En effet, les produits exportés par la Transnistrie passent généralement par le sud de l’Ukraine, et notamment le port d’Odessa qui débouche sur la mer Noire. En dépit de la proximité d’élections en Ukraine, et de la propagande de Tiraspol, le gouvernement ukrainien a choisi de suivre la politique proposée par l’Union européenne.
Il est vrai que la région avait activement soutenu Viktor Ianoukovitch lors des élections présidentielles de l’automne 2004. Par un décret datant de 2003, le président transnistrien a exempté les biens ukrainiens de toutes taxes.
Toutefois, la contrebande de Transnistrie est néfaste pour l’économie ukrainienne, puisqu’elle introduit des biens souvent illégaux et favorise l’évasion fiscale. Tiraspol dénonce pour sa part le « blocus » de la République ; elle est entendue et soutenue par certains groupes en Ukraine (les opposants à la révolution orange) ainsi qu’en Russie (au sein du ministère des affaires étrangères et de la défense notamment).
De fait, il ne s’agit pas d’un blocus de Chisinau, mais plutôt d’un retour à la légalité : en effet, la Moldavie et la Transnistrie ont développé deux économies divergentes, y compris en termes douaniers et monétaires.
Il s’avère que les entités économiques de la Transnistrie acceptent petit à petit d’être enregistrées à Chisinau. D’après le premier ministre moldave, près de 100 entreprises, regroupant 80% de la production et de exportations transnistriennes, sont déjà enregistrées.
Jusqu’ici, l’arme économique était plutôt utilisée par Tiraspol, qui détient notamment la centrale électrique de Cuciurgan, les industries productives et une situation géographique nodale (notamment pour le rail).
La Moldavie peut craindre des représailles de la part de Moscou, puisque certaines instances soutiennent avec constance Tiraspol contre Chisinau. Le hausse du prix de l’énergie à l’avenir, ou des sanctions contre les produits moldaves sur le marché russe ne sont donc pas à exclure.
Florent Parmentier, analyste-politique pour Moldavie.fr