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L’émigration des Moldaves entre “à la maison” et “ici”

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Presque chaque jour, des autocars pleins de Moldaves partent en Italie, en France, en Allemagne, au Pays-Bas, en Belgique, au Portugal, en Autriche ou en Suède. La majorité quittent “leurs nids et leurs poussins” pour résoudre leurs questions financières ou pour donner à leurs enfants une vie et un avenir meilleurs. La séparation est pénible.

A l’arrivée dans le square devant l’Académie des Sciences, d’où tout le monde “décolle”, on n’entend que la langue moldave. C’est difficile d’entamer une discussion avec une personne qui sent le fardeau de la pauvreté peser sur son dos et qui a décidé d’aller ailleurs dans un pays “sauveur”. D’habitude, ils sont entourés, près de l’autocar, par des amis et des parents qui assistent à leur départ.

Nous nous sommes approchés d’un groupe de personnes qui se séparaient de leur fils et ami. Igor, 28 ans, du village de Chirca, district d’Anenii-Noi, partait en Tchéquie, où il travaille déjà depuis 8 ans. Il y a 3 ans qu’il n’a pas rendu visite à ses parents. En ce qui concerne son futur et celui de ses enfants, il est optimiste. Il parle très bien la langue tchèque et il a beaucoup d’amis tchèques. Il est marié avec une autochtone. Récemment, elle a accouché d’un bébé. Il est convaincu qu’il ne reviendra jamais en Moldavie, parce qu’il n’y a aucun espoir que la situation change. Au commencement, c’était difficile dans un pays étranger où il travaillait illégalement. Puis, il a réussi à s’engager avec contrat, sur un chantier de constructions. La mère d’Igor est très fâchée parce que les Moldaves ne peuvent pas circuler librement dans les pays européens et qu’elle ne peut pas voir souvent son fils. Si elle était jeune, elle partirait aussi travailler ailleurs. Les parents supportent mal la séparation de leur fils, mais ils l’acceptent, parce que l’argent gagné entretient leur maison.

En Tchéquie, les droits des Moldaves sont plus respectés qu’en Moldavie

Victor, un homme de 30 ans, partait en Espagne : “Dans mon village j’étais chauffeur et tractoriste. J’ai compris qu’ici, il n’y avait rien de possible. Il était impossible de vivre avec l’argent que je gagnais. Si on augmentait les salaires, l’Etat reprenait le double en augmentant les prix aussi. Ici, je ne suis attiré que par les parents et les amis. Les personnes qui dirigent l’Etat ne s’occupent pas de leur peuple qui meurt de pauvreté."

Ion, 33 ans, de Dubasari, travaille déjà depuis 2 ans et demi en Tchéquie. Il a un contrat de travail. Il a la possibilité de rester là-bas, mais il voudrait revenir en Moldavie dans sa famille. “Les droits des employés moldaves en Tchéquie sont mieux respectés qu’en Moldavie. Je bénéficie de services médicaux gratuits, les médecins tchèques n’osent pas demander de pot-de-vin. Je paie partiellement seulement les médicaments. J’ai 2 congés chaque année, au cours desquels je peux me reposer et faire des cures de traitement dans des maisons de santé de Tchéquie ou d’un autre pays de l’UE”.

Dumitru, 19 ans, qui a fait des études secondaires incomplètes, est parti en Espagne. C’est un jeune homme intelligent : il a essayé de continuer ses études à une faculté, mais il n’a pas passé au système des bourses. Il n’a pas d’argent pour ses études mais il est optimiste et il espère gagner de l’argent et après 10 ans revenir en Moldavie pour monter une affaire. Son père travaille depuis 10 ans à Moscou, et son frère aîné aussi. “Nous partons pour revenir et élire des personnes jeunes, intelligentes, travailleuses qui conduiront le pays” a dit Dumitru.

L’Europe rit de notre faucille et de notre marteau

Toutes les personnes questionnées ont déclaré leur mécontentement envers le gouvernement communiste. Quand on arrive dans les pays étrangers, on se moque de nous parce que nous provenons d’un pays communiste. “L’Europe rit de notre faucille et de notre marteau” a déclaré le chauffeur d’un autocar.

Nos émigrants font partie de différentes catégories sociales. Les uns sont les enfants de personnes qui ont été déportées en Sibérie : déjà accoutumés aux difficultés, ils défient mieux la réalité, d’ailleurs. Les autres, encore trop jeunes, ont fait des études supérieures mais le pays n’a pas besoin d’eux. Il y a encore les personnes qui ont eu affaire à la justice pour des activités peu honorables. Une autre catégorie de Moldaves concerne “les enfants plus chanceux”, qui ont été emmenés ailleurs par leurs parents, et qui font là-bas leurs études. Selon une autre formulation, ils seront nommées probablement : “les générations d’ailleurs”. Il est sûr qu’ils n’accepteront jamais le mécanisme du pouvoir “comme chez les Moldaves”, dirigé par des personnes incompétentes et immorales.

C’est pourquoi, les parents de ces enfants s’adaptent aux autres systèmes sociaux et aux autres cultures, mais c’est parfois insurmontable, car ils ont la nostalgie de leurs vieux parents absents et de l’herbe verte de la patrie. Quand on leur demande s’ils vont investir dans une affaire en Moldavie, ils répondent que l’argent gagné ne leur suffit pas même pour construire une maison. Il y a des cas rares où un Moldave gagne 1000 à 1200 euros par mois. La minorité des personnes qui croit encore que les choses changeront en mieux dans notre pays, ne participe pas aux élections.

Il n’y a pas de contrôle sur l’émigration

Nous avons demandé à plusieurs spécialistes quel est le niveau du contrôle du phénomène de l’émigration des personnes qui travaillent. Le Bureau National pour la Migration (BNM) a été supprimé l’été 2006, au cours de la réforme initiée par l’Appareil Public Central. C’était la seule institution du pays qui réglementait ce phénomène par des politiques dans ce domaine et par la légalisation et la protection sociale des émigrés moldaves. La réforme prévoyait la transmission des fonctions du BNM aux différents ministères, dont la police. Par exemple on a utilisé les systèmes institutionnels qui existent en France, en Roumanie, en Lituanie et dans d’autres pays de l’UE.

"Transposer mécaniquement des clichés institutionnels étrangers est inadmissible pour la Moldavie. L’annulation du BNM mène à la perte du contrôle sur l’émigration. Les pays européens, qui ont servi d’exemple, se confrontent avec l’immigration et non avec l’émigration dans des proportions caractéristiques pour notre pays. En plus, le phénomène n’est pas analysé de tous les points de vue : économie, société, culture, religion, sécurité etc.”, a dit Olga Poalelungi, l’ex-directrice du BNM. La poursuite des politiques commencées sera une solution pour la Moldavie, considère l’experte. “Le phénomène de l’émigration ne pourra pas être stoppé par des restrictions, mais pour notre pays, il est inacceptable que s’exportent des travailleurs, comment le font les pays asiatiques. Le modèle optimal pour la Moldavie restera la rotation des travailleurs et la garantie des conditions de protection sociale pour les employés migrants. Ce sera possible par l’octroi d’un statut légal pour les personnes qui sont hors du pays, et aussi par la diminution de la migration illégale et du trafic d’êtres humains” considère Olga Poaleleungi.

en attente des parents

Article écrit par Angelina Olaru, publié sur www.timpul.md, traduit par Valentina Ciobanica, membre de l’Association Junact de Cahul. Relecture- Michèle Chartier.

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