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Compte rendu d’un entretien sur la Moldavie avec la Sénatrice Josette Durrieu, membre du conseil de l’Europe

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Par Gilles Ribardière

Josette Durrieu

Alors que la République de Moldavie poursuit son cheminement escarpé vers une normalisation de sa situation institutionnelle, il est intéressant d’avoir l’éclairage d’une personnalité du monde politique français qui connaît le mieux la situation dans ce pays situé aux marches de l’Europe.

Il s’agit de Madame Josette Durrieu, Sénatrice des Hautes-Pyrénées, Présidente du Conseil Général, membre du Conseil de l’Europe, Présidente du groupe interparlementaire d’amitié France-Moldavie du Sénat et rapporteur sur le suivi des engagements de la Moldova de 1994 à 2010.

Son point de vue est irremplaçable, dans la mesure où elle peut s’honorer d’avoir visité ce pays plus de 40 fois, et ce depuis l’indépendance de la République de Moldavie et notamment depuis 1994. Elle a par ailleurs produit plusieurs rapports pour le Conseil de l’Europe rendant compte de l’évolution de ce pays au regard des engagements pris et de son évolution vers la démocratie. Elle a, du reste, déposé au Conseil de l’Europe le dernier état de son analyse lors de la 3e partie de la session du Conseil de l’Europe en juin 2010.

Son regard sur la République de Moldavie est positif et empreint de respect affectif pour ce pays et ce peuple.

Elle a bien connu les 4 présidents de la République qui se sont succédés depuis l’indépendance : Mircea Snegur, Petru Lucinschi, Vladimir Voronin et Mihai Ghimpu, celui-ci assurant ses hautes fonctions par intérim.

Elle a pu ainsi mesurer la façon dont le personnel politique au plus haut niveau s’est inscrit dans une démarche démocratique progressive même si il faut considérer que l’on avait jusqu’à aujourd’hui « des leaders non aboutis » au regard des critères d’une démocratie occidentale. Elle souligne que le retour d’une majorité communiste avec Vladimir Voronin (de 2001 à 2009) s’est faite tout à fait légalement. Ayant une vision réaliste, elle constate que les 8 années de présidence de ce dernier ont façonné le mental de la population. Mais cela n’empêche pas, dans la présente période post-Voronin, que se développe une situation « maîtrisée », ce qui est à mettre au crédit de l’ensemble de la classe politique : la démocratie s’installe, et Madame Durrieu considère que le processus engagé en vue de trouver un mode de désignation du président de la République acceptable ne se fait pas dans un climat de crise : il s’agissait de résoudre un problème institutionnel, et selon elle, « la situation a été maîtrisée. On est arrivé à une sortie raisonnable, en demandant au peuple de statuer par voie de référendum (le 5 septembre 2010) sur le mode de désignation du futur président ».

Elle estime qu’en l’occurrence le rôle du Conseil de l’Europe a été important et elle entend souligner l’émergence de personnalités marquantes : Marian Lupu, Vlad Filat, Mihai Ghimpu, actuels acteurs de la situation.

A plusieurs reprises dans l’entretien, Madame Durrieu a tenu à « tirer son chapeau » quant à l’évolution de ce « petit pays ignoré » dont elle salue « la stabilité relative », qui « s’imprègne d’une volonté démocratique ». Selon elle, ce pays « doit aboutir ». Le « cadre est posé » pour que tous les partis se lancent sereinement dans un processus politique normal.

Pourtant ces échéances de l’automne arrivent à un moment où la transition économique est particulièrement difficile. L’agriculture, un potentiel fort, est cependant mal organisée ; le pays est amputé de sa partie industrielle de la Transnistrie ; la fourniture d’énergie est dépendante de la Russie et les exportations agricoles, aussi.

Néanmoins, Josette Durrieu demeure optimiste quant aux conditions dans lesquelles la stabilisation institutionnelle de la petite république peut se réaliser. Et il devra s’ensuivre dans un climat redevenu favorable des discussions nécessaires en vue de l’intégration de ce pays dans l’Union Européenne.

A cet égard, Madame Durrieu exprime le regret que ce pays n’ait pas pris en son temps le train qui a conduit à l’adhésion à l’UE de la Roumanie et de la Bulgarie.

Et elle insiste sur le fait que la République de Moldova, dont l’identité européenne ne doit pas prêter à discussion, a toute sa place dans l’Union. Sachant que la question de la Transnistrie doit être résolue, car il n’est pas envisageable pour l’Union d’avoir une zone d’incertitude à sa frontière Est et qu’un pays du Conseil de l’Europe soit atteint dans son intégrité et sa souveraineté par un autre pays membre. « Ce conflit dit « gelé » doit trouver maintenant une solution ».

Le 16 juillet 2010

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