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La Moldavie entre purges, famine et déportations : la période soviétique

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Le début de la période « soviétique » de la Bessarabie (Moldavie actuelle) est une des plus dramatiques, voire tragiques, de son histoire.

Suite au pacte entré dans l’histoire sous le nom de « Ribbentrop - Molotov », L’Allemagne de Hitler et l’URSS se partagent l’Europe en « zones d’influences ».

Signature des accords Ribbentrop-Molotov

Les deux parties s’empressent de l’exécuter. Le sort de la Pologne, des trois Pays Baltes et de la Bessarabie est scellé. L’Union Soviétique envahit la Bessarabie le 28 juin 1940. La Roumanie n’oppose pas de résistance armée et évacue ses troupes et son administration en catastrophe. De nombreuses familles se sont vues séparées par la nouvelle frontière établie sur le Prout.

Carte des accords Ribbentrop-Molotov

L’URSS fusionne les territoires occupés et la RSSAM, connue aujourd’hui sous le nom de « Transnistria » (en roumain) ou « Pridnestrov’e » (en russe). La politique soviétique se concentra sur l’établissement de barrières entre la Bessarabie et la Roumanie. L’alphabet cyrillique fut introduit en 1941.

Les « scientifiques » se sont empressés de découvrir des liens séculaires entre les Moldaves et les autres nations de l’URSS, de souligner la différence entre le moldave et le roumain - point de vue rejeté par les linguistes hors d’URSS.

Les déportés vers la Sibérie

De 1940 à 1950 la Bessarabie subit une hécatombre effroyable, perdant un tiers de sa population : elle comptait environ 3.200.000 personnes en août 1940. Il n’en restait que 2.229.000 en 1950. 971.000 personnes ont disparu en 10 ans :

  • 300.000 Moldaves ont été déportés entre le 28 juin 1940 et le 22 juin 1941 (dans la seule nuit du 13 juin 1941 - 13.470 familles, comprenant 22.648 personnes, dont approximativement 2/3 de femmes et enfants) ;
  • entre 1944 et 1948 - 250.000 Moldaves ont été déportés ;
  • entre 1946 et 1947 - 300.000 personnes sont mortes suite à la famine provoquée par les troupes soviétiques.
  • le 6 juillet 1949 commence la 3e vague de déportations : 11.324 familles sont déplacées de force (environ 40.850 personnes).

La mort de Staline ne met pas fin aux déportations : entre 1954 et 1964 300.000 autres familles ont été déplacées vers la Russie et le Kazakhstan.

Les nombreuses déportations ainsi que l’immigration de Russes et d’Ukrainiens ont profondément modifié le paysage démographique de la République Socialiste Soviétique de Moldavie. Ainsi, dans les années 1980, les travailleurs qui n’étaient pas moldaves représentaient plus de la moitié de la force de travail dans l’industrie et au moins 60 % des cadres.

Le pays reste principalement agricole suite à une certaine spécialisation au sein de l’URSS. Le plus gros de l’industrie est concentré à l’est du Dniestr, à Tiraspol et Bender.

Drapeau de la Moldavie Soviétique

Les mouvements de renaissance nationale s’affirment à la fin des années 1980. Regroupés autour du Front Populaire de Moldavie, les Moldaves souhaitaient la reconnaissance du roumain comme langue nationale et le rejet du cyrillique. C’est ainsi que le 31 août 1989 le moldave est déclaré langue d’Etat de la République avec une écriture latine.

À la fin de l’année 1990, la Moldavie déclare sa souveraineté au sein de l’Union Soviétique et adopte le drapeau tricolore roumain, avec le blason au sceau de tête de taureau de Dragos et d’Etienne le Grand, comme drapeau national. Le 27 août 1991 la Moldavie proclame son indépendance après avoir rejeté le traité d’union proposé et, ensuite, en publiant une condamnation sans équivoque des putschistes à Moscou.

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