Un embargo dévastateur, mais salutaire
Ce succès actuel trouve paradoxalement son origine dans une crise majeure survenue il y a 19 ans, lorsque la Russie a imposé un embargo sur le vin moldave pour des raisons politiques le 27 mars 2006. Cette interdiction a brutalement privé la Moldavie de son principal marché d’exportation, entraînant une chute drastique des ventes, des pertes financières considérables et le chômage technique de milliers de travailleurs.
Toutefois, cette épreuve s’est révélée être un puissant levier de transformation. Alors qu’en 2005, 90 % des vins moldaves étaient destinés à la Russie, aujourd’hui, cette part est tombée à seulement 7 %.
Une conquête des marchés Internationaux
Les producteurs de vin, autrefois tournés quasi exclusivement vers le marché russe, ont dû s’adapter. Plutôt que de céder au découragement, ils ont diversifié leurs marchés et signé des contrats d’exportation avec des dizaines de pays.
Un exemple frappant est celui de la célèbre cave de Cricova, qui dépendait fortement des ventes en Russie. Contrainte de se réinventer, elle exporte désormais ses vins dans 37 pays, y compris en Afrique.
« Nous expédions chaque année 5 millions de bouteilles, et 2024 a été une année record avec une hausse de 10 % des exportations, soit 500 000 bouteilles supplémentaires. Ce qui nous réjouit particulièrement, c’est que cette progression concerne nos vins mousseux. Nous envisageons d’élargir encore notre présence en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud », explique Sorin Maslo, directeur de la fabrique de vins Cricova.
Une nouvelle vision pour l’industrie viticole
Loin d’être un simple obstacle, l’embargo a été une véritable leçon. Les producteurs moldaves ont compris qu’une dépendance excessive à un marché unique constituait une faiblesse. En diversifiant leurs exportations, ils ont assuré leur croissance et leur pérennité. Aujourd’hui, les vins moldaves se retrouvent en Roumanie, en Allemagne, aux Pays-Bas, au Canada, en Belgique et jusqu’au Japon.
« Sur le long terme, cet embargo a été une bénédiction. Avant, les caves moldaves produisaient essentiellement pour un marché qui ne demandait pas un grand souci de qualité, tant que le vin passait les tests de laboratoire. Après 2006, nous avons vu émerger de nombreux nouveaux domaines, déterminés à produire des vins d’exception. Il est crucial pour la Moldavie de valoriser ses cépages autochtones », souligne Vlada Vutcarău, propriétaire de la cave ATU.
« Wine of Moldova » : une marque de renom
Pour renforcer la présence des vins moldaves à l’international, le pays a lancé la marque nationale « Wine of Moldova », symbole d’un savoir-faire viticole modernisé. Grâce à des investissements massifs dans les nouvelles technologies, les producteurs ont gagné en compétitivité et en reconnaissance.
Loin de freiner l’essor du vin moldave, l’embargo russe a poussé l’industrie vers un avenir plus prometteur. Aujourd’hui, la Moldavie n’est plus seulement un grand producteur de vin : elle s’affirme comme un acteur incontournable du marché mondial.
D’après un article publié sur https://moldova1.md/p/46340/de-la-criza-la-dezvoltare-cum-au-insusit-vinificatorii-moldoveni-lectia-impusa-de-embargourile-rusesti
Le 30 mars 2025