
Il est estimé qu’environ un million de citoyens russes ont quitté la Russie depuis le début de la guerre, des chiffres non-confirmés par le Kremlin. Depuis l’annonce de la mobilisation « partielle » en Russie le 21 septembre, plus de 2 200 citoyens russes sont entrés en Moldavie et 122 - ont demandé d’asile.
La « dernière goutte » - l’incertitude quant à l’avenir
Alexandre Martynenko vient de la ville russe de Krasnodar. C’est à Krasnodar qu’il a fait ses études et a travaillé comme médecin. Il enseignait également à l’Université et consacrait son temps libre à son blog où il parlait d’alimentation équilibrée, mais aussi de son quotidien.
Après l’invasion russe en Ukraine, Alexandre a pris la décision de quitter son pays natal. Il a opté pour la Moldavie, même s’il n’avait rien à voir avec ce pays. « La « dernière goutte » a été l’incertitude quant à mon avenir – rien ne m’inspirait de l’espoir quant à ma sécurité, stabilité et la paix du lendemain », raconte-t-il.
Etant à Chisinau depuis le mois de juillet dernier, Alexandre espère recevoir un permis de séjour en Moldavie pour avoir le droit de travailler. Il aimerait se faire embaucher dans une des universités moldaves et continuer ses projets de recherche. A cette fin, il s’est mis à apprendre le roumain.
Alexandre partage dans son blog ses impressions sur la Moldavie. Selon lui, la Moldavie est orientée vers l’Europe et cela se voit partout, y compris dans la façon d’aménager les villes, les immeubles. Les gens lui semblent plus relaxés en Moldavie qu’en Russie.
« Ici, on peut croiser un ministre dans un petit café. Cela m’a surpris, avoue Alexandre. En Moldavie, j’ai l’impression que les policiers sont au service du citoyen. Le policier n’est pas quelqu’un qui peut tirer sur toi ou te tordre les bras pour le simple motif que tu as dit quelque chose ou tu as fait quelque chose qu’il n’a pas aimé ».
Qu’est-ce qui le ferait rentrer en Russie ? « Pour le moment, je n’ai pas l’intention de bouger d’ici, dit Alexandre. Mais j’espère que la Russie arrivera à avoir un dialogue avec tous les pays et qu’elle deviendra un pays civilisé, avec une société instruite, qui réfléchit ».
"Mon pays commet des crimes et l’Ukraine a besoin d’aide que je peux accorder"
Alexandre Kudachev vient de Samara, une ville industrielle située sur la Volga. Dans sa ville natale, Alexandre travaillait dans une entreprise de construction et, pendant son temps libre, il était activiste. Alexandre a organisé un mouvement pour la collecte séparée des déchets plastiques à Samara et l’argent provenu de la vente des déchets était utilisé à des fins caritatives.
Alexandre n’a jamais hésité à protester contre les injustices des autorités, y compris quand le Kremlin a lancé la soi-disant « opération militaire spéciale » en Ukraine. Il a été plusieurs fois retenu alors qu’il protestait contre la guerre. « J’avais une « collection » de procès-verbaux. A un moment donné, j’ai compris que mes protestations n’amèneraient à rien. Cela m’est devenu surtout évident le jour quand le poste de radio « Dojdi » a annoncé sa fermeture », raconte Alexandre.
En mars, il a décidé de se rendre en Ukraine, en tant que volontaire : « J’ai compris qu’il fallait faire quelque chose. Mon pays commet des crimes et l’Ukraine a besoin d’aide que je peux accorder, me suis-je dit ».
Après une tentative échouée de traverser la frontière, il a décidé de venir en Moldavie pour aider aux réfugiés ukrainiens. Depuis fin mars, Alexandre est en Moldavie où, en tant que bénévole, aide tous les jours des réfugiés ukrainiens. Il participe souvent à des protestations contre la guerre déroulées devant l’ambassade de la Russie a Chisinau.
Il dit avoir de bonnes relations avec les Moldaves. « Les gens d’ici apprécient la personnalité, sans égard au passeport ou la nationalité de la personne », dit-il.
Parmi ses projets – ouvrir un abri pour les Russes qui n’acceptent pas de vivre sous l’actuel régime de Moscou, pour ceux qui veulent se porter volontaires, comme lui, et être utiles. Il a fait une demande d’asile auprès de l’Etat moldave.
Qu’est-ce qui le ferait rentrer en Russie ? Une révolution. « Si une révolution commence en Russie, je rentrerais et je serais sur les barricades », affirme-t-il.
D’après un article d’Ecaterina Buruiană publié sur https://www.moldova.org/un-activist-si-un-medic-din-rusia-in-moldova-unul-asteapta-revolutia-iar-altul-vrea-sa-ramana/
Le 21 octobre 2022