Je vis à Odessa depuis deux ans et demi. Avant, j’étais déjà venu plusieurs fois en Ukraine. La première fois, c’était en 2013. Pendant tout ce temps, pas un seul reproche ne m’a été fait d’être russe. Même aujourd’hui.

Le 24 février, à 4 heures du matin, la Fédération de Russie, dont je suis malheureusement un citoyen, a lancé une invasion militaire directe de l’Ukraine. En ce moment même, à cette minute précise, des soldats russes tuent des citoyens ukrainiens en le justifiant par le fait que même la langue n’ose pas le répéter.

On ne peut pas l’oublier.

« La vie ne sera plus jamais la même », comme nous aimions plaisanter à propos des nouvelles connaissances acquises lors d’une telle ou telle conférence avec des amis ukrainiens, sur le sort desquels je ne sais rien depuis déjà plusieurs jours. Certains viennent de Kharkiv, d’autres de Kherson, de Kiev ou ailleurs.

Je n’allais pas partir d’ici. Et je ne partirai pas volontairement. Mais pour comprendre le niveau de connerie : j’ai été enregistré au consulat qui s’est enfui comme des rats sans dire un mot à un vrai citoyen de la Fédération de Russie qui est ici, en Ukraine, et qui a prétendument besoin d’être sauvé de quelques nazis. Qui êtes-vous venu sauver et de qui ?

Découper des passeports russes en morceaux et rester ici sans aucun document ne résoudra rien, et je ne ferai que m’ajouter des problèmes à l’avenir, j’en suis conscient. Mais il se peut que ceux qui me connaissent et qui vivent encore en Russie vont enfin se rendre compte que nous devons éteindre la télévision russe, réaliser à quel point nous sommes tous dans la merde et commencer à agir.

Parlez à tout le monde de ce qui se passe ici, ne vous taisez pas, ne faites pas comme si cela ne vous concernait pas, cachez vos proches en âge d’être conscrits, faites passer le mot aux personnes qui sont actuellement en service, participez à des manifestations, bloquez des routes, envoyez des plaintes sur des profils des propagandistes, enregistrez des vidéos.

Si vous n’avez pas assez d’informations, il suffit de demander, je suis là.

Faites quelque chose, mais ne restez pas assis, en espérant que cela se termine tout seul. En ce moment, vous avez le choix : ne rien faire ou vous libérer enfin de l’esclavage et décider de votre propre sort et de celui du pays dans lequel vous vivez.

Navire russe, va te faire foutre…

Gloire à l’Ukraine !

Artiom, citoyen russe, résidant en Ukraine