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« Je compte sur l’inédit de mon sujet, le style d’écriture simple, le vécu, les émotions transmises »

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Jana Chisalita-Musat

Jana Chisalita-Musat, une journaliste moldave installée en France, vient de faire paraître son premier roman intitulé « La guerre des serpents ».

Jana est née dans le sud de la Moldavie. Ayant commencé sa carrière à Chisinau, en 1995, en tant que journaliste au sein du premier quotidien indépendant moldave FLUX, elle a ensuite intégré l’équipe du hebdomadaire LUCEAFARUL.

En 2004, elle accompagne en France son mari qui y était venu pour faire des études. Un an plus tard, Jana s’inscrit à l’Université Lyon 3 et elle y obtient une maîtrise en Professions des Média, puis un diplôme universitaire en Francophonie et Mondialisation et un Master 2 en Relations Internationales. En 2012, elle obtient le titre de Docteur en Science Politique. Sa thèse s’intitule « République de Moldavie : quel territoire pour quelle population ? ».

A l’occasion de la parution de son premier roman, Jana Chisalita-Musat a eu la gentillesse de partager avec notre portail ses émotions, ainsi que ses projets d’avenir.

Chère Jana, nous vous félicitons pour ce début littéraire et nous vous souhaitons qu’il soit de bon augure.

Comment vous est venue l’idée d’écrire ce roman et quel est le message que vous voulez transmettre au public francophone par le biais de votre livre ?

Merci. Cette idée « trotte » dans ma tête depuis mon enfance. Et ce n’est pas une blague. C’est vers sept ou huit ans que j’ai commencé à « stocker » des histoires dans ma mémoire. A l’époque, le plus jeune frère de mon papa faisait son service militaire dans l’armée soviétique. J’avais peut-être l’âge où je commençais à me poser des questions sur les temps qu’on traversait. Car, une fois rentrés de l’armée, mon oncle et ses copains se réunissaient pour raconter leur vie de soldat. Lorsqu’ils commençaient à se chuchoter, je savais qu’ils allaient révéler des choses… « Interdites ». Je me cachais pour mieux les entendre et j’écoutais. J’ai appris ainsi deux des histoires de mon roman. Mon enfance à Slobozia Mare, les villageois si simples et si généreux ont marqué ma vie. A la faculté de Chisinau, je me suis dit que je devais mettre sur papier mes souvenirs. Mais le métier de journaliste m’avait détournée un peu de cette idée.

C’est en France que j’ai repensé à ce sujet. Je voulais laisser un héritage à mes enfants, nés ici. Une de mes copines l’a lu et l’a distribué à d’autres passionnés de la lecture. Ils ont été beaucoup touchés par le sujet. Une autre copine m’avait appelée, émue après avoir parcouru la moitié du texte, pour me dire que je devais absolument le publier. D’autres m’avaient avoué qu’elles avaient pleuré en lisant certains passages.

De bouche à oreille, j’ai connu l’écrivain Jean-Yves Loude qui a apprécié la construction de la narration et le style. Son avis a été décisif pour moi, je me suis lancée vers l’édition.

Si je m’adresse à un public francophone, c’est qu’il connait peu de choses sur l’Europe de l’Est. Et presque rien sur la Moldavie et l’époque dont je parle. Je voulais faire connaitre mon pays d’origine sous l’aspect de cette précarité et cette tourmente qu’il avait traversées sous le régime soviétique. Pour mieux nous comprendre, nous, les Moldaves, les lecteurs doivent apprendre certaines vérités sur notre passé. Notre culture. Nos émotions. Ce livre parle d’une histoire vraie, de gens que j’ai croisés étant petite. Il parle de l’angoisse de mes tantes et voisines qui voyaient leurs fils partir à l’armée. Je pense que le sujet peut également intéresser les générations de jeunes Moldaves qui sont en Europe où ailleurs et qui n’ont pas connu cette période.

Dites-nous quelques mots sur le sujet du roman.

