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Le « STRADIVARIUS de Moldavie », l’homme qui fait chanter le bois

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Le professeur de musique Vladimir Dodon, connu comme un véritable artiste en lutherie, on le sait depuis longtemps, est l’un des meilleurs créateurs d’instruments populaires à cordes de chez nous, un homme qui fait « chanter » le bois. Mais ce n’est que récemment que l’on est venu le voir à Calarasi ; là, dans une belle villa, l’artisan a un atelier où il fabrique des violons de toutes les tailles, violes, violoncelles… En même temps, il restaure divers instruments à cordes.

Sur le chemin de Calarasi, nous avons fait route avec le maestro Gheorghe Banariuc. Enthousiasmé par cet excellent artisan, il nous racontait que les artisans qui travaillent le bois sont nombreux, mais peu d’entre eux peuvent le faire « chanter » ; cela veut dire le transformer en violon ou en viole. Stradivarius a appris au peuple ce qu’est un violon. Depuis, pendant des années, il y a eu beaucoup d’autres artisans qui ont essayé de copier l’art du maestro ou bien de créer une identité artistique de l’instrument. Guarnieri a été l’un de ces artisans. Précisément, son modèle de violon a été choisi par le luthier de Calarasi. A présent, ses violons ne résonnent pas qu’en Moldavie, mais aussi en France, Roumanie et dans d’autre pays.

A Calarasi, l’artisan nous attendait devant sa maison située au 14 de la rue Gavriil Musicesu. Il nous a conduits dans son atelier, où l’un de ses élèves, Vlad Virlan, violoniste dans l’orchestre des frères Advahov, a restauré un violon. Il nous a dit aussi qu’un autre élève, Mihai Dron, de Gura Galbena, Cimislia, qui a fabriqué son premier violon à l’âge de 14 ans seulement, a fait ses études dans une prestigieuse école de luthiers de Suisse. Et que sa fille, Victoria Dodon, qui est violoniste dans l’orchestre de Turin, en Italie, restaure elle aussi des violons. Puis, nous sommes montés au dernier étage de la maison où l’on a découvert un musée de toute beauté ! Les œuvres d’art consistaient en différents instruments musicaux populaires de toutes les époques.

Un violon à la STRADIVARIUS

Diplômé de l’Ecole pédagogique de Calarasi, section Directeur de chorale et de l’Institut d’Art « G. Musicescu » comme chef d’orchestre de musique populaire, Vladimir Dondon a appris à jouer de plusieurs instruments depuis son enfance. Il a débuté en jouant de la flûte, pendant qu’il était berger et gardait ses moutons. Puis, avec la trompette qu’il l’a eue de Simion Boldisor, le directeur de la fanfare de son village. Son père, Léon Dodon, père de dix enfants et assistant à l’église du village, était un homme sévère et ne lui permettait pas de chanter, car il avait peur de déranger ses voisins. Mais quand Vladimir a fait son premier spectacle devant sa nombreuse famille, son père n’a pu rien objecter.

En troisième classe, Vladimir possédait tous les instruments de fanfare, un accordéon et déjà, il jouait aux mariages du village… Après, l’un des ses amis, Anton Stavila, l’a conseillé : « Le violon c’est le roi de la musique ! » Avec l’aide de sa sœur, Zinaida, il a pu acquérir un violon. Il avait alors entendu beaucoup de légendes sur Stradivarius. Ainsi, son rêve ce n’était pas de jouer de n’importe quel violon, mais justement de jouer sur un Stradivarius. Il a ouvert son violon, l’a nettoyé, mais malheureusement il ne chantait pas très bien ce violon-là. Et il s’est alors adressé à l’artisan Gherman Kastrubin, accordeur à la Salle d’Orgue de Chisinau qui le lui a réparé, sans penser lui demander quoi que ce soit.

Une rencontre avec David Oistrah

Quelques années après, il a été enrôlé au service militaire à Saint-Pétersbourg. Un jour, un officier a appris avec surprise qu’il jouait du violon. « Veux-tu avoir un vrai violon ? », lui a-t-il demandé. « Bien sûr.. ! » répondit-il. Ils sont donc partis tous les deux chez le luthier Lev Veazemski. Devant l’immeuble, l’officier ne se rappelait pas le numéro de la porte, seulement qu’il habitait au deuxième étage. Quand il est entré, Vladimir a choisi une porte « C’est ici ! » « Comment avez-vous su ? », demanda l’officier. « On sent le bois ici ! »

Quand l’officier a raconté l’histoire au luthier, celui-ci lui a dit qu’il deviendrait sûrement un véritable artisan. Après avoir choisi un violon, le soldat moldave qui était invité souvent chez le luthier Veazemski, lui demandait à chaque fois de regarder si son violon chantait comme il fallait.

Une fois, en visite chez Veazemski, il rencontra un autre invité qui le reçut en disant : « Le voilà, notre Roumain ! ». « Je suis pas Roumain, mais Moldave ! » s’est-il défendu. « Tu es Roumain, même si tu le sais pas ! Le mieux serait que tu nous joues quelque chose ! » Après que Vladimir eut joué quelques chansons, le vieil homme dit au luthier : « Ecoute, Lev, des chansons comme cela, je ne suis pas sûr que quelqu’un de mon orchestre puisse les interpréter… » Alors, Vladimir Dodon fut très ému. Quand l’invité fut parti, Lev lui dit que ce monsieur là, n’était personne d’autre que DAVID OISTRAH !

L’orchestre de Vladimir Dodon

Le luthier de Calarasi n’a bien appris ce métier qu’au début des années ’90, quand il a été envoyé pour étudier en Roumanie. Il a appris auprès de Cornel Subani, ingénieur en acoustique du violon et de Virgil Bosu, directeur d’Opéra du Timisoara. En Roumanie, il a fait aussi un stage à la fabrique de Reghin, puis il est allé à la Claire Fontaine en France. Là bas, il a connu Sorin Voicu, violoniste de l’orchestre Overj. Sur la recommandation de celui là, il a perfectionné ses connaissances dans les ateliers de Jean Friederich Schmidt et de Silviu Sorret de Clermont Ferrand. En 2006, il a réussi une œuvre unique dans toute l’Europe : il a fabriqué tous les instruments pour un orchestre - 12 violons, 4 violes, et 2 contrebasses. Avec ces instruments, l’Orchestre de Chambre de la Salle d’Orgue, a présenté un extraordinaire spectacle. A

Article par Nicolae Roibu, publié sur http://www.timpul.md/article/2009/05/29/2380. Traduction - Tatiana Spoitoru. Relecture – Michèle Chartier.

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