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Kotovski, bandit bessarabien et général bolchevique

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Un des personnages mythiques de la Révolution russe, Kotovski est encore un des héros de la Moldavie, originaire de cette Bessarabie qui avant la Révolution était une partie de l’Empire russe. Personnage à multiples facettes, comme tous ceux que nous avons évoqué, il devait avoir lui aussi une destinée peu commune.

Grigori Kotovski

Kotovski est né en 1881 dans un petit village de Moldavie. Il était originaire d’une famille modeste, son père était un Polonais russifié et sa mère Russe. Sa famille autrefois prospère avait été ruinée, le père de Kotovski était un simple ingénieur mécanicien. Il avait perdu sa mère très tôt et son père à l’âge de 16 ans, son éducation avait ensuite été assurée par sa marraine, Sofia Chall, la fille d’un ingénieur belge. Ce dernier se met en quatre pour le jeune Kotovski, payant sa pension dans une école d’agronomie. Il y apprend l’allemand destiné à faire des études supérieures en Allemagne, mais la mort de son protecteur en 1902 bouleverse ces beaux projets.

Ayant fait la connaissance de socialistes-révolutionnaires et faute de ressources, il doit arrêter ses études, il devient voleur, se présente dans diverses propriétés de la région comme régisseur ou intendant, mais il ne reste pas longtemps en place, chassé pour ses petites rapines. En 1904, il s’empare de l’argent de son patron et s’enfuit. Il devient un bandit redouté, terrorisant la Bessarabie et se taillant une réputation de détrousseur. La même année, alors que la guerre russo-japonaise vient d’éclater, il ne se présente pas au bureau de recrutement, et il est déclaré insoumis. Il finit par être arrêté en 1905 et envoyé dans un régiment à Kostroma. Il déserte promptement et organise une bande de pillards s’attaquant aux grandes propriétés, et aux bourgeois.

Sa façon d’agir, le rend célèbre, les paysans lui accordent son aide. Il échappe longuement aux poursuites, finalement arrêté le 18 janvier 1906 et condamné à une très légère peine de 6 mois de prison dont il s’acquitte. Mais à sa sortie de prison, à Chisinau, il récidive immédiatement et il est de nouveau arrêté le 24 septembre. Au début de 1907, il est condamné à 12 ans de bagne, et envoyé dans diverses prisons de Russie. En 1911, il se trouve au bagne de Nertchinsk, servant comme chef d’équipe à la construction du chemin de fer. Pensant être amnistié à l’occasion du 300e anniversaire de la Maison des Romanov, il doit déchanter et s’évade en 1913.

Il retourne immédiatement en Bessarabie où il organise une nouvelle bande de cambrioleurs, qui est particulièrement active au début de 1915. Il se spécialise dans les attaques de banques et à la faveur des désordres de la guerre, dévalise plusieurs établissements, notamment celui de Bendery qui lance à sa poursuite toutes les forces de l’ordre de la région. Il est traqué et la Police le cerne le 25 juin 1916, elle donne l’assaut. Il est grièvement blessé d’une balle à la poitrine et envoyé devant un tribunal militaire à Odessa. Ce dernier le condamne à la peine de mort, mais les événements vont en décider autrement. Il obtient sa grâce en écrivant à la femme du général en chef, Broussilov. Alors qu’il croupit en prison, la nouvelle de la Révolution de février 1917, atteint Odessa.

Dans la ville marquée par la Révolution de 1905, l’anarchie règne. Les prisonniers finissent par autogérer leur prison, et une large amnistie est proclamée. En mai 1917, en échange de sa liberté, il accepte d’être envoyé sur le front roumain. Dès le mois d’octobre, il est récompensé pour un fait de guerre et décoré de la Croix de Saint-Georges. Il sert dans le 136e régiment d’infanterie de Taganrog où il peut déployer son activité politique et ses talents d’agitateur. C’est un anarchiste convaincu. Le parallèle avec Micha le Japonais est curieux, ils se sont d’ailleurs connus en prison.