Le sujet est basé sur des faits réels : témoignages et archives militaires. Une maman de Slobozia Mare voit son fils partir à l’armée. La soirée de départ se prépare comme une véritable fête, avec des plats traditionnels et du vin fait maison. Avec des coutumes spécifiques pour le sud de la Moldavie. Les villageois viennent en grand nombre souhaiter service aisé au garçon. Seule la maman est dans le trouble. Car, depuis un moment, des jeunes soldats sont ramenés en « cercueils » depuis l’armée.

Dans un deuxième temps, changement de décor. Des recrues se retrouvent en Afghanistan pour des missions militaires. Leur service n’a rien d’un entrainement de routine en temps de paix.

Ainsi, le récit fait d’incessants allers et retours entre l’ignorance nourrie d’espoir du village moldave et la cruauté extrême des fronts afghans dans cette année 1984.

Quel est votre public cible et comment encouragerez-vous les lecteurs potentiels à lire ce roman ?

Public ciblé : de 18 à 99 ans (comme le marque certains auteurs) … Il faut dire que, effectivement, certains passages sont assez durs pour un plus jeune public.

Quant à mes lecteurs potentielles…J’ai appris lors de mes démarches que certains maisons d’édition françaises recevaient jusqu’à cinq cent manuscrits par jour… C’est énorme… Les gens écrivent, les idées abondent, comment se repérer dans cette « jungle » littéraire ? Je compte sur l’inédit de mon sujet, le style d’écriture simple, sur le vécu, les émotions transmises.

Avis aux passionnés de la cuisine - le récit est parsemé de saveurs et de recettes culinaires… Plus sérieusement, le meilleur réseau de diffusion pour cet ouvrage sera le bouche à oreille. Les avis des lecteurs sur les réseaux de communication. Le partage. Ce livre me tient à cœur car écrit avec beaucoup de passion. Je serais ravie de le partager avec tous ceux qui sauront apprécier mon implication. Loin de moi l’idée d’en faire un best-seller.

Aussi, je me dis que si l’écrivaine Svetlana Aleksievitch s’est vue attribuer cette année le Prix Nobel de la littérature, c’est que les textes sur l’espace post-soviétique intéressent le public. Après des années de « classé secret défense », certaines vérités et histoires terribles de cette période voient le jour. Avec les archives, ce sont les témoignages qui affluent dans les pages de nos récits. Les anciens combattants osent enfin délivrer leurs souvenirs-angoisses. Ce sont des histoires inédites, car trente ans après les faits, ce n’est toujours pas évident pour eux d’évoquer ce passé.

Jetant un regard en arrière, comment définirez-vous le processus de création littéraire ?

Processus stimulant, facilité d’écrire, mais travail irrégulier. Très impliquée dans les activités scolaires et périscolaires de mes enfants, je me voyais souvent dans l’impossibilité de continuer un chapitre tout juste entamé. Sinon, il m’arrivait d’écrire avec tellement d’effervescence et être tellement « dedans », que j’en pleurais d’émotion, tout en continuant mes phrases.

Jana Chisalita-Musat en compagnie de sa famille

Ces jours-là, je rédigeais dix pages en cinq heures, ce qui était beaucoup pour moi. D’ailleurs, l’idée du final m’est apparue une nuit, en plein sommeil. C’est pour vous dire mon préoccupation pour ce travail. Pour ne pas réveiller les miens, j’ai attendu patiemment jusqu’à six heures du matin, j’ai rédigé le chapitre sur mon ordinateur et je me suis recouchée. C’était un samedi matin, heureusement, j’ai pu récupérer ensuite.

Avez-vous déjà d’autres idées d’ouvrages littéraires ?

Deux autres idées prennent proportions déjà, dont une pure fiction, inventée de toute pièce. J’espère avoir assez d’inspiration pour la construire de la manière la plus intrigante possible. Moi-même, je suis curieuse de voir la fin de cette histoire… L’autre ouvrage est basé sur une histoire réelle…

Bonne chance pour tous vos projets !

Je vous remercie !

Le 16 décembre 2015

Vos témoignages

  • Juhan Manolache 13 août 2016 14:05

    Bonjour et Bravo pour le parcours et la ténacité de l’esprit. Nous sommes un couple Franco-Roumain, donc nous connaissons les efforts que représentent le résultat de votre carrière. Nous vous embrassons Anisoara et Jean-Marc JUHAN Manolache, dit Anca.

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