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Passé et présent du monastère de Saharna

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Le village de Saharna fut pour la première fois mentionné dans un document datant de l’an 1495, mais ces parages furent peuplés avant notre ère. Les fouilles archéologiques firent révéler aux environs de Saharna deux nécropoles datant des VIIIe-VIIe siècles avant Jesus-Christ. Sur une colline, près de l’ancien lit du Nistru, furent découverts les vestiges de deux citadelles avec un aqueduc formé de tuyaux en argile.

Jadis, aux portes de cette localité, jetaient leurs ancres les vaisseaux commerciaux byzantains, grecs, romains, des marchands de Iassy, Kiev et Poltava y venaient. D’autre part, la localité dut à plusieurs reprises faire face aux attaques dévastatrices des Huns, des Tatares et des Ottomans. Les forêts denses et les rochers abrupts servirent aux villageois de forteresses d’où des armées de cavaliers de Etienne le Grand se livraient aux combats pour défendre la frontière de l’est du pays. Les Saintes Ecritures furent toujours le bouclier le plus sûr des soldats : les chroniques, tout comme le monastères situé dans une vallée profonde le confirment.

Les Tatars

Le village de Saharna a une histoire millénaire, un passé glorieux, des traditions magnifiques, des gens bienveillants et hospitaliers, mais il est surtout devenu fameux grâce au monastère de la Sainte Trinité placé sur trois terrasses successives et à la réserve naturelle de 670 hectares. Le long du cours de presque 10 kilomètres de la rivière de Saharna, il y a 22 chutes d’eau qui créent dans ce charmant royaume des arbres et des fleurs un microclimat unique, abondant en oxygène.

Voici ci-dessous des données tirées du livre « Les monastères de Moldavie », écrit par l’archimandrite V. Puiu et publié à Chisinau en 1919 :

« Ce monastère de moines se trouve au bord du Nistru, à 45 kilomètres de la ville de Orhei. Le monastère est placé dans une vallée étroite et charmante formée par des rochers qui s’élèvent au bord du Nistru et s’ouvre vers une splendide vue sur l’Ukraine. A l’ouest du monastère, il y a eu un ermitage appelé Horodişte, ainsi qu’une petite église rupestre et quelques cellules de moine. En 1776, le moine Vartolomeu, venu de Russie, ensemble avec d’autres moines ont découvert cet ermitage abandonné. Ils ont réparé l’église rupestre, de même que les cellules et s’y sont installés. Ultérieurement, grâce au soutien du propriétaire de ce fief, Enache Hrisoverghi Lazu, au monastère fut attribué du terrain. Vers 1818, le supérieur Paisie fit démarrer la construction d’une grande église d’été en pierre, ainsi que des annexes. Les travaux de construction s’achevèrent en 1821 lorsque l’église fut consacrée par le métropolite Veniamin de toute la Moldavie. En 1883, le supérieur Seradim fit construire une église d’hiver et des annexes. Les supérieurs Iosif et Inokentie y ajoutèrent de nouvelles annexes ».

Conformément au recueil de documents « Bessarabia », paru en 1903 à Moscou, le moine Vartolomeu découvrit l’ermitage abandonné dans un défilé entre les rochers de Saharna, fit réparer les cellules, y installa des icônes, alluma des cierges et commença à faire des prières. Ainsi, en 1776, le monastère rupestre renaîtra. Le 30 mars 1843, l’agent financier Alekse Klioutchiariov de la ville ukrainienne de Kamenets, envoya une lettre au gouverneur de la Bessarabie, Pavel Fiodorov, dans laquelle il écrivait :

« Ces jours-ci, on me fit apprendre qu"aux proximités de notre frontière avec la Bessarabie, près du village de Popenca, dans le district de Balta, se trouve un monastère, dont le nom on ignore, où l’on conserve beaucoup d’objets anciens précieux que les moines n’apprécient pas à juste valeur. Les envahissements des Tatares ont cessé depuis longtemps, mais les envahissements des antiquaires viennent de commencer ; ils ne font autant usage de force que de ruse. Je sais qu’un antiquaire de notre gouvernement trame d’envahir ce monastère et de tromper les moines. A ces fins, il y a déjà envoyé des espions ».

Ayant reçu cette lettre, l’archevêque Dimitrie Sulima a entrepris les mesures requises afin qu’aucun objet ne disparaisse de l’ermitage. Parmi les objets les plus précieux, notons un grande croix argentée en bois cher, un épitaphe cousu d’or et de perles, une Evangile à la couverture d’or et d’argent, avec des inscriptions en turquoise. Ces objets précieux avaient été donnés en 1817 au monastère par des Cosaques qui revenaient des batailles avec l’Armée de Napoléon.

Les Cosaques

Au début du XX-ième siècle, le monastère de Saharna possédait 160 hectares de terrain, des vignobles et des jardins, trois moulins sur la rivière de Saharna, de même que des troupeaux de brebis, de bovins, de chevaux. Aux côtés des prières, le travail assidu était considéré comme une voie de purification spirituelle. Pendant plus de cinq décennies, à Saharna existèrent une école d’agronomie, ainsi qu’un atelier de céramique et de pièces artisanales d’architecture populaire. Le fondateur en fut N.C. Apostolopulo qui dort son sommeil éternel sous une pierre tombale en granit, dans la cour du monastère.

A l’époque soviétique, le monastère de Saharna, comme la plupart des églises et des monastères de Moldavie, eut une destinée très dramatique. Lors des années 1960, le monastère, y compris toutes ses annexes, fut transformé en asile d’aliénés. Ce n’est que le 1 octobre 1990 que le complexe monastique regagna son statut d’autrefois, cette date marquant un tournant dans son histoire. Les cloches du monastère de Saharna retentirent à nouveau. Le monastère de Saharna comprend aujourd’hui deux églises et a dans sa possession 10 hectares de terre. La Sainte-Trinité est considérée comme la patronne spirituelle du monastère de Saharna. Le monastère célèbre sa fête patronale le 8 septembre.

A présent, le monastère de Saharna subit de vastes travaux de restauration, exécutés avec le support du Gouvernement moldave, ainsi que de la population du pays.

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