont :
- Mica suita romaneasca de Constantin Arvinte
- Rhapsodie Hongroise N°1 de Franz Liszt
- Danses populaires roumaines de Bela Bartok
- Aria de Jean Sébastien Bach
- Berger solitaire de Gorghe Zamfir
Toutefois, insiste-t-elle, elle est ouverte à toute découverte, disposée à jouer des œuvres inédites, mais si on lui demande quelle est l’œuvre musicale qu’elle préfère entre toutes, sans hésiter, elle citera la sonate pour violoncelle Opus 36 de Johannes Brahms jouée par Rostropovich, ce qui est l’indice d’un goût très sûr.
Le public français aura la chance de pouvoir l’entendre cet été à Royan, dans le cadre du festival « Un violon sur le Sable », le samedi 20 juillet, et en novembre ce sera le tour des Britanniques de l’accueillir à Shrewsbury. Mais dès le 29 juin, dans le cadre de la manifestation « Une soirée dans le Parc », à Chisinau, Adriana se produira devant le plus large public. Cette perspective l’enthousiasme.
Adriana a une personnalité très attachante : consciente de son talent, elle sait qu’elle le développera à force d’un travail de chaque instant, ce qui ne l’empêche pas d’être ouverte aux surprises de notre monde, de s’ouvrir aux autres et d’être bien de son temps.
Le 5 juin 2019