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La peintre Natalia Plămădeală : « Le parfum de l’herbe coupée est partout le même »

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Natalia Plămădeală, peintre d’origine moldave née à Chisinau, a décidé à un moment donné de s’installer en France. Pourquoi ? Quels projets avait-elle à l’époque ? Les a-t-elle réalisés ?

« Je n’avais pas de projets précis, mais j’avais un rêve, raconte Natalia. J’étais très naïve et c’est justement ma naïveté qui m’a sauvée. Une fois arrivée en France, j’allais avec mon rouleau de toiles d’une galerie à l’autre pour montrer mes peintures. J’ai traversé toute la ville de Paris et je me suis présentée dans des dizaines de galeries.

Finalement, dans la Place des Vosges, je suis tombé sur quelqu’un qui a apprécié mes ouvrages. C’était Daniel Lasnon que j’ai connu dans la Galerie de la Place qui avait une antenne à Tour et une autre à Strasbourg. Il a minutieusement contemplé mes peintures, les rapprochant d’une source de lumière. « Elles sont merveilleuses, m’a-t-il dit, mais je n’ai pas de place ». Toutefois, il en a choisi une, me disant : « Cette toile, présentez-la au Salon d’Automne ». J’ai suivi son conseil. Mon tableau a été exposé dans le cadre du Salon et… on l’a volé ! Six tableaux ont été volés, y compris le mien, et n’ont jamais été retrouvés, malgré l’enquête qui a été menée. Toutefois, cet épisode m’a fait beaucoup de publicité et je n’ai jamais plus eu de problèmes à faire exposer mes ouvrages dans une galerie ».

Le premier automne à Paris

Daniel Lasnon, qui a été le premier à apprécier ses peintures à Paris, l’a invitée, en septembre 1992, à exposer ses toiles dans la Galerie de la Place. Puis, ses peintures ont été exposées dans la Place des Vosges. Avec l’argent gagné, Natalia s’est acheté des matériaux, des châssis, de la toile, des couleurs.

Grâce à une copine qui l’a menée à Périgueux, Natalia a connu Catherine Lapeyrière avec qui elle a eu une longue collaboration. Elle a appris le métier de galeriste et aidait Catherine Lapeyrière à monter des expositions à Périgueux, Limoges, Cahors, Brantôme – des villes de rêve, considère-t-elle.

Guidée par de grands maîtres

Natalia Plămădeală est une proche de la famille des remarquables peintres moldaves - Glebus Sainciuc et Valentina Rusu-Ciobanu, tante de Natalia. Elle considère que c’est à Glebus Sainciuc qu’elle doit le fait d’être devenue peintre. Quand elle était élève, après les leçons, elle ne rentrait pas chez elle, mais allait dans l’atelier du peintre. « Tout ce qu’il disait et tout ce qu’il faisait émanait de la chaleur et de la lumière. Des portraits, des masques, des bagatelles - tout était imprégné d’un humanisme et d’une universalité profonds. Glebus Sainciuc m’a appris que l’essentiel est de tout faire avec amour, d’aimer les gens, de savoir les écouter, d’être attentif et ouvert », se rappelle Natalia.

Au fil des années, Natalia a abordé des sujets très variés, tout en restant fidèle à elle-même et en gardant son identité artistique. Deux choses l’intéressent surtout dans la peinture : la lumière et le rythme.

« Je pense à la terre »

En 2012, avec sa fille Mărioara, Natalia a créé à Bruxelles l’Association « Je pense à la terre ». Dans la Maison du Charbonnier, située dans une ruelle datant du 14e siècle, elle a ouvert sa propre galerie – la Galerie de la Senne qui évoque le nom de la Senne, la rivière qui traversait autrefois cette zone de Bruxelles.

Natalia organise régulièrement des expositions et des ateliers. Tous les mois de décembre, elle organise une exposition pour rendre hommage à Constantin Brâncuși. Elle s’acharne à établir un lien entre le patrimoine artistique et celui écologique. Par exemple, les artistes invités sont provoqués à s’imaginer comment le grand artiste aurait créé un arbre de Noël s’il vivait aujourd’hui. La Colonne de l’Infini présentée à cette exposition-hommage est verte et elle s’agrandit à chaque nouvelle édition quand un nouveau segment est ajouté.

Natalia Plămădeală a participé à de nombreuses expositions internationales, dans diverses villes du monde. A mentionner dans ce contexte sa participation à l’exposition « Opéra Lumières et Couleurs » déroulée au Cirque Royal quand ses peintures ont été incluses dans la sélection nationale de France.

A présent, son atelier est à Bruxelles. Ses enfants habitent New York. Elle a toujours la nostalgie de la ville natale.

« Traduit mot-à-mot du japonais, le mot « art » veut dire « l’odeur de l’herbe fraîchement coupée ». La terre est grande, mais le parfum de l’herbe coupée est partout le même », constate Natalia.

D’après un entretien avec Irina Nechit publié sur https://gazetadechisinau.md/2020/09/07/am-ramas-aceeasi-cu-sevaletul-sub-pomul-vietii/

Le 12 septembre 2020

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