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La Moldavie et le « syndrome hollandais ». Septembre 2005.

Note économie n°4.

Le « syndrome hollandais » désigne la situation dans laquelle un afflux considérable de ressources extérieures (le pétrole, les transferts de fonds ou l’aide étrangère) mène à une hausse du taux de change, qui s’avère préjudiciable pour les exportations. La Moldavie présente actuellement un certain nombre de symptômes liés à ce problème, notamment un taux de change assez élévé (il s’est apprécié en 2004, mais il est plus fluctuant récemment).

Sur les 7 premiers mois de l’année, le déficit de la balance commerciale excède le volume des exportations. L’augmentation des importations (+30%) a connu un rythme 3 fois supérieur à celui des exportations (10%), ce qui signifie que les productions internes ne sont pas le ressort principal de la croissance de l’économie moldave. Bien sûr, la hausse des prix de l’énergie, pour laquelle la Moldavie est dépendante, explique une partie de ce chiffre, mais ne parvient pas à épuiser le phénomène. De même, les sanctions prises par la Russie contre les exportations moldaves ont eu un impact négatif, mais cela ne suffit pas non plus à comprendre le décalage existant entre importations et exportations.

Ce constat nous permet de souligner le rôle paradoxal des revenus des travailleurs de l’étranger : autant l’afflux d’argent a permis des progrès économiques sensibles, manifestés par la hausse de la consommation, autant le maintien d’une leu forte qu’elle engendre s’avère délicat à gérer pour les acteurs locaux qui perdent des marges de manœuvre en termes de compétitivité. L’économie moldave doit donc s’appuyer sur la compétitivité-prix réelle de ses coûts salariaux pour progressivement monter en qualité, car on ne peut éternellement s’appuyer sur ce poumon extérieur.

Le budget de l’Etat, qui s’appuie à hauteur de 70% sur les droits de douanes, n’est de toute façon pas tant dépendant que cela de l’activité économique réelle du pays. Il en résulte que l’Etat dispose de nouvelles ressources, qui vont au-delà de ce qui était prévu (+27%).

Mais c’est bien le secteur de l’économie réelle qui doit être développé si l’on veut que la croissance perdure : une chute des revenus extérieurs aurait des effets très forts sur l’Etat, qui serait obligé de prendre un ensemble de mesures impopulaires. Dans ce cas, le développement des capacités d’exportation des PME locales semblent être la cible à privilégier pour le développement du pays.

Pour plus de renseignements, voir l’article « Is Moldovan economy ill with a « Dutch syndrome » ? », 9 septembre 2005. http://www.azi.md/comment?ID=35870

Florent Parmentier, analyste politique Moldavie.fr

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