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Une Soirée Moldavie à Marcigny

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Article de Olga Vrabie, Iulia Miaun et Cristina Fusu, étudiantes à l’Université d’État de Moldavie, au Département de Philologie Française, stagiaires au Centre d’Art Contemporain Frank Popper de Marcigny

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Présenter son pays à un étranger est une tâche difficile et exigeante…

Un petit pays, riche en traditions et avec un passé mouvementé, a été découvert, le 4 juillet 2013, aux habitants de la petite ville de Marcigny, de la région de Bourgogne. L’association Amis du Centre d’Art Contemporain Frank Popper a organisé, à cette date précise, une soirée-découverte sur la Moldavie, dans le cadre des soirées-débat du premier jeudi du mois.

Collaboration intellectuelle multiculturelle. M. Georges Silva et M. Franz Spath nous initient à la technique de découverte de l’Autre (art nouveau) par l’Autre (un médiateur pratiquant la technique de mise à distance). Juillet 2013.

La salle du foyer de Marcigny paraissait étroite pour accueillir plus de cinquante spectateurs, certains venant de très loin, ayant parcouru une distance de plus de deux cents kilomètres, en tant qu’amis fidèles du Centre.

La présence inspiratrice à cette petite manifestation conviviale du Président du CACFP de Marcigny, M. Georges Silva, professeur et critique d’art, et de Mme Pascale Cuinier, chargée de rubrique au Journal de Saône-et-Loire, s’est fait remarquer tout de suite. Une atmosphère de questionnement intellectuel et de découverte s’est instaurée très vite sans la salle.

Pour nous, trois étudiantes moldaves, boursières de l’Agence Universitaire de la Francophonie, ce fut une bonne expérience : on a essayé de relever devant les invités, en moins d’une heure, les traits les plus significatifs de notre pays.

Début de la Soirée Moldavie à Marcigny

La soirée a débuté par un petit mot de salut, prononcé par nous-mêmes, et transmis virtuellement par le Directeur du Département de Philologie Française de l’Université d’État de Moldavie, M. Ion Gutu, aux Cofondateurs du CACFP, M. Georges Silva et M. Franz Spath, en remerciement pour l’intérêt qu’ils portent à l’égard de notre pays et de notre Université. Une revue sur la francophonie dans l’Europe Centrale et Orientale, le recueil d’essais de Victor Banaru « Goût de belladone » et un cruchon traditionnel moldave vernissé, ont matérialisé, dans une certaine mesure, cette collaboration intellectuelle à distance.

Nous avons senti une fois de plus que notre présence va laisser une idée générale sur le peuple moldave en entier. Pour maintenir une atmosphère plus authentique dans la salle, nous avons décidé de mettre des blouses traditionnelles moldaves (ie), confectionnées à la main par la mère de Cristina, Mme Lilia Fusu de Zabriceni, Edinet.

Interférences culturelles et gastronomiques.

Ce cadre fut maintenu encore par la flûte traversière de Iulia, élément dont le nom fait partie de la liste des plus anciens instruments traditionnels moldaves. Et, finalement, la mamaliga, plat traditionnel moldave, fut présentée aux invités. Toutefois, l’histoire de sa cuisson n’a pas été si simple : préparée en France, d’après une recette moldave et avec de la farine espagnole et du fromage de Causeni (envoyé généreusement par Mme Svetlana Budei, la tante d’Olga), cette ingéniosité culinaire a combiné tradition et inventivité. Problématique s’avérait encore l’adaptation du vaisseau pour la mamaliga (faute de ceaun moldave qui nous manquait en France, mais aussi du melesteu, à l’aide duquel on agite le contenu de la mamaliga cuisante.) On les a remplacés donc par une grande cuillère et par un bol de cuisine.

Portant des blouses nationales (ie) et présentant la mamaliga et le fromage de Causeni, pour dégustation

Position géographique, histoire, économie, politique, éducation, coutumes et traditions, cuisine, musique et danse…ce fut à peu près le parcours sur lequel nous avons essayé d’accompagner les invités, pour faire se dessiner dans leur imagination l’idée d’un nouveau pays découvert et qui ne se trouve, paradoxalement, qu’à trois heures de vol d’avion depuis la France. Dans ce contexte, nous avons remarqué la tendance des interlocuteurs de nous associer plutôt à l ’ex-Union Soviétique, cherchant donc des connexions entre nos traditions et la forma mentis slave. Pourtant, nous avons essayé d’expliquer que, pays de frontière, la Moldavie avait subi bien sûr des influences slaves (certains mots du vocabulaire, certains éléments architecturaux, etc..), mais qu’elle est principalement un pays d’origine latine, dont la langue et la culture sont très proches de celles roumaine, française, italienne, portugaise, etc.

Mais, au fur et à mesure que l’interaction s’établissait, on constatait que malgré le stéréotype d’un pays ex-soviétique qui persistait encore, les gens devenaient plus ouverts pour une nouvelle expérience de découverte d’un petit pays de l’Europe Orientale, très proche de l’UE.

Les sujets qui intéressaient plutôt les Amis du CACFP portaient sur la démocratie, les relations de la Moldavie avec la Russie et la Roumanie, la vie des jeunes moldaves et les difficultés liées au voyage à l’étranger et à l’obtention du visa. On s’est renseigné de même sur nos motivations, dans le choix de la langue française comme langue de spécialisation et à ce moment-là nous avons pu dévoiler, devant les invités, notre attachement à cette langue depuis l’enfance (comme la majorité de lycées en Moldavie sont des institutions ayant le roumain comme langue d’enseignement, on avait, à l’époque la tendance d’y enseigner le français en tant que langue étrangère, puisque c’est une langue venant de la même famille latine.) Nous avons constaté que malgré le fait que les choses ont légèrement changé aujourd’hui, il y a un fort pourcentage de Moldaves qui apprennent le français comme langue étrangère première, dans les lycées.

Ensuite, nous avons évoqué le fait d’avoir eu des professeurs de français très doués qui nous ont inspiré l’amour pour cette langue, le désir de découvrir de nouveaux espaces à travers une langue de circulation internationale, la possibilité de faire des études dans l’espace européen francophone, etc.

On a finalement constaté que ce qui nous rapproche des habitants de cette région française, c’est la beauté des paysages, la bienveillance et l’hospitalité avec laquelle nous avons été accueillies. Nous avons identifié des ressemblances entre la Bourgogne et la Moldavie : un paysage à collines et vallées, des pentes couvertes de vignobles et, bien sûr, ce goût exquis pour le bon vin.

La soirée a clôturé par une suite de projections vidéo (danses moldaves) des groupes de danse folklorique Codreanca et Joc, dont les rythmes ont conquis les cœurs des spectateurs et par un intermezzo musical, offert par notre collègue Iulia, avec deux compositions à la flûte traversière.

Encadrement propice aux découvertes imaginatives : au CACFP de Marcigny, guidées par M. Georges Silva et M. Franz Spath, Cofondateurs de l’Institution. En face d’ une installation symbolique de l’artiste vénézuelien Soto. Juillet 2013.
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