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« Ils n’existent plus pour moi » : l’impact de la guerre en Ukraine sur les relations entre les proches

La guerre déclenchée il y a une année par la Russie contre l’Ukraine a touché beaucoup de domaines de la vie, y compris les relations entre les gens. Les correspondants de Newsmaker ont questionné les lecteurs de cette publication en ligne sur la façon dont leurs relations avec leurs parents et amis ont changé après le début de la guerre.

Première partie

ECATERINA : La situation est comme ça : quand on est avec des amis, si quelqu’un commence à parler de la guerre, il a une « amende » à payer. Nous préférons parler plutôt du coronavirus.

EVA ONUFREICIUC : Mes grands-parents habitent en Transnistrie, ils sont imprégnés de la propagande. Le frère de ma mère, avec sa femme et son fils, habitent en Ukraine, à Bucha et en Irpine. Sa femme avec son fils sont venus en Moldavie au début de la guerre, mais ils sont revenus en Ukraine au bout de quelque temps. Mes grands-parents n’appellent pas cela une guerre, pour eux c’est une « opération spéciale ». Ils ne croient pas que des villes sont bombardées, ils ne croient pas aux paroles de leur propre fils et de leur petit-fils, ils soutiennent Poutine et la guerre.

Ma famille vit en Moldavie, nous leur rendons souvent visite. Au début, ce sujet était souvent abordé, ce qui se soldait à chaque fois par un scandale et des assiettes cassées. Ils accusent la Moldavie d’être neutre et de ne pas soutenir la Russie.

Nous avons décidé d’arrêter d’en parler. J’ai honte de l’avoir fait, honte que mes grands-parents ne croient pas à la guerre et, en plus, qu’ils soutiennent cette horreur. Et c’est encore plus gênant qu’on n’essaie même plus d’en parler. Ce qui est vraiment douloureux, c’est que les grands-parents ne font pas confiance à leur fils, à sa femme et à leur petit-fils. C’est effrayant.

NICK FENIKALS : J’ai cessé de communiquer avec presque tous mes collègues russes.

SEVENNNF : Malheureusement, mon père croit à la télévision russe. Toutes les tentatives de lui parler de ce sujet et de lui prouver le contraire ont été infructueuses. C’est ainsi que nous vivons…

ALEXANDR : Là où je travaille, tout le monde soutient l’invasion russe, mais pas moi. Nous essayons de ne pas parler de ce sujet.

REPONSE ANONYME : J’ai une assez petite famille. Depuis que la guerre a commencé, je ne peux plus communiquer avec mon père. Il vit à Moscou et il essaye de me convaincre que tout ce qui se passe c’est de la « politique ». Il ne se demande pas si nous, ceux qui vivons en Moldavie, nous allons bien, si nous n’avons pas peur, quels sont nos projets. « Il ne se passe rien ». Sa femme publie des messages chauvins sur les réseaux sociaux pour exprimer sa colère contre des amis ukrainiens qui « sont mécontents de quelque chose ».

Je lui ai écrit que nous pourrons nous parler quand la guerre sera finie. Parce que la guerre a changé ma vie et celle de mes amis. Parce que derrière toute cette indifférence ostentatoire de mon père, il y a la confiance que « mère Russie » fait tout correctement. Papa l’a toujours cru, mais après le 24 février, c’est devenu pour moi un mur infranchissable. On reprendra les contacts quand l’Ukraine aura vaincu.

VITALIJ155 : Dès que j’ai découvert que ma sœur de Moscou soutenait Poutine et la soi-disant « opération militaire spéciale » en Ukraine, j’ai rompu tous les contacts avec elle. Depuis le début de la guerre, j’ai activement soutenu l’Ukraine en tout et j’ai condamné l’agression de la Russie contre elle.

REPONSE ANONYME : Depuis que la guerre a commencé en Ukraine, tous ceux qui approuvent la position de la Russie et ses méthodes resteront à jamais sur ma liste noire, je ne pourrais pas faire de compromis à ce sujet.