Il rejoint vite les Bolcheviques, dès novembre 1917, et il est élu dans le comité des soldats de la 6e armée. Il n’hésite pas à déserter avec tout un détachement pour se rallier aux révolutionnaires bolcheviques et devient le chef d’une troupe contrôlant les abords de Chisinau. Mais ces premiers succès sont vite annihilés par l’arrivée des Allemands et des Austro-Hongrois qui mettent en déroute les armées de Lénine. En janvier 1918, il évacue Chisinau avec son détachement de cavalerie, alors qu’au mois de mars, la République soviétique d’Odessa était liquidée par les troupes allemandes, le nationalisme ukrainien embrase le pays. Son détachement est décimé, il est fait prisonniers plusieurs fois par les blancs qui le relâchent. Ils auront à le regretter !

Ayant choisi le parti des bolcheviques, il doit faire face également aux anarchistes, de l’Armée de Nestor Makhno, qui écrasent sa bande. En mai 1918, vaincu il arrive à Moscou, alors complètement inconnu. Il n’y végète pas longtemps, et retourne promptement à Odessa où les révolutionnaires ont repris possession de la ville. Il y retrouve Micha le Japonais qui après un coup d’état dans la pègre, prend le contrôle des bandits de toute la région. Le 5 avril 1919, alors que les blancs et les Français s’emparent de la ville, il participe avec Micha à l’évacuation d’un trésor en argent et bijoux entassé dans la Banque nationale… trésor qui chargé dans trois camions disparaît dans la nature sans que nous sachions, même à l’heure actuelle ce qu’il devînt.

monument de Kotovski à Chisinau

En juillet 1919, il est commandant de la 2e brigade de la 45e division d’infanterie, c’est à cette époque qu’il participe à la liquidation de « son ami » Micha le Japonais. En novembre, Petrograd étant menacée, il est envoyé avec sa brigade de cavalerie à sa rescousse. Le long voyage a dégradé et décimé son unité, il tombe malade d’une inflammation des poumons. Il poursuit toutefois la guerre, à la tête des cavaliers rouges de la 45e division puis de la 17e division de Cavalerie en décembre 1920. Il sert en 1920 et 1921, contre les Polonais et les indépendantistes ukrainiens de Petlioura. Il est nommé général du 2e corps d’armée de Cavalerie en octobre 1922. Le bandit bessarabien avait fait du chemin !

Il poursuit sa carrière militaire et politique, avant de trouver la mort le 6 août 1925, une mort qui est toujours sujette à caution. La thèse principale est son assassinat par un certain Meyer, dit « le petit Major », aide de camp du Japonais qui aurait ainsi vengé son ancien chef. D’autres affirment qu’il s’agissait d’un crime passionnel. Quoi qu’il en soit, son meurtrier fut condamné en août 1926 à 10 ans de prison. Ancien bandit de la pègre, l’endroit familier ne le retiendra pas longtemps, il est libéré pour bonne conduite dès 1928, son destin le rattrape un jour de l’automne 1930, où il est liquidé par trois cavaliers vétérans de la brigade Kotovski…

Kotovski en tant que héros de l’Armée Rouge fait l’objet de funérailles publiques, son corps est transporté en train jusqu’à Odessa, les drapeaux mis en berne. Il est enterré dans un mausolée en grande pompe. En 1940, la cession de la Bessarabie par la Roumanie à l’URSS, donna lieu à une nouvelle tragédie autour de Kotovski. Un des policiers encore qui avait mis la main sur lui en 1916, est arrêté et exécuté… même mort il restait étrangement dangereux ! Son repos éternel fut à nouveau troublé par la destruction de son mausolée par les troupes d’occupations de l’Axe le 6 août 1941. Le monument fut rétabli en 1965, le général rouge était entré dans la légende.

Article de Laurent Brayard rerpis sur le site http://french.ruvr.ru/2012_11_01/93145686/

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