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Olga Căpăţână, la femme-soldat, a lancé une trilogie à Paris

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La journaliste d’origine moldave, Olga Căpăţâna, a récemment lancé à Paris sa trilogie constituée des romans "Dobrenii", "Lilith" et „Agent Dublu” ("Double Agent"). La salle réservée s’est avérée trop petite pour accueillir tous ceux désireux de connaître l’auteure. L’argent provenu de la vente de ces livres sera utilisé pour des fins charitables – l’auteure a décidé de le donner pour le traitement de deux Moldaves qui luttent contre le cancer – la cardiologue Lilia Şaragov et le metteur en scène Viorel Mardare.

Interview par Ecaterina Ţurcan Hacina

Olga Căpăţâna

En quoi des événements de ce genre sont importants pour la diaspora ?

A mon avis, ils sont très importants, car ils nous permettent de mieux nous connaître, de revoir nos amis. Il y a parmi nous beaucoup d’enseignants, hommes de culture assoiffés de notre littérature nationale.

Comment êtes-vous venue en France ?

J’ai été parmi les premiers écrivains moldaves invités au Salon du Livre de Paris, en 2000, avec mes livres sur la Transnistrie. J’étais venue avec mon fils cadet qui a pris la décision de rester en France. En ce qui me concerne, je suis rentrée en Moldavie, puis revenue en France pour y rester en 2004. En fait, j’étais surtout rentrée pour mon petit-fils, Nicuşor que j’adorais. C’est ainsi que je me suis installée en France.

Qu’est-ce que c’est qu’être journaliste d’investigation en France ?

J’avoue que c’était assez difficile tout au début. Je suis vraiment désolée de ne pas être venue plus tôt pour pouvoir faire valider mon diplôme. En fait, j’aurais pu le faire, mais j’ai dû travailler pour subvenir à mes besoins, pour apprendre la langue, ce qui s’est d’ailleurs avéré être assez difficile à faire à mes 50 ans. Mais j’ai réussi et aujourd’hui je suis très heureuse de pouvoir faire ce que j’aime.

C’est une activité épuisante qui demande beaucoup d’énergie. Quand j’achève un reportage, j’ai l’impression que je ne suis plus capable de faire quoi que ce soit. Mais si l’on me propose un sujet qui m’intéresse, je regagne immédiatement des forces et je recommence à travailler. Je tiens également à indiquer qu’en France les journalistes sont décemment payés, ce qui permet en quelque sorte de vivre librement et de ne pas penser au pain quotidien. On peut se permettre de voyager pour regagner de l’énergie pour le travail.

Quels sujets abordez-vous dans vos livres ?

Le livre « Dobrenii » parle de la Transnistrie. C’est un livre de fiction, mais qui contient de nombreuses données documentaires concernant ce qui s’était passé en Transnistrie en 1992. Ce livre traite aussi de la Seconde Guerre Mondiale et de la guerre d’Afghanistan : trois guerres qu’ont connues les Dobrenii, une famille qui vit à la frontière entre deux grands mondes. Mais c’est aussi un livre qui parle d’amour, l’amour entre un homme et une femme, l’amour à l’intérieur de la famille.

« Agent dublu » (« Agent double ») raconte huit histoires des Moldaves qui ont fait leur service militaire en Afghanistan - des chirurgiens, des soldats et des officiers. A leur retour dans la patrie, il ne leur a pas été du tout facile de passer de la guerre à la paix.

« Lilith » c’est un recueil de vers dont beaucoup sont devenus paroles de chansons.

Pourquoi avez-vous décidé d’embrasser une carrière militaire et d’aller à la guerre ?

Ce n’était pas mon rêve d’aller à la guerre. En fait, j’ai plutôt été contrainte par ma situation matérielle de l’époque. Je travaillais à la Radio Moldave et c’était compliqué avec mon salaire de 105 roubles. J’avais divorcé, j’avais des enfants à élever et c’était difficile. En tant qu’employée d’un commissariat militaire, j’avais un salaire triple par rapport à la radio.

Quelles qualités vous ont été utiles à la guerre ?

Les qualités nécessaires sont venues plus tard. Tout au début, je me sentais perdue, effrayée. J’avais laissé mes enfants avec ma mère. J’ai pris l’avion à destination de Tachkent, d’où j’ai pris un autre avion militaire pour Kaboul. Une fois arrivée, j’ai été terrifiée par ce que j’ai vu. Les qualités utiles se sont développées plus tard, lorsque j’ai dû me défendre contre les ennemis.

Vous avez été une agente de Chişinău dans la 14e armée russe pendant la guerre de Transnistrie. Quelle était votre mission ?

J’étais officier dans la 14e armée, mais quand la guerre a éclaté, j’ai pris le parti de Chişinău, tout en restant dans l’armée pour pouvoir transmettre des informations sur ce qui se passait. D’ailleurs, dans « Dobrenii », j’ai décrit l’armement que la 14e armée avait donné aux séparatistes. Je collectais de l’information sur l’implication de la 14e armée dans des actions contre la Moldavie, sur le fait que la Russie avait déclenché cette guerre-là. C’est ce que j’ai eu à faire et ce que j’ai fait.

Tous comptes faits, considérez-vous que les institutions de l’Etat protègent vraiment l’intégrité territoriale de la République de Moldavie ?

En fait, elles ne la protègent aucunement ! C’est comme si elles disaient : la voici, prenez-là ! Turquie, Russie, qui la veut ? Le pays, on le vend par morceaux. Comment la protéger si le Président Dodon se rend avec le sultan turc en Gagaouzie et se déclare un grand patriote ? On dépose, ensemble avec des Russes, des fleurs sur les tombeaux des cosaques qui ont tué nos compatriotes. Est-ce protéger l’intégrité territoriale du pays ?

À part l’écriture, que faites-vous pendant votre temps libre ?

Je fais des icônes brodées. J’aime imprimer des photos sur de la soie, puis les broder de perles et rubans. Je fais des essais de peinture. Je m’occupe de mes petits-enfants. Il me semble que je n’ai jamais été aussi tranquille qu’ici, en France. Je voyage. Tout simplement, je vis ma vie !

Source : https://www.zdg.md/editia-print/social/diaspora/olga-capatana-femeia-soldat-si-a-lansat-cartile-la-paris

Le 7 novembre 2018

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