LILIANA : Nous nous sommes rapprochés encore plus, nous apprécions chaque jour vécu en paix et nous espérons que la guerre en Ukraine finira le plus vite possible.

REPONSE ANONYME : A première vue, tout va bien – des coups de fils, des signes d’attention transmis et des choses comme ça. Mais pour moi personnellement, c’est très difficile. J’ai de moins en moins envie de venir les visiter et je trouve toutes sortes d’excuses pour ne pas allez chez eux.

Il est très difficile de parler avec papa, qui, malheureusement, croit à la propagande de la Russie et qui est très nostalgique de l’URSS. Maman semble se trouver entre deux camps - elle est originaire d’un village moldave d’Ukraine, près la frontière avec la Moldavie, et tout comme moi, elle s’inquiète pour son frère qui est maintenant à Kherson. Quand je passais mes vacances d’été dans le village, j’ai vécu de très beaux moments avec mon oncle qui me gâtait toujours. J’espérais que la guerre n’affecterait pas notre famille, mais, malheureusement, mon oncle a été envoyé en mission (c’est comme ça qu’il dit) à Kherson pour 2 mois et la ville est souvent la cible des bombardements. Je lui ai donné un coup de fil l’autre jour. C’était difficile quand il m’a dit : « Je sais, ton père est pour la Russie ». C’est dur d’accepter le fait que tu ne peux pas aider.

VLAD POPA : J’ai identifié des gens avec des visions fascistes après l’invasion, les relations avec eux se sont réduites à zéro.

BOGDAN ECATERINA : Après le 24 février, je ne communique plus avec un parent de sang très proche. Je n’ai plus de force et d’énergie pour supporter ses visions écorcheuses. Mes amis qui sympathisent (probablement) avec la Russie, se taisent dans ma présence. Je ne peux que deviner pourquoi - ils savent que je les enverrai « suivre le navire russe ».

LIAMQWX : Je suis Moldave, la seule dans la famille qui s’est opposée à la guerre dès le début. J’ai participé à des protestations, j’ai été volontaire. En général, j’ai essayé d’aider de toutes les manières possibles. J’ai expliqué à mes proches pro-russes à l’amiable que des gens, mes amis et mes proches, y meurent. Mais tout est inutile, ils me bâillonnent constamment de manière grossière. Ils continuent d’insister sur leur opinion et ils presque prient pour Poutine. C’est très triste de réaliser que je vis sous le même toit avec des gens qui soutiennent le meurtre du peuple voisin.

UEMPEROR : Je ne discute avec personne. Je ne vois pas l’intérêt. J’ai une position anti-guerre. Je n’en parle pas dans les discussions avec eux. En fait, ils ont une position similaire, mais il y a une nuance : « Ce n’était pas une attaque, mais une frappe préventive, une action de défense, de libération. Et, en général, c’est l’OTAN qui est responsable d’absolument tout », croient-ils.

VCVSVC : Pour mes proches, je suis un traître, car j’ai quitté mon pays à un tel moment, je me suis vendue à l’Occident, à Zelensky, à Biden, à Navalny. C’est pareil en ce qui concerne la famille de mon mari. C’est dommage, mais je ne sais pas comment les aider, les conversations sont inutiles, les photos, les vidéos, ils disent que tout est faux et que ce sont des chaînes TV ennemies. Je ne veux même pas les entendre, ils sont comme ensorcelés.

MAXIM : Mon père et mon beau-père, retraités tous les deux, sont comme des zombies qui écoutent jour et nuit Soloviev. Toute tentative d’ouvrir leurs yeux vers des sources alternatives d’information est un échec. « C’est le clown qui est coupable. Poutine est un saint ! Navalny ment ! » Heureusement, maman est du bon côté de l’histoire.

A suivre

Source : https://newsmaker.md/rus/novosti/ikh-dlya-menya-bolshe-net-chitateli-nm-o-tom-kak-izmenilis-otnosheniya-s-blizkimi-posle-vojny/

Le 30 avril 2023

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